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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (2e, à gauche) s'entretient avec le personnel lors d'une visite d'une salle de contrôle dans le port de Douvres (Sud de l'Angleterre), le 7 mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les chiffres sont trop élevés, c'est aussi simple que ça et je veux les faire baisser", a réagi, sur la chaîne de télévision ITV, le Premier ministre Rishi Sunak quelques minutes après leur publication par l'Office national des statistiques britannique (ONS).
Le gouvernement est sous le feu des critiques, aussi bien attaqué par l'aile droite du parti conservateur que l'opposition.
"Ces chiffres extraordinaires (...) montrent que les conservateurs n'ont aucun plan et aucune emprise sur l'immigration", a dénoncé la députée travailliste Yvette Cooper.
"Ils n'ont pas réussi à mettre en place une stratégie pour notre marché du travail, et, par conséquent, les employeurs sont forcés de recourir à l'immigration à l'étranger", a renchéri son collègue Stephen Kinnock, chargé des questions migratoires au sein du parti.
La plupart des nouveaux arrivants sont de pays situés hors de l'Union européenne (925.000). Les ressortissants de l'UE, au nombre de 151.000, arrivent en deuxième position.
En 2021, l'immigration nette (la différence entre les arrivées et les départs) s'élevait à 488.000 personnes, contre 606.000 en 2022.
Anticipant ces chiffres record, le gouvernement a annoncé mardi une restriction draconienne du regroupement familial pour les étudiants étrangers. Cette mesure, qui entrera en vigueur en janvier, concerne tous les étudiants à l'exception des chercheurs de troisième cycle.
En 2022, environ 136.000 visas ont été délivrés à des personnes à la charge des étudiants étrangers, contre 16.000 en 2019, selon les chiffres du gouvernement.
De plus, les étudiants étrangers ne pourront plus passer du visa étudiant à un visa de travail avant d'avoir terminé leurs études.
Ces mesures "sont plus efficaces que tout ce qui a été annoncé auparavant en matière de lutte contre l'immigration", a affirmé Rishi Sunak.
Suella Braverman, la ministre de l'Intérieur, a jugé mardi 23 mai que ces mesures permettraient "à moyen terme" de faire revenir le solde migratoire au niveau d'avant-COVID.
Pénurie de main-d'œuvre
Ce niveau d'immigration "met une pression insoutenable sur les services publics, sur l'immobilier, sur notre capacité à intégrer les gens", a estimé le secrétaire d'État à l'Immigration, Robert Jenrick.
La question de l'immigration avait dominé la campagne sur le Brexit en 2016 qui a abouti au départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. Elle s'annonce déjà comme un sujet sensible pour les élections législatives attendues l'an prochain.
Une session de la Chambre des communes britannique à Londres, le 15 mars. |
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Les gouvernements conservateurs successifs ne sont parvenus à faire baisser ni l'immigration légale ni l'immigration illégale.
En 2022, plus de 45.000 migrants, un record là aussi, ont traversé la Manche illégalement. "Stopper les bateaux" est l'une des cinq priorités de Rishi Sunak.
Le gouvernement veut envoyer au Rwanda ces migrants arrivés illégalement. Mais ce projet, attaqué devant la justice, est au point mort.
L'exécutif a aussi pour projet d'interdire aux migrants arrivés illégalement de demander l'asile au Royaume-Uni.
Selon d'autres chiffres publiés jeudi, le nombre de demandes d'asile en suspens à la fin du mois de mars dépassait 172.000, en augmentation de 57% sur un an.
Dans le même temps, le Royaume-Uni est confronté à une pénurie de main-d'œuvre, créant des tensions régulières au sein de la majorité.
Les entreprises britanniques réclament des assouplissements de la politique en matière de visas, hôtels et restaurants, entreprises de transport routier ou exploitations agricoles souffrant depuis le Brexit et le COVID-19 de ce manque de main-d'œuvre.
Rishi Sunak a récemment reconnu qu'il allait devoir accorder des dizaines de milliers de visas saisonniers pour l'agriculture, semblant aller à l'encontre de sa ministre de l'Intérieur.
Suella Braverman est intervenue mi-mai dans une conférence ultraconservatrice pour déclarer ne voir "aucune bonne raison pour laquelle le Royaume-Uni ne peut pas former ses propres conducteurs de poids-lourds et ses ramasseurs de fruits pour faire baisser l'immigration".
Sur ITV, Rishi Sunak a promis que des personnes au Royaume-Uni seraient formées pour travailler dans les secteurs en tension.
AFP/VNA/CVN