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Photo non datée du nouveau télescope solaire Daniel K. Inouye, sur l'île hawaïenne de Maui, à Hawaii. |
Le Soleil est une boule de plasma (gaz porté à très haute température), observée depuis des siècles depuis la Terre et des décennies avec des satellites. Mais la résolution des images était limitée: un télescope spatial japonais, Hinotori, avait par exemple une ouverture de 50 cm. Le nouveau télescope solaire Daniel K. Inouye, sur l'île hawaïenne de Maui, a une ouverture de quatre mètres, le plus grand miroir du monde pour un télescope solaire.
"Ces images ont la plus haute résolution jamais obtenue", dit Thomas Rimmele, le directeur du télescope de 344 millions de dollars, depuis Boulder, où est basé le National Solar Observatory, une institution publique américaine.
"On peut désormais voir des structures dont on soupçonnait l'existence, sur la base de modèles informatiques, mais qu'on ne pouvait pas voir car nous n'avions pas assez de résolution", dit cet astronome allemand de bientôt 60 ans, arrivé aux États-Unis comme post-doctorant et qui a rejoint le projet il y a 25 ans, avant d'en devenir le directeur.
Sur les images et les vidéos publiées mercredi 29 janvier, on voit comme des bulles grossir et monter à la surface avant de changer de couleur. Ce sont des bulles de plasma en train de chauffer et de refroidir. Chaque cellule, sur l'image, est environ de la taille de la France. Le plus gros plan publié représente une partie du Soleil de 8.200 km sur 8.200 km.
Après neuf ans de construction, le télescope a été allumé le 10 décembre, se souvient le directeur. "C'était très émouvant, j'étais très heureux".
"C'est le travail de ma vie", raconte Thomas Rimmele.
Puisque le télescope concentre la lumière du Soleil sur une petite surface sous son dôme, la température monte à des niveaux extrêmes. "Si on y mettait du métal, il fondrait très vite", selon lui. Un bâtiment entier a été construit pour des équipements de refroidissement, dont une "piscine de glace".
Couronne et taches
Il reste six mois de construction pour installer des instruments supplémentaires. Le véritable Graal scientifique : mesurer les champs magnétiques dans l'atmosphère du Soleil, et notamment dans la couronne solaire, sa partie la plus externe qu'on distingue pendant une éclipse.
Thomas Rimmele explique : les champs magnétiques gouvernent les éruptions solaires, des libérations soudaines d'énergie et de particules qui peuvent atteindre la Terre et créer des pannes du réseau électrique, d'équipements électroniques ou de satellites GPS. Cela arrive régulièrement.
Les observations en haute définition du télescope aideront à établir la physique fondamentale de ces champs magnétiques, afin de créer des modèles de prédiction : une "météo spatiale", qui permettrait d'anticiper les tempêtes solaires afin d'éteindre les équipements vulnérables.
Le télescope est inauguré à un moment passionnant pour les astronomes : le Soleil s'apprête à entrer dans un nouveau cycle de 11 ans, et commencer à produire de nouvelles taches solaires.
Actuellement, le cycle est à son minimum donc aucune tache n'est visible.
"L'objectif est de publier le gros plan d'une tache solaire de la plus haute résolution jamais réalisée", dit Thomas Rimmele.
Et comme le télescope enregistre 30 images par seconde, pendant des heures, il y aura aussi des films de ces taches.