Le PM espagnol Pedro Sanchez entame une visite historique à Cuba

Le Premier ministre (PM) Pedro Sanchez a entamé jeudi 22 novembre une visite historique à Cuba, la première d'un chef de gouvernement espagnol en 32 ans, destinée à renforcer les liens politiques et économiques avec l'île.

>>Espagne-Cuba: Pedro Sanchez en visite officielle jeudi 22 novemrbe à La Havane

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (gauche) le 16 octobre à Madrid
Photo: AFP/VNA/CVN

Le dirigeant socialiste est arrivé à La Havane peu après 16h00 (21h00 GMT) et doit ensuite rencontrer le président Miguel Diaz-Canel, au pouvoir comme lui depuis moins d'un an, pour signer des accords en matière de culture et d'affaires consulaires. Il a "deux grands objectifs", souligne l'analyste politique Arturo Lopez-Levy, professeur au Collège Gustavus Adolphus, dans le Minnesota (États-Unis): "La promotion directe des intérêts et des valeurs espagnols à Cuba et le renforcement du leadership espagnol dans la relation de l'Europe avec l'Amérique latine, à travers un rôle actif à Cuba".

Depuis Felipe Gonzalez en 1986, aucun dirigeant espagnol n'avait effectué de visite officielle dans ce pays - la dernière colonie d'Amérique latine à avoir quitté le giron de Madrid, en 1898 -, avec lequel les relations sont souvent délicates. Elles ont été particulièrement tendues après l'adoption en 1996 de la "position commune" européenne, liant tout dialogue avec La Havane aux progrès en matière de droits de l'Homme, sous l'impulsion du chef du gouvernement espagnol de l'époque, José Maria Aznar. Désormais le vent a tourné: en novembre 2017 est entré en vigueur un accord de dialogue politique et de coopération entre l'Union européenne et Cuba.

L'UE veut renforcer ses liens avec l'île et occuper le vide laissé par les États-Unis depuis le coup d'arrêt imposé par Donald Trump au réchauffement historique dont son prédécesseur Barack Obama avait pris l'initiative. Ironie du sort, Pedro Sanchez pourrait profiter à Cuba de ce climat apaisé généré par l'UE, à un moment où son pays menace de bloquer l'accord sur le Brexit s'il n'obtient pas un droit de veto sur les négociations futures concernant l'enclave britannique de Gibraltar. "Après ma conversation avec (la Première ministre britannique) Theresa May, nos positions restent éloignées", a-t-il tweeté au moment d'arriver à Cuba. "Mon gouvernement défendra toujours les intérêts de l'Espagne. S'il n'y a pas de changement, nous mettrons notre veto au Brexit", a-t-il ajouté.

La dissidence évitée

À Cuba, le dirigeant espagnol pourrait s'appuyer sur la prochaine adoption d'une nouvelle Constitution, reconnaissant le rôle important des investissements étrangers, pour accentuer la présence économique de l'Espagne. Troisième partenaire commercial de Cuba après la Chine et le Venezuela, avec des échanges de 1,3 milliard de dollars en 2017, l'Espagne se rapproche peu à peu de la deuxième place. Mais si quelque 300 entreprises espagnoles y sont installées, elles sont souvent de taille petite ou moyenne et sont essentiellement présentes dans le secteur du tourisme. La journée de vendredi sera notamment consacrée à un forum bilatéral avec 200 entreprises, dont le géant des télécommunications Telefonica et la compagnie aérienne Iberia.

Cuba, de son côté, a soif d'investissements étrangers: l'île souffre de la débâcle du Venezuela, son principal partenaire et fournisseur de pétrole, et vient de suspendre son programme d'envoi de milliers de médecins au Brésil, qui lui rapportait près de 400 millions de dollars par an, selon une source diplomatique. Des questions épineuses, comme celle des impayés de Cuba à l'égard de l'Espagne et de certaines de ses entreprises, devraient aussi être abordées pendant la visite.

Mais difficile de savoir si Pedro Sanchez osera évoquer un sujet plus sensible encore: celui des droits de l'homme. Officiellement, aucune rencontre avec l'opposition n'est prévue, alors que l'organisation dissidente des Dames en blanc a sollicité une entrevue. Le Sénat espagnol a exigé que la visite soit l'occasion de réclamer la libération d'Eduardo Cardet, le chef du Mouvement chrétien Libération (MCL), détenu depuis 2016 et considéré comme un "prisonnier politique" par Amnesty International.

"La droite espagnole va en profiter pour agiter cette question", prédit Arturo Lopez-Levy, mais "ce que fait l'Espagne est en totale adéquation avec le cadre européen", qui s'appuie plus sur des rencontres avec la société civile qu'avec la dissidence pour encourager des changements sur l'île. Et Pedro Sanchez pourrait également annoncer à Cuba, selon une source diplomatique, une autre visite historique: celle du roi Felipe, en novembre 2019 à l'occasion des 500 ans de la fondation de La Havane.


AFP/VNA/CVN

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