Le retrait américain d'Afghanistan achevé le 31 août, annonce Biden

Joe Biden a défendu jeudi 8 juillet le retrait des troupes américaines d'Afghanistan en affirmant qu'il n'était "pas inévitable" de voir le pays tomber aux mains des talibans, malgré les combats faisant rage dans le Nord-Ouest du pays entre l'armée régulière et les insurgés.

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Joe Biden lors d'un discours sur le retrait des troupes américaines d'Afghanistan, le 8 juillet à la Maison Blanche.
Joe Biden lors d'un discours sur le retrait des troupes américaines d'Afghanistan, le 8 juillet à la Maison Blanche.
Photo : AFP/VA/CVN

"Notre mission militaire en Afghanistan s'achèvera le 31 août", a déclaré le président américain lors d'un discours à la Maison Blanche.

S'il avait fixé au départ la date butoir du 11 septembre, l'armée américaine a déjà accompli à plus de 90% son retrait d'Afghanistan, où les insurgés multiplient en parallèle les offensives.

Jeudi 8 juillet, talibans et forces afghanes se sont affrontés pour le deuxième jour consécutif à Qala-i-Naw. D'épais nuages de fumée noire s'élevaient au dessus de cette capitale provinciale dans le Nord-Ouest de l'Afghanistan.

Les autorités afghanes ont "la capacité" d'assurer la continuité du gouvernement, a néanmoins affirmé Joe Biden aux journalistes, après une réunion avec son équipe de sécurité nationale.

Catégorique, il a rejeté l'idée que ses propres services avaient prévu l'effondrement du gouvernement : "Cela n'est pas vrai".

Le soutien américain au peuple afghan "va perdurer" malgré ce départ, s'est-il engagé, promettant aux interprètes de l'armée américaine, menacés de représailles pour avoir aidé les forces étrangères, qu'ils trouveraient "une place" aux États-Unis.

Étape compliquée

"Le plus tôt sera le mieux pour le départ des troupes américaines et étrangères", a réagi auprès de l'AFP Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans.

Cartes montrant l'évolution des zones de contrôle du territoire afghan par le gouvernement ou les talibans, d'avril à juillet.
Cartes montrant l'évolution des zones de contrôle du territoire afghan par le gouvernement ou les talibans, d'avril à juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le pays traverse "l'une des étapes les plus compliquées de la transition", avait affirmé plus tôt jeudi 8 juillet le président afghan Ashraf Ghani.

Mais "le pays peut être contrôlé", a-t-il assuré dans un discours, confiant dans la capacité de son gouvernement à gérer la crise.

À Londres, le Premier ministre Boris Johnson a le même jour annoncé que la plupart des soldats britanniques avaient désormais quitté l'Afghanistan, dans le cadre du retrait des forces de l'OTAN qui s'effectue en parallèle à celui des Américains.

Le gouvernement afghan a envoyé par hélicoptère des centaines de groupes dans la province de Badghis pour contrer cette offensive talibane, la première contre une capitale provinciale depuis le début de la dernière phase du retrait des troupes américaines.

"Les talibans sont toujours dans la ville", a déclaré Aziz Tawakoli, un habitant de Qala-i-Naw, capitale de Badghis, précisant que presque la moitié des résidents ont fui.

Les insurgés se sont emparés depuis mai de vastes portions rurales du territoire et rapprochés de plusieurs grandes villes. Et mercredi 7 juillet, ils sont entrés dans cette ville d'environ 75.000 habitants.

Selon Abdul Latif Rostaee, directeur de la santé de la province de Badghis, au moins dix civils blessés ont été amenés à l'hôpital de la ville depuis jeudi matin 8 juillet.

"Les talibans ont repris leurs attaques dans plusieurs parties de la ville", a indiqué à l'AFP Hessamuddin Shams, gouverneur de la province de Badghis, assurant cependant que "l'ennemi est en train d'être repoussé et s'enfuit."

Femmes "inquiètes"

"En tant que femmes, nous sommes très inquiètes (...) Si les talibans restent dans la ville, nous ne pourrons plus travailler et nous allons perdre tous les progrès en matière de droits des femmes", a raconté Parisila Herawai, une militante de Qala-i-Naw.

Zia Gul Habibi, un membre du Conseil provincial de Badghis, a fait état de combats "sporadiques" dans la ville.

"Certains membres des forces de sécurité qui ont rejoint les talibans les aident et les guident", a-t-il déploré.

Mercredi 7 juillet, les insurgés avaient libéré des centaines de détenus de la prison de la ville.

Sur Twitter, le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman, a déclaré que "de nouveaux commandos sont arrivés à Badghis la nuit dernière et vont lancer une opération de grande envergure".

"Plus longue guerre de l'Amérique"

Selon un responsable sécuritaire, l'offensive a également "affecté les provinces voisines" dont celle d'Herat, frontalière de l'Iran, où un district frontalier de Badghis est tombé aux mains des insurgés dans la nuit.

Des responsables locaux et les insurgés ont affirmé qu'en tout, deux districts de Herat ont été pris dans la nuit.

Les talibans ont expulsé des personnes de leur domicile et pillé ou incendié certaines habitations, d'après Human Rights Watch.

Dans l'espoir de relancer des négociations entre les deux camps, une réunion entre des représentants talibans et une délégation du gouvernement afghan s'est terminée jeudi 8 juillet à Téhéran, selon l'agence de presse publique iranienne (IRNA).

Si les deux camps ont appelé à une fin des combats et plus de discussion, les pourparlers officiels entre Kaboul et les insurgés, débutés en septembre 2020 à Doha, sont quant à eux au point mort.

"Nous mettons fin à la plus longue guerre de l'Amérique" déclenchée après les attentats du 11 septembre 2001, a souligné Joe Biden jeudi 8 juillet, en martelant : "Je n'enverrai pas une autre génération d'Américains combattre en Afghanistan".


AFP/VNA/CVN

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