Le lien entre Zika et la microcéphalie du fœtus établi scientifiquement

Zika attaque et détruit des cellules cérébrales humaines en développement, ont démontré des chercheurs en laboratoire, établissant la première preuve scientifique d'un lien entre ce virus et la microcéphalie du fœtus, selon une étude.

>>Première étude démontrant un lien entre Zika et le syndrome neurologique Guillain-Barré

Jusqu'alors, cette relation de cause à effet n'avait pas été prouvée scientifiquement. Le virus était cependant fortement soupçonné d'être à l'origine de nombreux cas de microcéphalies, en particulier au Brésil.

Cette malformation grave et irréversible se caractérise par une taille anormalement petite du crâne et du cerveau des nouveau-nés.

Première preuve scientifique d'un lien entre Zika et microcéphalie Brésil
Photo : AFP/VNA/CVN

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'attend à une propagation "explosive" de cas de Zika dans les Amériques, avec trois à quatre millions de contaminations cette année.

Pays le plus touché, le Brésil a recensé 583 cas de microcéphalie depuis octobre 2015, soit quatre fois plus que la moyenne annuelle historique.

Début février, l'OMS avait estimé qu'un possible lien entre Zika et l'explosion des cas de microcéphalie constituait "une urgence de santé publique de portée internationale".

Les chercheurs ont travaillé avec des cellules souches humaines cultivées in vitro, et leur résultat a été publié le 4 mars dans la revue américaine Cell Stem Cell.

Ils ont déterminé que le virus infecte de façon sélective les cellules souches qui forment le cortex cérébral et les empêche de se diviser normalement pour former de nouvelles cellules, entraînant leur destruction.

"Les études menées sur des fœtus et des nouveau-nés atteints de microcéphalie dans les zones géographiques touchées par l'infection de Zika avaient mis en évidence des anomalies dans le cortex et le virus avait aussi été découvert dans des tissus fœtaux", relève dans un communiqué Guo-li Ming, professeur de neurologie à l'Institut d’ingénierie cellulaire à l'Université John Hopkins dans le Maryland (États-Unis), co-auteur de l'étude.

Pour ces expériences, les scientifiques ont exposé trois types de cellules humaines au Zika.

Les premières, appelées cellules neuronales progénitrices, sont essentielles au développement du cortex cérébral du fœtus. Les dommages provoqués par le virus à ces cellules, qui en se différenciant deviennent des neurones, correspondent aux défauts observés dans le cerveau résultant de la microcéphalie, ont constaté ces chercheurs.

Les deux autres types de cellules exposées au Zika dans cette expérience sont des cellules souches et des neurones.

Cellules détruites

Comme anticipé, le virus Zika a attaqué les cellules neuronales progénitrices humaines et après trois jours, 90% étaient infectées et près d'un tiers ont été détruites.

Une mère avec son bébé souffrant de de microcephalie, le 27 janvier à l'hôpital.

Certaines cellules infectées ont été aussi utilisées par le Zika pour produire de nouvelles copies de lui-même.

De plus, les gènes qui normalement se mobilisent contre des agents viraux envahisseurs n'ont pas fonctionné, chose très inhabituelle, soulignent ces scientifiques.

En revanche, les deux autres types de cellules humaines testés (cellules-souches et neurones) ont largement été épargnées par le virus.

"Nos résultats démontrent clairement que le Zika peut directement infecter les cellules neuronales progénitrices humaines in vitro (...) avec une grande efficacité", conclut l'étude.

"Maintenant que nous savons comment ces cellules neuronales formant le cortex cérébral sont vulnérables au Zika, elles pourraient aussi être utilisées pour un dépistage rapide de l'infection et mettre au point de nouvelles thérapies potentielles", explique Hongjun Song, également chercheur de l'Institut d’ingénierie cellulaire et co-auteur de l'étude.

En dehors du fœtus, le Zika lui-même, généralement transmis par la piqûre d'un moustique, ne présente pas de danger, provoquant dans le pire des cas des symptômes de rhume ou de légère grippe, passant même parfois inaperçu.

Mais avec sa propagation rapide dans plus d'une quarantaine de pays, surtout en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, on le suspecte d'être responsable du nombre inhabituellement élevé de microcéphalies et d'autres syndromes graves, en particulier le syndrome de Guillain-Barré attaquant le système nerveux.

Le virus se transmet principalement par des moustiques mais de récents cas suggèrent également une infection par voie sexuelle.

Avec plus d'un million et demi de cas depuis 2015, le Brésil est de loin en tête des pays touchés, suscitant des inquiétudes à six mois des jeux Olympiques de Rio de Janeiro. Le Comité olympique américain a d'ailleurs annoncé le 4 mars la création d'un groupe d'experts dans la lutte contre les maladies infectieuses.

En Colombie, deuxième pays le plus touché, des scientifiques ont signalé le premier cas de microcéphalie lié au Zika, selon la revue britannique Nature.

Quant à l'Argentine, tout au sud du continent américain, elle a recensé 14 cas de Zika au cours des deux premiers mois de l'année, d'après le ministère de la Santé.

AFP/VNA/CVN

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