Le gouvernement espagnol gèle pour au moins trois ans l'éventuelle fusion de BBVA et Sabadell

Le gouvernement espagnol a autorisé mardi 24 juin l'OPA hostile de la banque BBVA sur sa concurrente Sabadell, mais lui a imposé de strictes conditions qui l'empêcheront de devenir effective avant au moins trois ans.

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Photo : AFP/VNA/CVN

"Le Conseil des ministres a décidé d'autoriser l'opération", mais "à condition que les deux entités conservent pendant trois ans une personnalité juridique et un patrimoine distincts, ainsi qu'une autonomie dans la gestion de leurs activités", a expliqué le ministre de l'Économie, Carlos Cuerpo, lors d'une conférence de presse.

Cette mesure, qui empêchera toute fusion effective entre les deux groupes durant cette période, vise à garantir le maintien d'un niveau de financement élevé pour les entreprises et les consommateurs. Elle cherche également à éviter des réductions de poste drastiques et les fermetures d'agence, précise le ministère.

Il s'agit d'une décision "équilibrée", basée sur des "critères d'intérêt général", a insisté Carlos M. Cuerpo, en précisant que la période durant laquelle les deux groupes devraient conserver des personnalités juridiques séparées pourrait être portée à cinq ans si ces critères n'étaient pas satisfaits.

Annoncée le 9 mai 2024, l'offre de BBVA valorise à près de 16 milliards d'euros sa concurrente Sabadell, quatrième banque du pays. Elle doit permettre de créer un géant bancaire européen, capable de rivaliser avec les mastodontes du secteur, comme Santander, BNP Paribas et HSBC.

Cette OPA a suscité une levée de boucliers en Catalogne, région d'origine de Sabadell, attachée au maintien d'une banque catalane indépendante, mais aussi parmi les syndicats, les PME et les associations de consommateurs, qui craignent une réduction du nombre d'agences et d'importantes suppressions de postes.

Levée de bouclier

À la Bourse de Madrid, BBVA - dont la cotation a été suspendue durant plusieurs heures mardi 24 juin, dans l'attente de la décision de l'exécutif - gagnait 2,77% à 14h40 (12h40), dans un marché orienté à la hausse (+1,61%). Le titre Sabadell, pour sa part, gagnait 1,34%.

Le gouvernement, qui avait lancé début mai une consultation publique sur l'opération, ne pouvait pas à proprement parler la bloquer, mais il pouvait décider de renforcer les mesures correctives à un niveau suffisamment élevé pour pousser le groupe espagnol à jeter l'éponge.

Interrogé lors d'une rencontre économique, le président de BBVA Carlos Torres a prévenu lundi 23 juin qu'il pourrait retirer son offre si les conditions imposées par l'exécutif s'avéraient trop strictes. Mais "je ne peux pas imaginer un autre scénario" qu'une OPA réussie, a-t-il prévenu.

Les conditions annoncées mardi s'ajoutent à celles déjà imposées à l'opération fin avril par le gendarme de la concurrence espagnol (CNMC). Elles doivent à présent être examinées par BBVA, deuxième banque espagnole, qui pourrait lancer formellement son OPA mi-juillet si elle juge tenables les exigences de l'exécutif.

"Pas le moment idéal"

Frontalement opposée à l'opération, la direction de Sabadell a multiplié depuis un an les initiatives afin de convaincre ses actionnaires de rejeter l'offre de BBVA, deuxième banque du pays, assurant pouvoir créer plus de richesse hors du giron de ses concurrents.

La banque catalane a ainsi triplé la rémunération versée à ses actionnaires, qui devrait atteindre 3,3 milliards d'euros en 2024-2025 contre 846 millions les deux années précédentes, et a réimplanté son siège en Catalogne, huit ans après avoir quitté la région en pleine tentative de sécession indépendantiste.

La quatrième banque espagnole a par ailleurs annoncé le 17 juin avoir reçu des marques d'intérêt pour sa filiale britannique TSB, une démarche destinée selon les analystes à contrer l'offre de BBVA en modifiant les conditions de l'opération.

"Ce n'est pas le moment idéal pour que Banco Sabadell vende" cette filiale, s'est agacé lundi 23 juin M. Torres, en estimant que l'OPA devait aller de l'avant. L'OPA "a déjà été approuvée par les autorités compétentes, tant espagnoles qu'européenne (...) Désormais, la décision appartient aux actionnaires", a-t-il insisté.

Fondée en 1881 près de Barcelone, Sabadell est détenue par une multitude d'investisseurs, dont des grands fonds d'investissement. Mais aucun d'entre eux ne possède plus de 7% du groupe, ce qui rend l'issue de l'OPA imprévisible.

AFP/VNA/CVN

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