L’armée égyptienne a renversé le soir du 3 juillet le président islamiste Mohamed Morsi. |
Dès l'annonce, la place Tahrir du Caire où était massée une foule d'opposants a explosé de joie sous les feux d'artifices à l'annonce en soirée de la mise à l'écart de M. Morsi, dans des scènes rappelant la chute du président Hosni Moubarak en février 2011.
"C'est un nouvel instant historique, nous nous sommes débarrassés de Morsi et des Frères musulmans", la confrérie dont il est issu, a lancé un manifestant au milieu d'un cortège d'automobilistes klaxonnant et agitant des drapeaux égyptiens.
Le président déchu, confronté durant sa présidence à une contestation populaire qui a atteint son apogée ces derniers jours, a martelé dans une vidéo qu'il restait "le président élu de l'Égypte" et appelé ses partisans à "défendre" sa légitimité. Le lieu et le moment de cet enregistrement de mauvaise qualité, diffusé après l'annonce de l'armée, n'ont pas été précisés.
L'armée, qui avait donné jusqu'à 14h30 GMT du 3 juillet à M. Morsi pour se plier "aux revendications du peuple", a, à l'expiration de cet ultimatum, annoncé qu'elle confiait la direction du pays au président de la Haute cour constitutionnelle, Adly Mansour, jusqu'à la tenue d'une présidentielle anticipée. Ce dernier doit prêter serment le 4 juillet.
Nouvelles violences
La place Tahrir au Caire à l'issue de l'ultimatum de l'armée égyptienne. |
Craignant de nouvelles violences après celles qui avaient fait 47 morts depuis une semaine, le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, bloquant les voies menant aux rassemblements pro-Morsi, alors que des dizaines de milliers d'opposants étaient massés encore dans la nuit dans la capitale et en province.
Des heurts ont éclaté à Marsa Matrouh (Nord-Ouest), sur la côte méditerranéenne, où quatre partisans de M. Morsi ont trouvé la mort et dix autres ont été blessés en attaquant un bâtiment de la sécurité.
Un proche du président déchu a néanmoins affirmé que ce dernier appelait "les Égyptiens à résister pacifiquement" à ce "coup d'État" qualifié d'"illégal". Les États-Unis, qui avaient réduit leur personnel diplomatique au Caire, ont annoncé l'évacuation de leur ambassade, de crainte d'une recrudescence des violences.
Paris, de son côté, a "pris acte" de la tenue de futures élections, et souhaité que la période qui s'ouvre se déroule dans "le respect de la paix civile (...)".
Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a quant à lui été le premier dirigeant étranger à féliciter M. Mansour, "le président de la République arabe d'Égypte sœur".
Arrestations et interdiction de voyage
Les militaires, qui avaient pris les rênes de l'exécutif durant 16 mois entre la chute de Hosni Moubarak et l'élection de M. Morsi, n'ont pas précisé la durée de cette la période de transition avant la tenue d'élections générales.
L'armée a également suspendu la Constitution, approuvée en décembre par référendum, et annoncé qu'un comité chargé d'examiner les propositions d'amendements constitutionnels serait formé ainsi qu'un gouvernement regroupant "toutes les forces nationales" et "doté des pleins pouvoirs".
Ces annonces ont été faites lors d'une allocution télévisée durant laquelle se sont exprimés le chef de l'armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui apparaît comme le nouvel homme fort du pays, puis les principaux chefs religieux du pays et le représentant de l'opposition Mohamed ElBaradei.
Le groupe a mené dans la journée des tractations pour parvenir à cette "feuille de route", qui, selon M. ElBaradei, "répond aux revendications du peuple".
Devant le ministère, des milliers de personnes scandaient "Égypte, Égypte!", criant leur joie après l'annonce de l'armée.
Des milliers de pro-Morsi étaient de leur côté toujours massés au Caire sur la place Rabaa al-Adaouiya, dans le faubourg de Nasr City. "Morsi a été trahi, c'est un coup d'État contre un président élu", a lancé l'un d'eux.
AFP/VNA/CVN