Caféiculture : le pays doit rajeunir ses plantations

Dans le cadre de la politique nationale de relance caféière, l’impératif est de rajeunir les plantations. En ligne de mire le Tây Nguyên, et plus particulièrement Dak Lak, grande terre caféière s’il en est. Objectif : des caféiers performants et résistants aux maladies.

Lors de la 4e Fête du café 2013, à Buôn Ma Thuôt, province de Dak Lak.

Sur les 561.500 ha de caféiers que compte le Tây Nguyên, plus de 120.000 ha ont plus de 15 - 20 ans, limite d’âge à laquelle les vergers deviennent très peu productifs. Rien qu’à Dak Lak, première province caféière du pays en termes de surfaces, un tiers des 203.500 ha ont dépassé la limite d’âge. Des données de l’Institut des sciences et techniques agricoles et sylvicoles du Tây Nguyên, qui a insisté sur le fait que la continuité de la production ne peut être garantie que par des programmes de rajeunissement et/ou de replantation.

Rajeunissement : des début difficiles

Si les vergers dans la «fleur de l’âge» donnent un rendement moyen de 21 – 23 quintaux par hectare, ceux qui ont dépassé les 15-20 ans fatidiques ne produisent que 1,2 quintal voire moins.

Dans la dernière décennie du XXè siècle, de nombreuses plantations familiales au Tây Nguyên ont procédé à la replantation des vergers sénescents. Néanmoins, faute de techniques et d’expériences suffisantes, les jeunes caféiers n’ont pas dépassé l’âge de deux ou trois ans. En 1996, la Sarl du café Ea Pok, fer de lance du mouvement de rajeunissement des vergers de caféiers, a connu un échec cuisant : ses 12 ha nouvellement replantés ont périclité malgré des conditions climatiques normales. Un manque à gagner important compte tenu de l’investissement de départ colossal (100 millions de dôngs par hectare).

Pour aider les paysans à rajeunir leurs vergers, l’Institut des sciences et techniques agricoles et sylvicoles du Tây Nguyên a envoyé sur place des techniciens chargés de guider les paysans à toutes les étapes de ce travail : travail de la terre, fertilisation, choix des semences, arrosage, insecticides...

Des vergers caféiers modèles

La Sarl Ea Pok a recommencé en 2000 son plan de replantation caféière, cette fois sur 54 ha, à l’aide de nouvelles techniques culturales. Les efforts ont porté leurs fruits : les étendues rajeunies ont donné quelques années après 3,5 quintaux par hectare, un rendement inégalé jusque-là. Forte de ce succès, elle a élargi les superficies rajeunies qui totalisent à présent plus de 100 ha.

La province de Dak Lak a débuté son plan de rajeunissement qui vise d’ici 2020, plus de 65.355 ha de caféiers.

Sur le total de 20.000 ha de caféiers de la Compagnie générale du café du Vietnam, 11.000 ha ont dépassé les 15-20 ans. Ces dernières années, elle a replanté avec succès 1.400 ha. La province de Dak Lak a débuté son plan de rajeunissement, d’ici 2020, de plus de 65.355 ha.

À Buôn Ma Thuôt, un verger caféier modèle a fait son apparition, sous le patronage conjoint du Comité populaire municipal, du Département de protection végétale, de l’Institut des sciences et techniques agricoles et sylvicoles du Tây Nguyên, de la Sarl Dak Man Vietnam et de la Compagnie par actions de protection végétale d’An Giang.

Réalisé de 2013 à 2016 avec un investissement de 4 milliards de dôngs provenant des caisses de l’État, ce champ modèle s’étend sur 40 ha dans la commune de Hoa Thuân. Les 59 foyers paysans participant sont formés aux avancées scientifiques et technologiques, ce qui permet d’élever les rendements et la qualité de la production. 


Buôn Ma Thuôt, futurecapitale mondiale du café ?


Créer une «capitale mondiale du café» à Buôn Ma Thuôt est un projet ambitieux de la compagnie caféière Trung Nguyên, qui ambitionne de trouver un nouveau modèle de développement durable pour le café de Dak Lak et du Tây Nguyên plus largement. L’idée a été présentée fin 2009. Plusieurs séminaires s’en sont suivis, à Hanoi et Buôn Ma Thuôt, où scientifiques, chercheurs et économistes, vietnamiens et étrangers, ont discuté de la faisabilité d’un tel projet. Au-delà de l’aspect socio-économique (création d’emplois, rentabilité), le projet de Trung Nguyên dévoile une grande ambition, celle de créer une marque vietnamienne connue à l’international.
Déjà, l’image d’une «capitale mondiale du café» s’esquisse. Le projet se matérialise progressivement, avec par exemple l’apparition des «Fermes caféières vertes et amicales à l’environnement», d’un «Village du café», d’un «Musée mondial du café», d’un «Musée culturel des ethnies du Tây Nguyên» et d’usines de transformation à la pointe de la technologie.

Nghia Dàn/CVN

 

 

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