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Les sénateurs ont voté en séance plénière ces textes donnant une nouvelle interprétation de la Constitution pacifiste du pays, après des débats houleux et alors que la foule manifestait devant le Parlement.
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe (gauche), et son chef de cabinet Yoshihide Suga, le 18 septembre 2015. |
Samedi vers 02h15 locales (18 septembre 17h15 GMT), le président du Sénat, Masaaki Yamazaki, a annoncé l'adoption par 148 voix pour et 90 contre de ces textes qui avaient déjà été approuvés à la chambre basse.
Les manifestants suivaient, le visage grave, les événements sur leurs téléphones et PC. Au moment de l'annonce du résultat du scrutin, les cris ont redoublé: "Abe démission !", "anticonstitutionnel !", "protégeons la Constitution ", "retirez ces lois de guerre".
Le tout se déroulait dans une ambiance très bon enfant et de façon organisée, des gens passant dans la foule pour distribuer des gobelets d'eau. Aux slogans en japonais s'ajoutaient des pancartes en anglais: "Abe's war, we say no" (C'est la guerre d'Abe: nous disons non), "Spread peace not war" (Répandez la paix pas la guerre) et même "Don't fuck with democracy".
Pour ceux qui s'y opposent, ces textes, censés permettre au Japon d'intervenir pour défendre un allié, vont à l'encontre du renoncement à la guerre inscrit dans l'article 9 de la Charte fondamentale imposée en 1947 par les États-Unis. Selon ses détracteurs, cette nouvelle lecture de la Constitution pourrait précipiter le pays aux côtés des Américains dans des guerres au bout du monde.
«Déjà assez des désastres naturels»
Mais le Premier ministre de droite, Shinzo Abe, affirme qu'une évolution légale est nécessaire face aux menaces grandissantes venant de Chine et de Corée du Nord. M. Abe estime qu'il s'agit d'une normalisation de la situation militaire du Japon, limité depuis la fin de la guerre à l'auto-défense et à des missions d'aide humanitaire ou logistique.
"C'est une législation nécessaire pour protéger la vie des gens et leur existence en paix et afin de prévenir la guerre", a déclaré M. Abe à la presse. "Nous voulons poursuivre notre diplomatie de paix tout en prenant toutes les mesures nécessaires" de préparation à un conflit, a-t-il expliqué. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues au cours de manifestations quasi quotidiennes contre ces lois ces dernières semaines, une mobilisation rare dans l'archipel. "Ce sont des manifestations d'une ampleur inédite depuis des décennies et cela montre que la démocratie est advenue au Japon, que le peuple peut se mobiliser mais, plus que ma génération, ce sont les jeunes qui doivent le faire et nous, les anciens, les soutiendrons", a déclaré Mme Kaoru Todo, 62 ans, à l'AFP.
Un membre du mouvement d'étudiants Sealds créé en réaction aux projets, Showa Naito, 28 ans, les traits tirés, hurle infatigablement dans un mégaphone. "Le gouvernement dit que c'est pour protéger le Japon, mais c'est faux", dit-il à l'AFP. "Nous continuerons jusqu'aux élections dans un an pour se débarrasser des gens qui ont fait passer cette loi", ajoute-t-il dans une allusion aux sénatoriales de 2016.
"Nous avons assez de désastres naturels, typhons, tremblements de terre... Nous n'avons pas besoin de désastre créé par l'homme", lance Seiji Kawabe, un informaticien de 48 ans. Les opposants aux nouvelles lois pensent que le Japon pourrait être perçu comme un nouvel ennemi par des pays ou organisations (groupe État islamique - EI - notamment) en guerre avec les États-Unis, accentuant la menace sur le pays.
La sénatrice socialiste Mizuho Fukushima, venue remercier les manifestants avant la dispersion, s'empare d'un micro: "Merci à tous pour votre mobilisation, pour l'énergie que vous nous avez donnée et nous allons continuer le combat pour le retrait de ces lois, pour battre les parlementaires qui les ont soutenues". Scène exceptionnelle aussi dans un Parlement japonais à l'atmosphère habituellement feutrée, des sénateurs en étaient venus aux mains jeudi 17 septembre.