Le journaliste du futur s’appelle Al Gorithme

Les journalistes du futur aux États-Unis ne prennent pas de pause café, ils écrivent à une vitesse supersonique et ne s’inquiètent pas pour leur retraite : ce ne sont plus des personnes physiques mais des algorithmes qui transforment des données brutes en articles.

Ces algorithmes fournissent un nombre croissant d’articles aux journaux et sites Internet, notamment dans les domaines du sport (à partir de statistiques) ou des affaires (à partir de bilans comptables).

Si les ordinateurs ne sont pas en mesure d’analyser les subtilités de toutes les informations, ils peuvent se servir d’un grand nombre de données chiffrées et les transformer en articles, selon des spécialistes.

Les articles écrits par des ordinateurs sont un pas en avant logique.

«Cela peut fonctionner pour tout ce qui est simple et répétitif», explique Ken Doctor, analyste de l’entreprise Outsell, spécialisée dans le monde des médias.

Et comme bon nombre d’entreprises de presse sont en situation économique précaire, le recours à des automates dans certains domaines «pourrait avoir une influence importante sur la reconstruction du modèle économique du journalisme», selon Ken Doctor.

Stephen Doig, professeur de journalisme à l’Université de l’Arizona, estime lui aussi que les articles écrits par des ordinateurs sont un pas en avant logique. «Je n’ai pas d’objection philosophique sur le fait que certains articles puissent être écrits par des ordinateurs si cela permet au reporter qui les aurait écrits d’utiliser son temps pour faire des choses plus intéressantes», observe-t-il.

Chez Automated Insights, autre entreprise du secteur, le directeur des opérations Scott Frederick y voit «la prochaine génération de la création de contenu».

D’excellents retours

Pour coller au mieux à ce que pourrait être un journal normal, Automated Insights peut générer des articles avec différents tons, selon les préférences des lecteurs ou leur lieu d’habitation.

Ainsi, un bref compte-rendu du dernier Superbowl, la finale du Championnat de football américain, retranscrit par un algorithme, disait ceci pour les fans des New York Giants : «Hakeem Nicks a réussi un excellent match et a permis aux Giants de battre les Patriots 21-17 à Indianapolis. Grâce à cette victoire, New York remporte le Superbowl».

Pour les supporteurs des perdants, la machine a changé d’angle : «Après un match moyen de Tom Brady, les Patriots ont perdu contre les Giants 21-17. Les New England Patriots sont passés tout près de la victoire mais n’ont pu s’octroyer un nouveau titre de champion».

Kristian Hammond, directeur technologique de Narrative Science, société basée à Chicago, travaille sur ce type d’ordinateurs depuis plus de 10 ans.

Son entreprise a 40 clients, dont des publications célèbres comme Forbes.

Ceux-ci utilisent des automates pour rendre plus digestes des tableaux ou d’autres données brutes. «C’est deux tiers de technique et un tiers de journalisme», dit M. Hammond.

«Dans certains domaines, des statistiques ou des chiffres bruts servent de base pour raconter des histoires. Nous avons fait en sorte qu’une machine puisse y arriver».

Si certains articles sont relus par de vrais journalistes, d’autres sont transmis directement sans intervention humaine car cela représenterait une tâche trop importante.

Narrative Science a par exemple produit des articles sur 370.000 matchs de base-ball de ligues mineures l’année dernière, selon M. Hammond. Mais ce qui n’apparaît pas sous forme de statistiques ne peut être retranscrit : s’il y a un blessé ou des facteurs météo, l’ordinateur ne le verra pas. «Nous en sommes conscients mais nous avons eu d’excellents retours et jusqu’à présent nous n’avons pas fait d’erreurs», assure-t-il.

AFP/VNA/CVN

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