Le mannequinat pour enfants en est à ses premiers pas

Dans le tableau de la mode nationale, le mannequinat pour enfants est encore balbutiant. Plusieurs raisons viennent expliquer cette réalité, la première étant que les mannequins enfants demeurent peu demandés au Vietnam.

Les enfants représentent 30% de la population nationale. Mais ce n'est pas pour autant que la mode enfantine attire l'attention des créateurs, loin s'en faut. Un constat qui saute aux yeux dès lors que l'on se met en quête d'une marque nationale pour enfant qui, même s'il en existe, reste une sorte de parcours du combattant pour nos jeunes mamans. Chaque année, Hô Chi Minh-Ville (Sud) organise deux ou trois défilés de mode pour enfants (seulement), parmi lesquels la présentation des collections d'ao dài (tunique traditionnelle des Vietnamiennes) pour enfants du créateur Sy Hoàng ; défilé désormais annuel. Mais Sy Hoàng est le seul styliste à dessiner des modèles pour enfants, encore qu'il ne s'agisse que d'ao dài. Les un ou deux programmes restants sont des défilés organisés par certaines marques de vêtements pour enfants.

Bien que les mannequins enfants soient peu demandés, Hanoi et Hô Chi Minh-Ville compte une vingtaine d'établissements de formation de mannequins enfants, ce qui apparaît contradictoire au vu du constat établi plus haut. Mais non ! Tout simplement parce que de nombreux parents aiment voir leurs bambins apprendre à déambuler (dans les règles de l'art, l'on s'entend !) sur le catwalk (ou podium). De plus, les parents en question ne comptent aucunement bénéficier de rentrées d'argent par le biais des activités de leurs chérubins. Ils veulent simplement les voir acquérir plus de confiance en eux, qu'ils aient fière allure en défilant (démarche chaloupée) et s'amusent après les heures passées sur les bancs de l'école. Les frais de participation demandés par ces établissements ou clubs de mannequins varient entre 200.000 et 500.000 dôngs par mois à raison de huit ou 12 séances, une somme toute raisonnable. De quoi donner un large sourire à tout le monde.

Monter sur le catwalk pour s'amuser et se divertir

La pratique doit aller de pair avec la théorie. Faute de vrais défilés de mode pour enfants comme on l'a dit ci-dessus, les établissements de formation des "mini-mannequins" doivent organiser périodiquement des programmes pour que leurs jeunes apprentis puissent monter sur le catwalk. Ce qui n'a pas manqué, au passage, de faire naître quelques anecdotes croustillantes... Lors de ces défilés, les bambins doivent apporter avec eux habits et chaussures, et se débrouiller avec leurs parents pour tout ce qui concerne le maquillage et la coiffure… Mme Thu Hoài, domiciliée dans l'arrondissement de Binh Tân (Hô Chi Minh-Ville), mère d'un mannequin de cinq ans, a confié que les premiers défilés de sa fille étaient pour elle un cauchemar, ne sachant faire des coiffures maniérées. "Au début, je la coiffais le plus simplement du monde. Mais avec le temps, j'ai acquis la dextérité nécessaire pour embellir ma fille et pour qu'elle puisse se mesurer avec ses petits camarades", dit la mère. Mme Huong My, habitante à l'arrondissement de Tân Binh (Hô Chi Minh-Ville), se souvient d'un défilé auquel sa fille a participé. Le club de mannequins de sa fille lui a offert le privilège de défiler avec des mannequins adultes, à la condition de préparer une série de vêtements et d'accessoires de couleur jaune : robe, chaussures et nœuds pour cheveux ; le défilé de mode étant prévu le lendemain à 19h00. La maman, décidant donc de prendre les choses en main, se lève à l'aurore pour parcourir le long trajet qui sépare la maison du centre-ville pour chercher la robe, les chaussures et les nœuds en question, ce qui, bien entendu, lui prend la journée. Le soir venu, le petit mannequin se présente à l'heure... mais attend trois longues heures pour finalement faire une brève apparition vers 22h00, accompagnée par deux mannequins adultes lors de la salutation des spectateurs qui précède la fermeture du rideau. Tout ça pour ça !

Pour chaque présentation de collections de mode pour enfants ou de participation aux défilés informels, un cachet de 100.000 à 200.000 dôngs est remis aux jeunes mannequins. Ce n'est certes pas grand-chose, mais les parents n'en ont cure, sachant pertinemment qu'eux et leurs enfants ne sont pas là pour ça. Mais parfois, en profitant de cette réflexion des parents, certains organisateurs "oublient" de payer ce cachet sommaire... Ce qui a le don d'agacer les parents. Il s'agit-là d'une question de principe. Un autre problème gênant, les parents doivent verser de l'argent pour des affaires jugées inutiles et programmées par les établissements de formation des mannequins enfants, comme par exemple la production pour le moins onéreuse du portfolio de ces petits. Il faut en effet débourser, en moyenne, entre 800.000 et un million de dôngs pour un portfolio comprenant les photos et un CD/DVD montrant un défilé auquel a participé le petit mannequin, le tout avec une qualité médiocre. Portfolio qui n'a aucune utilité particulière, si ce n'est de garder un souvenir, car rares sont les agences de mannequins qui y jettent un coup d'œil ensuite. Le plus souvent, ces agences ne considèrent pas ces établissements comme des "pourvoyeurs" de mannequins. Elles préfèrent les enfants poursuivant des études dans les conservatoires de musique ou les écoles de danse plutôt que dans ce type d'établissements... Mais encore une fois, là n'est pas le plus important, puisque parents et enfants sont avant tout ici pour se divertir !

Jouer dans les pubs pour être "vu à la télé" !

Dans le secteur de production des spots publicitaires, les mannequins enfants sont davantage prisés, bien que vouloir gagner de l'argent par ce biais demeure un pari hasardeux... La présence des enfants dans les pubs devient chose évidente dans la mesure où les producteurs de différentes marchandises, qu'il s'agisse de biens immobiliers ou d'objets d'usage quotidien comme nuoc mam, lait, ou couches-culottes en passant par les voitures, ciblent à la fois les parents et leur progéniture. Un spécialiste de l'étude publicitaire déclare que les enfants sont des spectateurs fidèles des clips de pub diffusés à la télé et qu'ils jouent un rôle décisif dans l'achat de telle ou telle marchandise. De cette réalité, on constate que les participants ont parfois un mois à peine. Un recensement montre que la moitié des clips de publicité diffusés à la télé se fait avec la participation d'enfants, âgés le plus souvent entre un mois et cinq ou six ans, avec une préférence pour les mômes de trois ans. Le cachet réservé à un petit participant à un clip de pub varie entre deux et dix millions de dôngs. Aujourd'hui, les enfants sont très demandés, et les parents sont encore plus demandeurs, ce qui a pour effet de faire baisser les primes proposées. Mais encore une fois, il s'agit avant tout pour eux d'être fiers de leurs enfants, et n'ont pas d'en faire des machines à gagner de l'argent. C'est pour quoi, le plus souvent, les négociations entre les producteurs et les parents se passent sans accroc. Pour certains projets de publicité, les bambins ne touchent que 500.000 dôngs par spot. Cela ne fait rien, puisqu'après, ils peuvent se targuer d'être "vus à la télé".

Voilà, les enfants jouent dans les publicités pour être "vu à la télé" et montent sur le catwalk pour s'amuser et se divertir, le mannequinat pour enfants au Vietnam en est encore à ses premiers pas.

Hoàng Hoa/CVN

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