Le marché du Têt

Les nuages laiteux rosissent au dessus des sommets,La brume mauve embrasse les toits des chaumières,

Sur le chemin qui ourle de blanc la colline verdoyante,

Les villageois affluent vers le marché du Têt tout gaiement.

Le cœur joyeux, ils avancent en files sur l'herbe verte,

Des bambins en robe cramoisie courent sur leurs pieds mignons,

Quelques aïeux marchent courbés sur leurs bâtons,

Une demoiselle au couvre-sein vermeil sourit en cachant ses lèvres.

Un bébé se blottit la tête contre le cache-cœur de sa mère,

Deux paysans portant un cochon en palanche s'empressent,

Une vache jaune d'un air drôle leur court après,

La rosée tombe du bout des branches comme des gouttes de lait.

Les rayons pourpres du soleil scintillent dans les rizières,

La montagne glisse son corps dans sa robe de gaze azurée,

La colline se farde de rose sous les reflets de l'aurore,

À la porte du marché, les gens en foule entrent et sortent.

Un buffle ferme à demi ses yeux, feignant de dormir,

Pour écouter un chaland qui parle à tout étourdir.

Un marchand d'estampes, ayant sur ses épaules deux paniers,

Pour étaler sa marchandise cherche un endroit bondé.

L'échine courbée sur une planche de bois, un jeune lettré

Frotte le bâton d'encre pour calligraphier des vers printaniers.

Un vieux maître d'école arrête ses pas, tripotant sa barbe,

Pour marmotter quelques distiques écrits sur papier écarlate.

Une vieille dame installe son échoppe près du vieux temple

L'eau du temps a délavé ses cheveux d'une parfaite blancheur.

Un marchand de papiers votifs coiffé d'un turban brun s'assied,

Rangeant sur la natte ses monceaux d'offrandes dorées.

Dans la cohue, le notable chef de village se voit tirailler sa robe,

Même le turban bien enroulé sur sa tête se défait.

Des enfants absorbés dans l'admiration des estampes de coqs

Oublient leurs sœurs qui sur le chemin les appellent.

Quelques jeunes filles s'enlacent, éclatant de rire,

À côté d'un marchand de pétards dont l'étal est sous un banian.

Dans des paniers, les oranges sont rouges comme du vermillon,

Le riz gluant s'y entasse comme des montagnes de neige.

Un coq, la crête violacée comme un caillot de sang,

Qu'en soulevant par les pattes examine un passant.

Le marché reste ainsi animé jusqu'à l'approche de la nuit,

Lorsque de la pagode voisine la cloche du soir retentit.

Sur les sentiers en direction des villages reculés,

Les paysans refluent en foule dans leurs foyers,

Les lumières ambrées du crépuscule traînent sur l'herbe,

Les feuilles de banian sont éparpillées autour du marché.

Traduction de Minh Phuong/CVN

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