À compter du 28 mars, tout internaute lisant plus de 20 articles en ligne sur le site du New York Times devra payer un abonnement, avec le choix entre trois formules : soit 15 dollars par mois pour l'accès au site Internet sur ordinateur et sur téléphone portable, soit 20 dollars pour l'accès au site sur ordinateur et sur tablette, soit 35 dollars pour l'accès sur tout support numérique.
Pour Dan Kennedy, professeur à l'école de journalisme de l'Université Northeastern à Boston (Nord-Est), ces tarifs ne sont pas une surprise, plus d'un an après que le quotidien a annoncé son intention de faire payer les internautes. "C'est une réponse intelligente et nuancée à la question qui se pose pour faire payer les gros lecteurs en ligne, tout en restant présent dans les débats gratuits autour des informations" du quotidien, a-t-il déclaré.
De fait, l'accès aux articles du New York Times via des blogs et des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter restera gratuit. Pour l'accès via "certains moteurs de recherche", non précisés, la gratuité sera limitée à un certain nombre d'articles par jour.
En outre, les abonnés à l'édition papier du quotidien et de l'International Herald Tribune n'auront pas besoin de payer de supplément pour les éditions numériques. "C'est une étape importante que vous considèrerez, nous l'espérons, comme un investissement dans le Times, qui renforcera notre capacité à fournir du journalisme de haute qualité aux lecteurs du monde entier, sur tout support", a fait valoir le patron du groupe, Arthur Sulzberger, dans une lettre ouverte aux lecteurs.
Actuellement, le site Internet du New York Times est le plus consulté parmi les sites de la presse américaine, avec 3,85% de part de marché, devant USA Today (2,34%), le Washington Post ( 1,57%) et le Wall Street Journal (1,17%), seul grand titre à faire payer ses éditions numériques (chiffres Experian Hitwise de février repris par le cabinet eMarketer).
Le Wall Street Journal propose une formule tout numérique de 103 à 208 dollars, selon la diversité des supports, mais il faut payer plus du double (441 dollars) pour recevoir le quotidien papier et avoir accès à tous les supports numériques.
Les autres quotidiens hésitent à sauter le pas du numérique payant et, à en croire M. Kennedy, ils ont raison. "Je ne crois pas que le (New York) Times soit un très bon échantillon pour le secteur dans son ensemble", dit-il. "Je crois qu'il y a énormément de gens qui sont prêts à payer pour le Times, et à peu près rien d'autre", en raison de la réputation de qualité et d'exhaustivité du quotidien de la plus grande ville américaine. "Cela va sûrement assez bien marcher, et puis quelqu'un d'autre dira, 'ok, on va essayer nous aussi' - et ça ratera", prédit M. Kennedy.
Même avec les quotidiens de référence, le pari peut s'avérer risqué, comme l'a démontré le Times de Londres, qui comme le Wall Street Journal appartient au groupe News Corporation de Rupert Murdoch, croisé du numérique payant.
Le site du Times est devenu payant l'été dernier, et sa fréquentation a alors chuté précipitamment, ce qui soulève des questions sur la solidité de ses recettes publicitaires.
Globalement, les recettes publicitaires des sites Internet américains, en hausse, ont dépassé pour la première fois en 2010 celles journaux papiers, en baisse, selon le cabinet eMarketer : 25,8 milliards de dollars contre 22,8 milliards de dollars. La tendance devrait s'accentuer en 2011 (28,5 milliards contre 21,4).
AFP/VNA/CVN