Vous êtes l'auteur du livre Genève, ville de la paix : de la Conférence de 1954 sur l'Indochine à la coopération internationale. Voudriez-vous faire part à nos lecteurs des éléments principaux de ce passionnant ouvrage ?
En 2004 à l'occasion du 50e anniversaire des accords de Genève de 1954, j'ai écrit un livre qui raconte d'abord la bataille de Diên Biên Phu et la victoire des troupes de libération vietnamienne, dirigée par le général Giáp, contre les Français, et puis aussi les négociations qui se sont déroulées à Genève pour essayer de mettre fin au conflit. Mais comme on le sait, ces accords n'ont pas eu beaucoup de succès, parce que par la suite, les Américains ont décidé de poursuivre la guerre contre le Vietnam. Toutefois, ce fut un événement historique très important, aussi pour Genève, un événement qui a beaucoup marqué la population genevoise au milieu des années 1950.
D'après vous, quel est le rôle du général Giáp dans la victoire de Diên Biên Phu ?
Pour moi, il a eu un rôle essentiel, parce qu'il faut toujours deux conditions pour assurer une victoire aussi importante que cela. Il faut à la fois réussir à coordonner les hommes, c'est-à-dire à assurer la présence collective, c'est l'élément collectif de la victoire ; en même temps, il faut une personnalité charismatique capable de rassembler la force collective. Le général Giáp a réussi tout cela. Donc, effectivement, il a joué un rôle absolument essentiel ; sans lui, la victoire n'aurait peut-être pas été du côté vietnamien. De plus, après la victoire de Diên Biên Phu, le monde entier a reconnu la valeur du général Giáp. Aussitôt, ce fut une surprise énorme pour les Français qui pensaient gagner. Ce fut aussi une surprise énorme pour l'ensemble du monde qui, tout d'un coup, a découvert la valeur militaire des forces vietnamiennes et aussi les capacités, le charisme de celui qui les commandait.
Vous avez rencontré le général Giáp dans quelle circonstance et comment avez-vous trouvé le personnage ?
Le général Giáp est venu en Suisse à diverses occasions, notamment en 1996, mais je n'ai pas pu le rencontrer car j'étais absent à ce moment-là. Mais il a été reçu par des amis très proches. Ils m'ont raconté avoir rencontré quelqu'un de très ouvert, très proche des gens, très humain.
Quand j'ai écris ce livre en 2004, j'ai manqué aussi une autre rencontre. Alors que j'étais à Hanoi, lui, malheureusement, était en vacances ! Et après, je lui ai téléphoné. Nous avons parlé par téléphone d'une contribution de sa part dans mon livre. Le général Giáp a écrit un petit mot dans mon livre que j'ai publié en 2004. Donc, je crois que ce qui touche les gens dans sa personnalité, c'est à la fois quelqu'un d'humain, de drôle, proche des gens... C'est en même temps un personnage mythique. Je pense même que c'est un des grands héros du XXe siècle, parce qu'après avoir battu les Français en 1954, il a contribué à la victoire contre les Américains 20 ans plus tard ! C'est absolument exceptionnel. C'est un personnage, j'insiste là-dessus, mythique !
À l'occasion de son 100e anniversaire, je suis heureux de souhaiter au général un excellent anniversaire et une longue vie.
Trân Duc Hùng/CVN