Comment ces plantes aux feuilles si minces, à la tige si fine
Purent-elles former clôtures et remparts si solides ?
Partout les bambous poussent bien verts,
Sur des cailloux ou sur un sol calcaire.
Rien d'étonnant, rien d'incompréhensible,
Les substances nutritives s'accumulent petit à petit.
Laborieuses, leurs racines ne craignent pas les terres infertiles,
Autant de racines, autant de travailleurs actifs.
Élancés dans le vent, même dans l'adversité, les bambous chantent
Des berceuses à leurs feuilles, des comptines à leurs branches.
Ayant du goût pour le ciel bleu et le soleil aux tièdes rayons,
Ces bambous ne se résignent pas à rester dans l'ombre.
Dans les tempêtes, leurs tiges se protègent les unes les autres,
Mains tendues, mains prises, et les bambous se rapprochent.
Se vouant une affection mutuelle, ils vivent toujours en groupe,
Voilà comment les clôtures et les remparts furent formés.
Leurs tiges peuvent se casser, leurs branches peuvent tomber,
Leurs pieds subsistent et transmettent la vie aux pousses.
Jamais les bambous n'acceptent de grandir courbés,
Bourgeons, ils poussent déjà droit comme des pieux.
Le dos nu, les adultes s'exposent au givre et à la chaleur,
Leurs seuls habits courts étant réservés à leurs nouveau-nés.
À peine poussés, ces bourgeons de bambou
Héritent de l'allure droite et de la tige ronde de leur mère.
Le temps passe, les grands vieillissent, les jeunes poussent.
Rien n'est étrange, c'est le cycle de la nature.
Demain… demain… demain… règnera sur la terre
Le vert… couleur éternelle… des bambous !
Poème de Nguyên Duy
Traduit par Minh Phuong/CVN