Le mât rituel des Cor reconnu patrimoine culturel national

Début août 2015, le rite de dressage du mât rituel Cây nêu et l’ensemble des objets d’ornement sculptés Gu de l’ethnie Cor ont été reconnus patrimoine culturel immatériel du Vietnam. C’est le premier rite ancestral d’une ethnie minoritaire montagnarde à être distingué de la sorte.

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Un +Cây nêu+ de l’ethnie Cor.

Le district de Trà My, province de Quang Nam (Centre), terre des Cor, une ethnie minoritaire montagnarde, est en ébullition. C’est aujourd’hui qu’a lieu la cérémonie de reconnaissance du Cây nêu et des Gu patrimoniaux, organisée par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

«C’est une grande fierté pour les Cor. Car depuis toujours, le +Cây nêu+ et les +Gu+ représentent l’âme de notre communauté ethnique vivant au milieu des montagnes. Étant au centre des cérémonies cultuelles, le +Cây nêu+ fait le lien entre les divinités et les êtres humains ; et les Gu, entre les mânes et leurs descendants encore de ce monde», explique Trân Van Hanh, patriarche du village Trà Kot.

Chez les Cor, les fêtes rituelles sont légion. La fête de la moisson, celle de sacrifice du buffle (pour remercier les divinités), les pendaisons de crémaillère, les cérémonies de prières pour la paix, la prospérité et la santé des villageois, etc. sont organisées tout au long de l’année. Et à chaque fois, le Cây nêu orné de ses Gu est placé au centre des festivités.

Un mât rituel avec trois parties distinctes

Comme le veut la tradition, ce mât rituel est planté au milieu d’un vaste terrain devant la maison commune du village, autour duquel on fait la fête en chantant des airs folkloriques et en dansant sur les rythmes entêtant des gongs.

«Le +Cây nêu+ doit être façonné plusieurs jours à l’avance», insiste le patriarche du village. C’est en effet une «œuvre d’art collective», dont la réalisation est confiée à des personnes expérimentées et habiles de leurs mains.

Le Cây nêu doit être taillé à partir d’un grand arbre cho chi (Parashorea chinensis), réputé pour son bois dur et imputrescible. Le tronc, de 7-8 m de haut, doit mesurer environ 60 cm de diamètre. Sur toute sa longueur sont ornés des bas-reliefs représentant montagnes, arcs-en-ciel, arbres, écureuils, jarres d’alcool, etc. Le mât rituel comporte trois parties distinctes.

La plus importante est la partie centrale sur laquelle surgissent des sculptures originales : un grand cercle peint de rouge symbolisant le soleil ; des petits cercles de couleur noire symbolisant la lune ; et de multiples points multicolores :

les étoiles. Au milieu du mât, est rattachée dans le sens horizontal une grande roue en bois, appelée le «plateau des divinités». Une véritable «œuvre d’art» avec nombre de bas-reliefs représentant des images mystiques. Le «plateau des divinités» est décoré tout autour avec les fameux Gu (objet en bois où sont sculptés différents motifs ornementaux), et aussi des lanières multicolores faites de fibres d’écorce. À tout cela vient s’ajouter nombre de chaînes en perles de verre symbolisant la richesse.

La partie supérieure du mât rituel se termine par une fleur de bananier - en bois elle aussi - étayée par quatre barres de bois recourbées à leurs extrémités et parées de lanières multicolores. Au sommet, l’oiseau chèo beo (drongo) en bois s’apparente à une girouette, pivotant en fonction de l’orientation du vent grâce à un système ingénieux.

La partie inférieure, enfin, est ornée de dessins géométriques. C’est à ce niveau que l’on attache le buffle à sacrifier lors de la fête éponyme.

Le mât rituel est planté au milieu d’un vaste terrain devant la maison commune du village. Photo :

Devant tant de détails, il est surprenant d’apprendre que tout le travail est effectué à l’aide d’un seul et même outil : la hache.

Offrandes vivantes, puis offrandes cuisinées

Le rite de dressage du Cây nêu est la partie la plus importante de la fête. Entouré de tous les villageois, le patriarche procède aux pratiques liturgiques composées de deux cérémonies cultuelles distinctes : la première se déroule avant le dressage du mât rituel, et la seconde, sitôt érigé.

Pour la première cérémonie, les offrandes dédiées aux divinités et aux ancêtres se composent de produits végétaux crus comme riz, maïs, légumes, alcool, etc. mais également des animaux vivants : poulet, cochon... Pour la fête de sacrifice du buffle, l’animal doit obligatoirement être attaché vivant au poteau de sacrifice, avant d’être abattu sur place. La deuxième cérémonie est différente, puisque les offrandes sont des plats préparés à partir des produits et animaux utilisés pour le culte. Après le rite, tout le monde participe aux réjouissances et fait ripaille dans la maison commune du village.

Les Gu, eux, sont des objets sacrés et indispensables dans chaque maison. Ils se caractérisent par des motifs sculptés variés illustrant la spiritualité et la conception des Cor sur leur vie et leur microcosme. Il y a quatre genres de Gu que l’on suspend - chacun à sa place - devant la porte d’entrée, au centre de la maison, devant la porte de la cuisine et au milieu de la cuisine, tous servant de lieu de culte des divinités et des ancêtres. La mise en place des Gu dans la maison nécessite elle aussi une cérémonie cultuelle solennelle.

«Dans cette époque où la vie se modernise, la préservation des coutumes ancestrales chez les Cor en dit long sur leur valeur indéfectible», conclut Trân Anh Tuân, président du Comité populaire du district de Trà My.

Nghia Dàn/CVN

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