Le ministre grec des Finance, Evangelos Venizelos, prend la parole au parlement le 23 février à Athènes. Photo : AFP/VNA/CN |
L'issue du vote, intervenu vers 14h30 GMT, ne faisait guère de doute compte-tenu de la large majorité formée par les députés des deux partis de la coalition gouvernementale, les socialistes du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie, soit 193 parlementaires sur un total de 300.
Le parti communiste (KKE), celui de la gauche radicale (Syriza) ainsi que le parti d'extrême droite (Laos) se sont prononcés contre le texte, qui "sera profitable aux banques et aux monopoles, pas à la population", a dénoncé le député communiste Thanassis Pafilis.
Au cours des six heures de débat parlementaire qui ont précédé le vote, le ministre des Finances, Evangélos Vénizelos, avait appelé à "faire preuve d'union, de cohésion" et à se montrer "conséquent", seule manière de "retrouver notre fierté et la confiance des marchés".
Le texte de loi détaille les termes de l'accord dit PSI, acronyme de Private Sector Involvement, dont les modalités ont été fixées par les États de la zone euro lors d'une réunion marathon dans la nuit du 19 au 20 février à Bruxelles.
Le lancement de l'offre d'échange doit intervenir dès le 24 février afin de "respecter les délais serrés et l'échéance des obligations de mars", a annoncé M. Vénizelos.
Le but de l'opération est d'effacer 107 milliards d'euros de la dette du pays détenue par les créanciers privés (banques, sociétés d'assurance ou fonds d'investissement) sur un ensemble de 350 milliards d'euros de dette provenant du privé et des créanciers institutionnels.
Le record était jusqu'ici détenu par l'Argentine, dont la dette atteignait 82 milliards de dollars (73 milliards d'euros environ au cours de l'époque) lorsqu'elle avait fait défaut, en janvier 2002. Dans le cas de la Grèce, il ne s'agit pas d'un défaut mais d'un montage complexe, consenti par les créanciers du pays.
Cette restructuration de dette constitue l'une des deux composantes du plan de sauvetage record de la Grèce, la seconde étant un prêt de 130 milliards d'euros sur trois ans qui vient s'ajouter à celui de 110 milliards d'euros accordé par la zone euro et le FMI en 2010 et dont une partie a été déjà versée.
La loi PSI votée, le suspense réside désormais dans la proportion de créanciers privés détenteurs d'obligations grecques qui vont accepter une décote de 53,5% sur les titres qu'ils détiennent et qui représentera une perte finale dépassant 70% de leur valeur initiale.
La Grèce est entrée dans une course contre la montre afin d'éviter la faillite au 20 mars, date à laquelle le pays doit rembourser 14,5 milliards d'euros. Les candidats volontaires pour l'échange de dette auront jusqu'au 9 mars pour se faire connaître et "l'opération elle-même devrait se dérouler d'ici le 12 mars pour les obligations de droit grec et début avril pour celles du droit anglais et japonais", a précisé M. Vénizélos. Comme il faut une semaine pour décaisser l'argent des dettes arrivant à échéance, c'est dès "le 14 mars que la Grèce fera face à des problèmes de liquidités" si rien n'est mis en oeuvre avant, a prévenu le ministre.
Le projet de loi institue la possibilité de déclencher des clauses d'action collective (CAC) pour contraindre les créanciers réticents à prendre part à l'opération d'échange. Ces clauses permettent d'étendre à l'ensemble des détenteurs d'obligations une proposition acceptée au moins par une proportion pré-déterminée des créanciers.