Le président français obtient des banques un malus pour les traders

Le système de malus pour les traders provoquant des pertes, prélevés sur leurs bonus différés, a été adopté en France le 25 août à un mois du Sommet du G20.

Le mode de rémunération des traders, les salariés qui travaillent dans les salles de marché, est cité parmi les causes de la crise financière, ayant poussé ces opérateurs à prendre des risques inconsidérés.

Selon le sociologue français Olivier Godechot, ils ont également incité les salariés des back offices, qui contrôlent les risques pris et la conformité des opérations, à fermer les yeux car leur bonus est calculé à partir de l'enveloppe distribuée à la salle de marché.

Face à ce constat, les banques françaises ont pris l'initiative en février d'adopter une série de règles contraignantes qui prévoient notamment de différer dans le temps le paiement d'une partie du bonus afin de vérifier si la contribution du salarié à la performance de la banque a été in fine positive.

Pressées par le président Nicolas Sarkozy qui entend poser la France "en exemple" avant le G20 de fin septembre, elles ont annoncé mardi la mise en place d'un système de malus qui serait retenu sur la part différée des bonus prévus, si un trader a provoqué des pertes entre temps.

Des régulateurs allemand et suisse avaient déjà indiqué envisager ce système de malus.

D'autres mesures, visant à préciser les règles de gouvernance et à renforcer la transparence, ont également été annoncées en France. Les bonus seront soumis au conseil d'administration et les banques devront publier une annexe aux comptes annuels détaillant leur politique et les montants distribués.

Des économistes prônent parallèlement de renforcer la part du bonus versée en actions afin de lier étroitement le destin du salarié à celui de son entreprise.

L'administration Obama, après y avoir été favorable, a finalement renoncé à limiter les rémunérations par la loi.

M. Sarkozy a dit souhaiter que le G20 examinent plusieurs pistes, parmi lesquelles "une limitation globale des bonus distribués en pourcentage des revenus des banques", "une limitation des bonus les plus élevés" et l'instauration d'une "taxe assise sur les bonus distribués dont le produit alimenterait les systèmes de garantie des dépôts".

Pour Romain Rancière, professeur associé à la Paris School of Economics, la manière la plus efficace de réguler les rémunérations est d'exiger des banques qu'elles allouent plus de fonds propres aux activités les plus risquées, celles qui donnent lieu au paiement des plus gros bonus. Cette solution coûteuse pour les banques devrait réduire la prise de risque et donc les bonus qui la récompensent.

AFP/VNA/CVN

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