Le président bolivien Evo Morales a envisagé le 4 juillet "la fermeture, si nécessaire" de l'ambassade des États-Unis à La Paz. |
"Nous allons étudier, si cela s'avérait nécessaire, la fermeture de l'ambassade des États-Unis en Bolivie. Nous n'avons pas besoin d'une ambassade des États-Unis", a affirmé M. Morales à Cochabamba.
"Ma main ne tremblerait pas pour fermer l'ambassade des États-Unis, nous avons notre dignité, notre souveraineté, sans les États-Unis nous nous sentons mieux politiquement, démocratiquement", a déclaré Morales, qui a expulsé l'ambassadeur des États-Unis en Bolivie en 2008, puis la principale agence antidrogue américaine (DEA) début 2009, au motif qu'ils s'immisçaient dans la vie politique bolivienne. Un chargé d'affaires occupe actuellement les fonctions d'ambassadeur des États-Unis à La Paz.
Soutien à Morales et indignation à la réunion de l'Unasur
Les alliés traditionnels de la Bolivie dans la région se sont réunis le 4 juillet pour apporter leur soutien au président Evo Morales au lendemain d'un retour de Russie émaillé d'incidents et exprimer leur indignation.
L'avion de M. Morales a dû faire une escale forcée en Autriche, après que plusieurs pays européens lui eurent refusé le survol de leur espace aérien, soupçonnant la présence à bord de l'ancien consultant pour le renseignement américain, Edward Snowden, recherché pour espionnage par les États-Unis.
Réunion des présidents de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), le 4 juillet à Cochabamba (Bolivie). |
"Si ce qui s'est passé ne justifiait pas une réunion des chefs d'État de la région, qu'est-ce qui la justifierait", s'est exclamé le président d'Équateur, Rafael Correa, en arrivant à Cochabamba (au sud-est de La Paz) où plusieurs présidents de la région étaient présents.
Pour sa part, le président vénézuélien Nicolas Maduro a affirmé que "l'Europe a brisé toutes les règles du jeu de la coexistence, car elle a attaqué l'immunité internationale qui protège un chef d'État". "Qui s'en prend à la Bolivie s'en prend au Venezuela", a-t-il dit, ajoutant : "Que se passerait-il si un président européen était traité de cette manière en Amérique du Sud ?".
Plusieurs présidents de pays membres de l'Union des nations sud-américaines (Unasur, qui regroupe 12 pays) se sont rendus à Cochabamba pour manifester leur "solidarité" et leur "indignation" face à des actes qui ont "mis en danger la sécurité" de M. Morales et de son entourage, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Pérou, qui exerce la présidence tournante. Cette rencontre "sera une démonstration de l'appui inconditionnel au gouvernement de Bolivie face à cette agression injuste des États-Unis et de ses alliés européens", a indiqué pour sa part le Premier ministre bolivien Juan Ramón Quintana.
La présidente argentine Cristina Kirchner, également présente à Cochabamba, s'est jointe à la condamnation, en demandant "sereinement, mais sérieusement" des excuses publiques de la part des gouvernements européens qui ont interdit temporairement à M. Morales le survol de leur territoire. Plusieurs présidents de l'Unasur manquaient toutefois à l'appel, dont ceux du Brésil, de Colombie, du Pérou et du Chili.
Le président Morales a insisté sur le fait que "les excuses de la part de pays qui ne nous ont pas permis de survoler leur territoire ne suffisent pas". La colère contre les États-Unis et les pays européens persiste dans le pays.
Le consulat des États-Unis à Santa Cruz (Est) a été la cible de jets de peinture rouge par des inconnus qui ont également inscrit sur ses murs des graffitis anti-américains.
La veille, l'ambassade de France à La Paz a été visée par des jets de pierre, ce pays étant l'un de ceux ayant refusé son espace aérien à l'avion présidentiel bolivien.
AFP/VNA/CVN