>>Le village du café Trung Nguyên
>>Caféiculture : le pays doit rajeunir ses plantations
Le Tây Nguyên compte plus de 561.500 hectares de caféier, soit 92% du total national. |
Au Vietnam, qui dit café, dit Tây Nguyên. Les immenses plantations de caféiers s’étendant à perte de vue font la particularité de cette haute région qui compte cinq provinces : Dak Lak, Dak Nông, Lâm Dông, Gia Lai et Kon Tum. Son sol basaltique fertile a permis au pays d’être devenu le 2e exportateur mondial de café. Une place qu’il conserve depuis quatre années.
Annuellement, le Vietnam exporte plus de 1,2 million de tonnes de café brut pour une valeur de 2,7 milliards de dollars. Le café est désormais l’un de ses premiers produits d’exportation.
Au royaume du café
Le Tây Nguyên compte plus de 561.500 hectares de caféiers, soit 92% du total national, principalement de la variété Robusta (plus résistante, productive et riche en caféine). Les caféiers se concentrent à Dak Lak (avec 203.500 ha), Lâm Dông (153.500 ha) et Dak Nông (114.000 ha). D’une production annuelle de 1,3 million de tonnes de grains et plus, le Tây Nguyên est à juste titre surnommé «le royaume du café».
Depuis des décennies, cette filière joue un rôle très important dans le développement socio-économique local. Économiquement, elle rapporte gros (vente dans le pays et exportation). Socialement, elle fait vivre des millions de travailleurs (culture, cueillette, transformation, écoulement …).
Autrement dit, des centaines de milliers de foyers locaux vivent directement ou indirectement de cette «plante industrielle».
La province de Dak Lak présente toutes les conditions favorables pour le développement durable de sa filière caféière, que ce soit les conditions pédoclimatiques, géographiques ou le style de vie des locaux. Car, outre ses vastes plantations de caféiers, la province abrite une importante population dont la vie est étroitement liée au café.
Séchage du café. |
Comme d’autres plantes agricoles, le caféier voit son rendement dépendre grandement du climat qui est, comme chacun sait, des plus capricieux au Vietnam. Si la sècheresse dure longtemps, le caféier peut ne pas produire de fruits, faute d’eau ; s’il y a des gelées blanches l’hiver, il ne donnera que des grains creux. Fortement influencé par les aléas climatiques, les plantations n’ont qu’un rendement moyen de 21 – 23 quintaux par hectare.
Mauvaises récolteset causes
Ces dernières années, les mauvaises récoltes se sont succédées. Selon les scientifiques, la première cause est le mode de production. En effet, 85% des surfaces caféières sont de petites exploitations (exploitations familiales) avec comme corollaire une production de petite envergure, des investissements modiques, des techniques arriérées… L’application des progrès scientifiques et technologiques, pour une hausse des rendements et de la qualité, y est difficile voire impossible.
L’eau constitue aussi une cause importante. L’arrosage dépend essentiellement des pluies. Les sécheresses, de plus ne plus marquées, font avorter les fruits voire dépérir les plantes. La situation devrait s’aggraver en raison du changement climatique qui se traduit, entre autres, par une exacerbation des phénomènes climatiques (radicalisation du climat).
Une autre cause non moins importante : la «sénescence» de nombreux caféiers. Normalement, le caféier ne produit qu’avant 15 – 20 ans. Selon l’Institut des sciences et des techniques agricoles et sylvicoles, dans l’ensemble du pays, 86.000 ha (soit 15% de la superficie nationale) des surfaces caféières du pays ont dépassé les 20 ans et 140.000 ha (25%) ont de 15 à 20 ans. Au Tây Nguyên, 120.000 ha ont dépassé l’âge de production.
Le rajeunissement des plantations est donc un impératif, selon des experts. Déjà, des projets sont déployés, selon une décision de 2013 du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Les résultats se feront sentir dans les années à venir.
«Le meilleur café du monde», dixit l’Oncle Hô
Nghia Dàn/CVN