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Le pape François accueilli par l'hôtesse sur la passerelle de l'avion qui le conduit à Lesbos, le 16 avril à l'aéroport Fiumicino de Rome. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'avion du pontife argentin a décollé à 07h20 (05h20 GMT) de l'aéroport romain de Fiumicino. Il est attendu à 10h20 (07h20 GMT) à Mytilène (Grèce), le chef-lieu de l'île, où il sera accueilli par le Premier ministre grec Alexis Tsipras. À sa descente d'avion, il retrouvera aussi ses deux principaux hôtes de la journée, Bartholomée, le patriarche de Constantinople qui exerce une primauté honorifique au sein des patriarches orthodoxes, et Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce.
Les trois hommes prendront un minibus pour se rendre au "hotspot" de Moria, un camp au milieu de collines plantées d'oliviers dans lequel sont enfermés quelque 3.000 migrants dans des conditions indécentes, selon les organisations humanitaires qui y interviennent encore. Arrivés à Lesbos après l'entrée en vigueur le 20 mars de l'accord entre l'Union européenne (UE) et la Turquie, ils sont voués à être renvoyés, sauf hypothétique acceptation de leur demande d'asile en Grèce.
Joint vendredi 15 avril par téléphone à l'intérieur du camp, Farydoon, un Afghan de 23 ans, a fait part de son désespoir et évoqué plusieurs tentatives de suicide parmi ses compagnons d'infortune. "Peut-être que le pape comprendra au moins ce qui nous arrive", a-t-il avancé.
L'année dernière, plus d'un demi-million de migrants sont passés par Lesbos, et cette année, l'île a déjà vu débarquer près de 90.000 personnes, dont plus d'un tiers d'enfants, selon l'ONU. Dans le camp, les trois responsables religieux rencontreront les dizaines de mineurs, pour la plupart non accompagnés, actuellement retenus, puis se rendront sous une tente pour saluer environ 250 migrants représentatifs des différentes situations.
Après de brefs discours, ces trois hauts dignitaires, habitués à être reçus avec faste, se rendront dans un conteneur aménagé, l'une de ces multiples caisses métalliques qui constituent l'essentiel de l'hébergement du camp, pour déjeuner avec huit migrants et trois traducteurs.
Des migrants dans le centre de rétention de Mytilène le 15 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le pape, le patriarche et l'archevêque reprendront ensuite vers 13h30 (10h30 GMT) leur minibus pour se rendre au siège des gardes-côtes sur le port de Mytilène, pour une rencontre avec les habitants de Lesbos ainsi que la toute petite communauté catholique des îles environnantes.
Humanitaire, pas politique
Ce bref rendez-vous s'achèvera avec une prière pour les victimes des migrations, en mémoire desquelles les trois dignitaires lanceront chacun une couronne de fleurs dans la mer Méditerranée. Après quelques courts entretiens à l'aéroport, le pape repartira pour Rome à 15h15 (12h15 GMT). "Il s'agira d'une visite strictement humanitaire et écuménique, pas politique", a souligné le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi.
À Lesbos, rien n'a changé pour la visite, à part la peinture fraîche sur les murs du camp de Moria. "On a fait seulement un peu de nettoyage pour rendre la ville présentable, "ils" veulent que tout soit très simple", explique Marios Andreotis, un porte-parole de la mairie. Mais plusieurs voix ont exprimé l'espoir que le pape dénonce l'accord UE-Turquie visant à freiner l'actuel afflux massif de migrants, qui met l'unité européenne à rude épreuve.
Le pontife argentin n'est en effet pas avare de déclarations fortes sur la question des migrants, dont ce petit-fils d'immigrés italiens a fait l'un de ses chevaux de bataille. Quelques mois après son élection, Jorge Bergoglio s'était rendu sur l'île italienne de Lampedusa, alors principale porte d'entrée des migrants, pour fustiger "la mondialisation de l'indifférence" devant les barques de naufragés.
À l'automne, alors que des murs commençaient à s'élever en Europe centrale face à l'afflux de réfugiés dont beaucoup viennent de pays en guerre (Syrie, Irak, Afghanistan...), François avait solennellement appelé chaque paroisse du continent à accueillir une famille de migrants, refusant ostensiblement, contrairement au droit international, de faire la différence entre ceux qui fuient la violence et la misère.
Partout dans le monde, les organisations caritatives catholiques sont fortement engagées sur la route des migrants et dans leur accueil, sans distinction de religion. Mais le message du pape se heurte aux mouvements xénophobes en pleine poussée en Europe, ainsi qu'à la réticence de nombreux chrétiens face à un afflux de musulmans.
AFP/VNA/CVN