France
Le gouvernement travaille sur le déconfinement

Alors que le gouvernement planche sur le déconfinement attendu dans un peu moins de trois semaines, Emmanuel Macron était en Bretagne mercredi 22 avril pour saluer "la ferme France", cette filière alimentaire déterminante selon lui face à l'épidémie de coronavirus.

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Des produits français sont mis en avant dans un supermarché visité le 22 avril par Emmanuel Macron venu soutenir la filière agroalimentaire.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef de l'État, Emmanuel Macron, a visité une serre de l'exploitation des frères Roué, à Cléder dans le Finistère, spécialisée dans le maraîchage.

"Merci à la ferme France. Elle a tenu. On peut en être fier", a-t-il lancé. Étape ensuite au magasin Super U de Saint-Pol-de-Léon où il a loué le "formidable sens du devoir" des employés du secteur, qui ont permis aux Français de se ravitailler depuis un peu plus de cinq semaines d'un confinement inédit.

Depuis le début de la crise, l'exécutif assure que la France échappe à la pénurie grâce à la richesse de sa production agricole et agroalimentaire.

Même si de nombreuses voix critiquent les conséquences de l'agriculture industrielle intensive, la nécessité d'importer certains produits alimentaires ou les effets sur la crise climatique et environnementale.

Le président a aussi évoqué l'échéance tant attendue du 11 mai, comme "une deuxième étape dont on ne sait pas combien de temps elle va durer, qui sera progressive, concertée, parfois lente, peut-être différenciée selon les secteurs d'activité ou selon les régions plus ou moins impactées".

Dans la matinée, le Conseil des ministres avait permis un premier tour de table sur sa mise en œuvre. Les ministres concernés ont remis à Matignon une première mouture de leurs plans sectoriels, qui seront intégrés d'ici la fin du mois dans un projet global aux allures de casse-tête.

Un café parisien toujours fermé au 37e jour de confinement, le 22 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Aucune indication précise à ce stade, et la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a refusé de commenter des informations de presse sur une réouverture possible des restaurants, cafés et bars le 15 juin ou le maintien dans un premier temps de la limitation des déplacements interrégionaux.

Rien n'est acté "pour la bonne et simple raison que nous sommes aujourd'hui de manière très active aux côtés de Jean Castex (chargé de coordonner le déconfinement) et au sein de chacun des ministères en train de travailler à cette stratégie de déconfinement", a-t-elle assuré.

Alors que le gouvernement est interpellé après plusieurs soirs d'incidents en banlieue parisienne, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a par ailleurs assuré veiller "à ce que le confinement soit respecté partout en France", récusant l'idée qu'il serait moins strictement appliqué dans les quartiers sensibles.

Confiance en baisse

La confiance des Français dans le gouvernement pour gérer la crise du coronavirus repart à la baisse (-10 points, à moins d'un Français sur deux) après une embellie après l'annonce du déconfinement progressif, selon un sondage Harris Interactive.

Sous le feu des projecteurs, le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait déjà détaillé mardi 21 avril ses pistes en vue d'une reprise progressive de l'école à partir du 11 mai. Ce retour, attendu avec impatience par nombre de parents depuis le début du confinement mi-mars, sera étalé sur trois semaines par niveaux de classe, avec des groupes de 15 élèves au maximum.

Rentrée des classes le 22 avril dans un lycée de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.

Mais les inquiétudes demeurent : "On est dans l'attente de précisions", selon Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN), sur BFMTV.

Nombre d'élus locaux, dont leurs principales associations, doivent avoir jeudi 23 avril une visioconférence avec Emmanuel Macron, et affichent également leurs réticences. L'association des maires de France souhaite une concertation avec le ministère de l'Éducation.

En Nouvelle-Calédonie, une partie des élèves a repris les cours, avec effectifs réduits, règles d'hygiène et consignes de distanciation. Au lycée Lapérouse de Nouméa, certains profs portaient des masques (non obligatoires), "mais il faut qu'ils articulent bien sinon on ne comprend pas", s'amuse Swell, élève en terminale S.

Plus globalement, le contexte sanitaire reste toujours aussi incertain. Le bilan reste élevé avec 21.340 morts en France, 544 de plus en 24 heures, même si le nombre de patients en réanimation baisse maintenant depuis deux semaines.

Et, selon des estimations de l'Institut Pasteur, seuls 6% des Français auront été infectés par le coronavirus le 11 mai. Bien trop peu selon les spécialistes pour éviter une deuxième vague épidémique si toutes les mesures étaient intégralement levées après cette date.

Rallonge pour les hôpitaux

Des bannières en soutien aux soigants sur des balcons parisiens, le 22 avril.

L'État a débloqué une première rallonge "d'urgence" de 377 millions d'euros pour l'hôpital afin de régler "les dépenses spécifiques" à l'épidémie.

Sur le sujet toujours très sensible des masques, l'Académie de médecine a plaidé pour que le port d'un masque anti-projections soit dès maintenant "obligatoire dans l'espace public".

La crise sanitaire a également des conséquences socio-économiques inédites. Le chômage partiel a franchi la barre des dix millions de salariés concernés, soit plus d'un sur deux dans le privé, un chiffre "considérable", selon la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Et le déficit de la Sécurité sociale va exploser, à plus de 41 milliards d'euros.

L'État met sur la table un plan d'aide massif de 110 milliards d'euros. Mais de nombreuses voix, dont celle du Haut Conseil pour le climat, appellent à ne pas reproduire la même erreur qu'en 2008, quand le plan de relance avait favorisé des activités polluantes.

Le secteur automobile, en tout cas, redémarre doucement après plus d'un mois de pause : Renault a annoncé la reprise de sa production en France, au lendemain d'une réouverture d'usine chez Toyota. Chez PSA, le chômage partiel se poursuivra après la fin avril.


AFP/VNA/CVN

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