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Le prince héritier Mohammed ben Salmane (gauche) reçoit à Ryad le président français Emmanuel Macron, le 9 novembre 2017. |
La visite officielle de 48 heures, lundi 9 avril et mardi 10 avril à Paris, intervient après un voyage de plusieurs semaines aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Égypte, où celui qu'on surnomme "MBS" a courtisé les chefs d'entreprises et signé une multitude d'accords pour favoriser les investissements dans son pays.
Pour le président Emmanuel Macron, il s'agit d'une visite délicate car les résultats concrets ne seront peut-être pas à la hauteur du "nouveau partenariat stratégique" souhaité entre les deux pays, alors que MBS privilégie la relation avec Washington.
À Paris, l'accent sera mis sur la culture, le tourisme, les investissements d'avenir et les nouvelles technologies. Mais l'Iran, le Liban et la guerre au Yémen feront l'objet de discussions, certainement franches, entre les deux jeunes dirigeants, estiment des experts.
"Il ne s'agit pas d'une visite d'État traditionnelle", affirme à l'AFP une source proche de la délégation du prince héritier. "Il s'agit de forger un nouveau partenariat avec la France, et pas seulement de courir après des contrats". Même son de cloche à l'Élysée où on parle de "nouvelle coopération" avec "une vision commune".
Plus d'une douzaine de protocoles d'accord dans les domaines du tourisme, de l'énergie et des transports doivent être signés, indique une autre source proche de la délégation saoudienne. Un accord de coopération pour le développement d'Al Ula, où se trouvent d'importants vestiges archéologiques, doit être aussi annoncé.
"Scepticisme durable"
La première visite en France du prince Mohammed en tant qu'héritier du trône intervient après une période tumultueuse qui a vu des remaniements dans l'armée, des arrestations et une purge au sein même de la famille royale ayant abouti à une consolidation du pouvoir de MBS, 32 ans.
Sa tournée mondiale vise à "gagner une reconnaissance en tant que leader de facto et prochain roi d'Arabie saoudite", estime Bernard Haykel, professeur à l'Université de Princeton (États-Unis).
"C'est un signal qu'il a la situation en main et peut quitter le pays pendant des semaines sans que son autorité ne soit remise en cause", explique-t-il.
MBS a profité de sa tournée pour parler de ses réformes, y compris l'autorisation accordée aux femmes de conduire, la réouverture des cinémas et l'organisation de concerts mixtes, après avoir clamé qu'il souhaitait pour son royaume un islam "modéré" et "tolérant".
Le problème, c'est qu'il y a "peu de sympathie sincère pour l'Arabie saoudite en Occident", note Kristin Diwan de l'Arab Gulf States Institute à Washington, en prédisant un "scepticisme durable" malgré les réformes.