Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen prend de l'ampleur

Le scandale de tricherie sur les émissions polluantes de Volkswagen s'est étendu mardi 3 novembre avec la découverte d'"irrégularités" sur le niveau de CO2 de 800.000 véhicules, et l'annonce que Porsche suspendait la vente des modèles diesel de son 4x4 Cayenne aux États-Unis et au Canada.

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La filiale nord-américaine de Porsche a annoncé mardi soir 3 novembre qu'elle cessait de vendre les Cayenne diesel des années modèle 2014 à 2016 "jusqu'à nouvel ordre", au lendemain d'accusations "inattendues" de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), selon lesquelles ces voitures auraient été équipées de logiciels truqueurs.

"Nous travaillons intensément à résoudre ce problème dès que possible", a-t-elle ajouté, sans commentaire sur le fond des accusations.

Matthias Mueller, Pdg de Volkswagen, le 21 octobre à Wolfsbourg.
Photo : AFP/VNA/CVN

Colosse aux 12 marques et 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, le numéro deux mondial de l'automobile a annoncé par ailleurs en Allemagne avoir découvert "au cours d'enquêtes internes, des incohérences inexpliquées concernant la mesure des niveaux de CO2", le dioxyde de carbone.

Le niveau d'émissions mentionné s'est révélé trop bas par rapport à ce qu'il aurait dû être. Cette nouvelle affaire concerne selon une première estimation environ 800.000 véhicules essentiellement diesel, des marques VW, Skoda, Audi et Seat. Et, pour la première fois, un moteur essence est également concerné.

Le groupe a décidé de passer en revue toutes ses différentes procédures sur les moteurs diesel, après l'éclatement fin septembre d'un scandale portant sur l'installation d'un logiciel faussant les résultats des tests anti-pollution sur onze millions de véhicules. Ce logiciel servait à masquer le niveau réel d'émission d'oxydes d'azote (NOx), polluants atmosphériques toxiques, et non de dioxyde de carbone comme c'est aussi désormais le cas.

Risques financiers en hausse

Pour l'heure, les risques financiers de ces nouvelles irrégularités pour le constructeur sont évalués "à environ deux milliards d'euros". Cela vient s'ajouter aux 6,7 milliards d'euros de provisions pour faire face aux premières conséquences et engager le gigantesque rappel des véhicules équipés du logiciel truqueur incriminé.

"Depuis le début, je me suis engagé à ce que nous expliquions les événements complètement et sans ménagement. Rien ni personne ne nous arrêtera. C'est un processus douloureux, mais il n'y a pas d'autre alternative", a déclaré dans le communiqué Matthias Müller, qui a pris les rênes du groupe en septembre après l'éviction de Martin Winterkorn quand l'affaire des moteurs truqués a émergé.

La direction de Volkswagen a promis mardi 3 novembre de "commencer immédiatement à discuter avec les autorités concernées des conséquences" du volet CO2 du scandale, tandis que son conseil de surveillance a exprimé son "inquiétude" suite aux nouvelles révélations.

Le scandale des moteurs truqués avait déjà connu un nouveau rebondissement lundi 2 novembre lorsque l'EPA, qui avait la première révélé la tricherie, a accusé le groupe allemand d'avoir violé les normes d'émission de gaz polluants également avec des moteurs diesel 3 litres des marques haut de gamme Audi et Porsche.

Le groupe allemand avait aussitôt rejeté ces nouvelles accusations, tout en se disant prêt à "coopérer pleinement" avec les autorités américaines.

Jusqu'alors la tricherie initiale sur le niveau d'émission d'oxydes d'azote n'était avérée que pour de plus petits moteurs, de 1,2, 1,6 et 2 litres, et ne concernait aux États-Unis que les marques VW et Audi.

"Il s'agit évidemment d'une mauvaise nouvelle pour Volkswagen", a réagi mardi 3 novembre Holger Schmidt, analyste d'Equinet, "dans la mesure où cette dernière accusation inclut également Porsche".

Or le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, qui a pris les rênes au pied levé après le début du scandale, était précédemment à la tête de Porsche et "a dû avoir connaissance de ce problème, même si cela reste encore à prouver", avance l'analyste.

Selon l'EPA, au moins 10.000 véhicules seraient concernés aux États-Unis par les nouveaux soupçons.

AFP/VNA/CVN

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