Photo de "famille" des ministres des Finances du G20, le 5 septembre à Ankara. |
"Nous attendons du monde qu'il consacre plus d'attention à cette crise humanitaire", a dit le vice-Premier ministre turc Cevdet Yilmaz en bouclant les discussions des ministres des Finances et banquiers centraux du G20 à Ankara.
M. Yilmaz a annoncé que la question serait traitée "au niveau politique" au prochain sommet des chefs d'État et du gouvernement du G20, prévu mi-novembre à Antalya (Sud de la Turquie).
"Dans notre esprit, dans le mien certainement, il y avait le drame qui se joue sur ces côtes en ce moment", a dit la directrice générale du Fond monétaire international (FMI), Christine Lagarde, dès le début de son point presse. "C'est l'affaire de tout le monde".
"Nous en avons parlé sous l'angle de ce que sont nos responsabilités mais chacun a bien sûr ses sentiments humains", a ajouté le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.
"Par ailleurs c'est un élément qui influe sur la confiance, sur le climat économique et éventuellement sur les finances publiques", a-t-il dit, soulignant que l'arrivée de réfugiés pouvait être "à moyen terme un élément de renforcement du potentiel de croissance".
Des milliers de migrants arrivaient le 5 septembre en Autriche et en Allemagne depuis la Hongrie, alors que le monde restait sous le choc de la photo du petit Aylan, noyé au large du rivage turc.
La croissance trop faible
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, connu pour ses calculs budgétaires pointilleux, a lui refusé d'entrer dans un débat sur le coût de l'accueil des migrants en Allemagne. "Cela ne renforcerait pas le grand mouvement spontané d'aide venu de la population, cela le perturberait", a-t-il tranché.
L'accueil d'un nombre record de demandeurs d'asile devrait coûter à l'Allemagne quelque 10 milliards d'euros cette année, soit quatre fois plus que l'an dernier, affirme le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung dans son édition à paraître dimanche.
Sur des sujets qui leur sont plus familiers, les membres du G20 Finance ont reconnu dans leur communiqué final que "la croissance mondiale ne satisfait pas (leurs) attentes".
La patronne du FMI, Christine Lagarde, le 5 septembre lors du G20 à Ankara. Photo : AFP/VNA/CVN |
"La croissance est trop faible, l'activité est trop faible, les chiffres du commerce sont trop faibles, l'investissement est trop faible, il n'y a que le chômage qui est trop haut", a lancé Mme Lagarde.
D'autres ont voulu rassurer après un été marqué par des accès de panique boursière en Chine.
"On ne peut pas nier qu'il y a une augmentation des risques et des incertitudes. Mais on n'est pas face à un choc qui soit vraiment nouveau pour la zone euro", a estimé M. Noyer.
Le gouverneur de la banque centrale allemande Jens Weidmann a jugé qu'il n'y avait pas lieu de "peindre en noir" la situation pour l'Allemagne, intimement liée commercialement à la Chine.
Les grands argentiers du G20 se sont par ailleurs engagés à s'abstenir de "toute dévaluation compétitive", près d'un mois après une dévaluation brutale du yuan chinois et à l'heure où de nombreux pays émergents laissent filer leurs devises.
"Il n'y a pas du tout de guerre de monnaies", a toutefois jugé le directeur général du Trésor, Bruno Bézard, qui représentait le gouvernement français.
La Fed sous surveillance
Les États-Unis, qui ont beaucoup oeuvré pour que le terme de "dévaluation compétitive" figure dans le texte, ont eux aussi été rappelés à mots couverts à leur responsabilité.
Les pays du G20 s'engagent à "calibrer et communiquer soigneusement (leurs) actions, en particulier dans le contexte de décisions majeures de politique monétaire".
La Réserve fédérale américaine, qui tient en haleine les marchés sur sa première hausse de taux après des années de largesse monétaire.
Certains prédisent une hausse dès le 17 septembre mais le plus tard serait le mieux pour les pays émergents, qui craignent une fuite de capitaux vers des rendements plus élevés aux États-Unis au moment où certains d'entre eux sont à la peine.
Outre le Brésil et la Russie, en récession, un exemple vient du pays hôte du G20, la Turquie, dont la devise n'en finit plus de chuter.
Sur le plan monétaire, l'Allemagne, qui goûte peu les politiques très généreuses menées partout dans le monde y compris en zone euro, a insisté pour mentionner le danger d'accoutumance. Malgré des réticences chinoises, selon M. Schäuble.
Au final, le G20 prévient que "la politique monétaire seule ne peut apporter une croissance équilibrée".
AFP/VNA/CVN