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Lors de la rencontre entre la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna (2e, droite) et son homologue italien Antonio Tajani (3e, gauche) à Rome. |
Photo : guineematin.com/CVN |
Antonio Tajani, vice-Premier ministre et numéro deux de Forza Italia (droite), partenaire mineur de la coalition ultra-conservatrice de Giorgia Meloni, a reçu Mme Colonna à la Farnesina, siège du ministère italien des Affaires étrangères.
"Heureux d'avoir accueilli à la Farnesina la ministre Colonna. L'Italie et la France partagent des intérêts et des responsabilités dans l'UE et dans le monde. Notre collaboration est essentielle pour résoudre les crises actuelles, à commencer par celle de l'immigration", a tweeté Antonio Tajani.
"Nous avons pu avoir des positions divergentes, mais il est important d'avoir un dialogue constructif (...) à travers les canaux adéquats", a souligné M. Tajani dans un communiqué, évoquant un "climat très cordial".
Catherine Colonna l'a remercié sur Twitter pour son "accueil chaleureux".
"Échanges confiants sur l'Ukraine, la Tunisie, les migrations, l'Europe de la défense notamment. La coopération franco-italienne est indispensable pour avancer. Andiamo avanti insieme !" (Avançons ensemble en italien), a-t-elle écrit.
Avant son voyage, Catherine Colonna, ambassadrice à Rome de 2014 à 2017, avait assuré que la France n'était "certainement pas" en crise avec son voisin italien.
Les réactions ont pourtant été vives dans la péninsule après les propos le 4 mai du ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, jugeant Giorgia Meloni "incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue".
Antonio Tajani avait alors annulé sa rencontre avec Catherine Colonna, prévue le jour même à Paris.
L'Italie reproche à ses partenaires européens de ne pas prendre leur part dans l'accueil des migrants qui arrivent sur son territoire après avoir traversé la Méditerranée. D'autant que, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, environ la moitié des 46.000 personnes qui ont débarqué sur ses côtes depuis le début de l'année viennent de pays francophones (Côte d'Ivoire, Guinée, Tunisie, Burkina Faso).
À l'occasion du Sommet du Conseil de l'Europe à Reykjavik mi-mai, Emmanuel Macron avait admis que l'UE devait faire davantage pour aider l'Italie. "Le peuple italien en tant que pays de première arrivée subit une très forte pression migratoire et on ne peut pas laisser l'Italie seule", avait dit le président français.
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et son homologue italien Antonio Tajani à Rome. |
Photo : guineematin.com/CVN |
Diplomatie de la solidarité
Un déplacement de Giorgia Meloni à Paris au mois de juin serait à l'étude. "Je pense que l'on cherche des dates, mais c'est encore à voir", a déclaré Mme Colonna plus tôt cette semaine.
En attendant, les deux pays travaillent à une visite du président italien Sergio Mattarella dans la capitale française le 7 juin pour inaugurer avec Emmanuel Macron l'exposition au Louvre de chefs-d'œuvre du musée Capodimonte de Naples, a indiqué une source italienne.
Malgré les divergences politiques entre M. Macron, qui se pose en rempart européen contre le nationalisme, et Mme Meloni, qui défend une Europe chrétienne menacée de "submersion migratoire", les Français "sont arrivés à la conclusion que le gouvernement italien (...) restera là pendant un certain temps et qu'ils doivent se parler", analyse le politologue Franco Pavoncello, président de la John Cabot University à Rome.
"Les relations entre Paris et Rome sont trop importantes pour être gelées. Avec la sortie de la Grande-Bretagne et compte tenu du poids de l'Allemagne, ces relations deviennent encore plus importantes", juge-t-il.
Tragique circonstance, aubaine diplomatique : les inondations meurtrières qui ont ravagé la semaine dernière l'Emilie-Romagne, riche région du Nord-Est, ont permis à la France de donner des gages de bonne volonté à sa voisine.
Répondant à l'appel de Rome, Paris a annoncé l'envoi de moyens de pompage et du personnel des formations militaires de sécurité civile. "La solidarité à l'œuvre", a tweeté mardi 23 mai M. Macron.
Emmanuel Macron et Giorgia Meloni - très atlantiste - sont parfaitement alignés sur le dossier diplomatique et militaire le plus sensible, celui de l'Ukraine, fait remarquer Franco Pavoncello. "Ils veulent briser la glace. Ils commencent à se parler et à comprendre que, pour le meilleur ou pour le pire, ils ont des intérêts communs", note-t-il.
AFP/VNA/CVN