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Le policier américain Derek Chauvin à l'annonce du verdict le reconnaissant coupable du meurtre de George Floyd, le 20 avril au tribunal de Minneapolis, dans le Minnesota. |
À l'issue de trois semaines d'un procès sous haute tension dans cette ville du nord des États-Unis, les 12 jurés d'origines ethniques diverses, qui délibéraient depuis lundi, ont conclu à la culpabilité de l'accusé sur les trois chefs d'accusation qui le visaient.
Déjà renvoyé des forces de l'ordre, l'agent de 45 ans, masque filtrant sur le visage, n'a pas montré d'émotion particulière à l'énoncé du verdict. Immédiatement menotté, il a été écroué.
Juste avant le verdict, une adolescente noire âgée de 16 ans a été abattue par un policier à Columbus (Ohio), également dans le Nord du pays. Selon la police qui répondait à un appel d'urgence, elle paraissait attaquer une autre personne avec un couteau.
Le juge Peter Cahill prononcera sa sentence dans huit semaines. Derek Chauvin encourt 12 ans et demi de prison mais sa peine pourrait être rallongée si le magistrat conclut à l'existence de circonstances aggravantes.
"Nous avions besoin d'une victoire dans ce dossier, c'était très important et nous l'avons eue", a confié Rodney Floyd, un des frères de George Floyd. "Nous allons peut-être respirer un peu mieux maintenant", a-t-il fait écho à son frère.
Juste avant de mourir à l'âge de 46 ans, George Floyd avait ainsi crié plusieurs fois "Je ne peux pas respirer", une plainte devenu un slogan mondial contre le racisme et les abus des forces de l'ordre.
Des manifestants exultent après l'énoncé du verdict de culpabilité pour Derek Chauvin, le 20 avril à Minneapolis, dans le Minnesota. |
Dans une allocution, Joe Biden a dénoncé le racisme qui "entache" l'âme de l'Amérique. "Le verdict de culpabilité ne fera pas revenir George" mais cette décision peut être le moment d'un "changement significatif", a-t-il ajouté. Le président avait plus tôt téléphoné à la famille de George Floyd.
Poursuivre "le combat"
Barack Obama, premier président noir des États-Unis, a appelé à poursuivre cette "lutte". "On ne peut pas s'arrêter là", a-t-il ajouté dans un communiqué.
L'annonce du verdict a provoqué une explosion de joie parmi une foule de 200 personnes rassemblées devant le tribunal de Minneapolis.
"Cette année a été un tel traumatisme. Désormais, j'espère que l'on pourra panser nos plaies", a affirmé Amber Young au milieu des manifestants.
Les réactions au verdict ont émané de toutes les sphères de l'Amérique, sportives, artistiques ou politiques. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a aussi adressé ses pensées à la famille Floyd.
Dans son réquisitoire lundi 19 avril, après trois semaines de témoignages parfois bouleversants, le procureur Steve Schleicher avait insisté sur la violence de l'acte commis par Derek Chauvin, tel que le montre une vidéo amateur qui a fait le tour du monde.
"C'était un meurtre, l'accusé est coupable des trois chefs d'accusation et il n'y a aucune excuse", avait-il asséné.
L'accusation, qui a fait défiler à la barre plusieurs témoins issus de la police, avait souligné que ce procès n'était pas celui de l'institution mais d'un individu ayant "trahi" son serment de policier.
L'avocat de Derek Chauvin, Eric Nelson, avait au contraire appelé les jurés à prendre en compte le contexte d'une interpellation qui, selon lui, avait dégénéré, avec un suspect d'un gabarit imposant qui résistait à quatre policiers voulant le maîtriser.
Un autre procès
La tension s'était accrue à Minneapolis après la mort le 11 avril d'un jeune homme noir en périphérie de la métropole.
Daunte Wright, un Afro-Américain âgé de 20 ans, a été tué par une policière blanche lors d'un banal contrôle routier. Ses funérailles sont prévues jeudi dans une église de la ville.
Minneapolis s'était déjà embrasée après la mort de George Floyd, et les commerces se sont de nouveau barricadés derrière des planches en bois cette semaine alors qu'un couvre-feu est en place.
Dans la capitale fédérale Washington, les autorités ont mis les forces de l'ordre en alerte. New York, Chicago et Los Angeles ont chacune déployé des renforts de police.
Pour Rodney Floyd, le combat pour la justice va se poursuivre après l'énoncé de la sentence, alors que les trois autres policiers qui avaient participé à l'arrestation doivent être jugés en août pour "complicité".
"Ils doivent être jugés pour les mêmes charges et déclarés coupables des mêmes charges", a-t-il dit .