>>Grèce : le rachat des obligations de la BCE permettrait le retour sur les marchés
"Si on arrive à un accord viable, même si le compromis est difficile, on va relever ce défi car notre seul critère est la sortie de la crise", a déclaré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d'une réunion le soir du 12 juin avec ses collaborateurs. Ces propos ont été cités samedi dans un communiqué du gouvernement, laissant entendre que la Grèce est éventuellement disposée à faire de nouvelles concessions.
"Nous aurons un accord", a assuré le matin du 13 juin à la télévision Skaï le ministre adjoint des Finances grec, Dimitris Mardas. "Le fait que la délégation grecque va à Bruxelles est un signe de bon augure", a-t-il souligné. Cette délégation est composée de Ioannis Dragassakis, le discret chef négociateur du gouvernement grec, d'Euclide Tsakalotos, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, et de Nikos Pappas, le bras droit d'Alexis Tsipras.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras. |
Arrivés en milieu de journée à Bruxelles, ils ont entamé en fin d'après-midi une réunion avec des représentants du FMI, de la BCE et du MES - le dispositif de gestion des crises financières de la zone euro - selon une source européenne.
La présence du FMI est d'autant plus importante que c'est avec l'institution de Washington, plus encore qu'avec ses autres créanciers, que le gouvernement grec doit s'entendre au plus vite. Le 30 juin, Athènes doit en effet rembourser 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI, et des doutes subsistent sur sa capacité à honorer cette échéance sans le déblocage de 7,2 milliards d'euros restant à verser dans le cadre de son plan d'aide.
Or le versement de cette aide dépend de la mise en place de réformes sur lesquelles Athènes et ses créanciers s'écharpent depuis près de quatre mois. Le FMI avait jeté un froid jeudi en affirmant que des différences "majeures" subsistaient et qu'un accord semblait encore loin.
Selon l'édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, des tensions seraient apparues aussi ces jours derniers entre le FMI et la Commission. Le FMI aurait "torpillé" un compromis d'accord soumis par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et prévoyant un report des coupes dans les retraites en échange d'efforts équivalents sur le budget militaire. Le gouvernement grec a déjà, à plusieurs reprises, dénoncé des divergences entre ses créanciers.
Solution "mutuellement avantageuse"
Le principal point sur lequel se focalisent les négociateurs est le niveau de l'excédent budgétaire primaire (calculé hors du service de la dette), qui conditionne le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser dans le pays. Les créanciers demandent qu'il atteigne 1% cette année, et les Grecs ont proposé jusqu'ici 0,75%. Selon le quotidien financier grec Naftéromporiki, ils pourraient proposer 0,9%, un niveau qui serait obtenu en supprimant la réduction de TVA appliquée dans les îles grecques.
En échange, le gouvernement grec veut un accord "viable", c'est-à-dire la poursuite du financement du pays après l'expiration de son plan d'aide le 30 juin. Il espère notamment obtenir un accès à des fonds non utilisés, comme celui pour les banques (10,9 milliards d'euros). Les autorités grecques veulent aussi un engagement des créanciers à discuter d'une restructuration de la dette, qui devrait s'établir à 180% cette année.
Les discussions pourraient durer plusieurs jours, mais le temps presse et l'idéal serait un accord d'ici au 18 juin, date de la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui devront l'entériner à l'unanimité. Certains parlements nationaux devront ensuite donner leur feu vert au déboursement de l'aide.
Devant l'urgence des échéances, la zone euro a discuté pour la première fois cette semaine de la possibilité que la Grèce fasse défaut, ce qui pourrait être le prélude au "Grexit", la sortie du pays de la zone euro. Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a appelé samedi à une solution "mutuellement avantageuse" qui ne "joue pas sur le scénario d'une fragmentation" de la zone euro. "Je pense qu'aucun bureaucrate ou responsable politique européen ne s'engagera sur la voie" d'un défaut grec, a-t-il dit.