Burkina : le président et le Premier ministre "pris en otage" par la garde présidentielle

À moins d'un mois d'une élection présidentielle cruciale au Burkina Faso, des militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) retenaient en otage dans la nuit du 16 au 17 septembre le président intérimaire du pays et son Premier ministre, à Ouagadougou.

Ce nouveau coup de force de la garde prétorienne de l'ex-président Blaise Compaoré a brusquement plongé dans l'incertitude ce pays sahélien enclavé, où les élections présidentielle et législatives du 11 octobre sont censées mettre un terme à la transition.

On ignorait les revendications des soldats du RSP mais sans attendre, plusieurs centaines de personnes avec des sifflets et des vuvuzelas ont convergé en début de soirée dans le quartier Ouaga2000 vers le Palais Présidentiel aux cris de "Libérez Kosyam (nom du palais présidentiel)" ou "A bas les RSP".

Le président du Faso, Michel Kafando (gauche), et le Premier ministre Isaac Zida en 2014

Peu après 19h00 (locales et GMT), des soldats ont tiré des coups de feu aux abords du palais présidentiel pour disperser ces manifestants, qui ont reflué vers le centre-ville. Vers 21h00 GMT, quelques tirs sporadiques étaient encore audibles.

Dans la soirée, le siège à Ouagadougou du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti de Compaoré, a été saccagé.

La crise s'est nouée lorsque des militaires ont fait "irruption dans la salle du Conseil des ministres à 14h30 et ont pris en otage le président du Faso Michel Kafando, le Premier ministre Isaac Zida et deux ministres (Fonction publique Augustin Loada, Urbanisme René Bagoro)", selon le président du Conseil national de la transition (assemblée de transition) Cheriff Sy, dans un communiqué.

Condamnation internationale

Les principaux syndicats du pays dont la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ont lancé un appel conjoint "à observer une grève générale sur toute l'étendue du territoire national (...) contre les ingérences du RSP dans la vie politique et pour une véritable démocratie".

L'ONU, l'Union africaine et la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest ont, ainsi que la France, ancienne puissance coloniale, fermement condamné le 16 septembre cette "prise d'otages".

Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé que le président et son Premier ministre soient "libérés sains et saufs et immédiatement".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, qui s'est déclaré "scandalisé", a exigé la "libération immédiate" du président intérimaire et du Premier ministre du Burkina Faso. "Les Nations unies soutiennent fermement les autorités de transition et le président (Michel) Kafando", a ajouté M. Ban.

Depuis la chute de Blaise Compaoré, exilé en Côte d'Ivoire, le Burkina Faso est dirigé par des autorités intérimaires avec à leur tête le président Kafando et le Premier ministre Zida. Elles doivent rendre le pouvoir à l'issue des élections.

AFP/VNA/CVN

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