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Des partisans du président nicaraguayen Daniel Ortega assistent à la commémoration du 40e anniversaire de la révolution sandiniste à Managua, le 19 juillet 2019. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Des milliers de partisans du président Daniel Ortega et du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, au pouvoir) venus de tout le pays ont commencé à se rassembler dès vendredi matin 19 juillet dans la capitale sur le boulevard qui borde le lac de Managua, et trompaient l'attente au son de rengaines révolutionnaires aux rythmes tropicaux.
Dans l'après-midi, le chef de l'État a prononcé devant la foule un discours sur l'anniversaire de la fuite au Paraguay, le 19 juillet 1979, d'Anastasio Somoza.
L'entrée triomphale des guérilleros à Managua avait alors signé la victoire des sandinistes qui portaient les espoirs de la gauche latino-américaine, enflammée par la mystique révolutionnaire.
M. Ortega a réitéré dans son discours, prononcé devant des milliers de ses partisans, son refus de revenir à la table des négociations avec l'opposition. "Le seul dialogue qui vaille dans les circonstances actuelles", a-t-il déclaré, est celui avec les citoyens qui sont "disposés à travailler" pour le développement du pays.
L'Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACJD), coalition de l'opposition, avait appelé cette semaine M. Ortega à reprendre les négociations. Ces discussions sont bloquées depuis le 16 mai, lorsque l'ACJD s'en est retirée après le meurtre d'un opposant dans des circonstances confuses.
M. Ortega a aussi rejeté une nouvelle fois la demande de l'opposition d'avancer les élections et a maintenu qu'elles auraient lieu comme prévu en 2021.
Nostalgie et désenchantement
Si les Nicaraguayens évoquent avec nostalgie les idéaux de l'époque de la chute de Somoza, ils sont nombreux à constater avec désenchantement que le jeune guérillero sandiniste d'alors, Daniel Ortega, aujourd'hui âgé de 73 ans, s'accroche au pouvoir en n'hésitant pas à réprimer dans le sang les manifestations d'opposants.
Élu une première fois à la tête de l'État en 1985, Daniel Ortega avait dû affronter la révolte des "contras", des paysans entrés en rébellion contre le gouvernement sandiniste.
La guerre civile n'avait pris fin qu'en 1990 avec l'élection à la présidence de Violeta Chamorro. Le bilan était lourd: 50.000 morts, une économie en ruines, une inflation galopante allant jusqu'à 33.000%, et des pénuries héritées de l'embargo imposé au pays par les États-Unis au régime sandiniste.
Les présidents de droite qui ont succédé à Mme Chamorro, Arnoldo Aleman et Enrique Bolanos, ont été accusés tour-à-tour de népotisme et de corruption, ouvrant la voie au retour au pouvoir de Daniel Ortega en 2007. Réélu depuis sans discontinuer, au prix d'une modification de la Constitution, l'ancien guérillero refuse de quitter la scène avec son épouse Rosario Murillo, dont il a fait sa vice-présidente, avant la fin de son mandat actuel, en 2021.
Police anti-émeutes
Des manifestations anti-gouvernementales ont commencé le 18 avril 2018 pour s'opposer à une réforme de la sécurité sociale, abandonnée ensuite. Les manifestants ont cependant très vite réclamé le départ de Daniel Ortega, accusé d'avoir mis en place une dictature népotiste et corrompue, et des élections anticipées.
La répression a été sanglante: les violences politiques ont fait plus de 325 morts et 2.000 blessés, dans leur écrasante majorité dans les rangs des opposants, selon les organisations de défense des droits de l'homme. Plus d'un demi-millier d'opposants ont été jetés en prison tandis que des dizaines de milliers de Nicaraguayens ont pris le chemin de l'exil.
La crise a également plongé le pays dans la dépression avec une chute l'année dernière d'au moins 3,8% du PIB et la perte, selon les milieux d'entreprise, d'environ 450.000 emplois.
Le gouvernement peine à convaincre que la situation est redevenue normale alors que la police anti-émeutes est omniprésente dans les secteurs stratégiques de la capitale Managua et des principales villes de province.
Les partisans de Daniel Ortega font cependant valoir que la pauvreté a reculé dans le pays. Selon les statistiques de la Banque Mondiale, les Nicaraguayens vivant sous le seuil de pauvreté sont ainsi passés de 48,3% en 2005 à 24,9% en 2016.
AFP/VNA/CVN