Le défilé des écoles de samba, moment clé du carnaval de Rio

Des millions de Brésiliens s'apprêtent pour la deuxième journée consécutive à envahir les rues, dans une ambiance joyeuse et au rythme de la samba, pour profiter au maximum du célèbre carnaval.

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Un char de l'école de samba Imperio da Casa Verde défile dans le Sambodrome de São Paulo le 26 février.

À Rio, le 26 février, le carnaval atteindra son apothéose avec le célèbre défilé des meilleures écoles de samba de la ville. Costumes extravagants, percussions assourdissantes, chars monumentaux et somptueuses danseuses à peine couvertes de quelques paillettes défileront le long de la "Passerelle de la samba" (vrai nom du sambodrome), une avenue de 700 mètres bordée de gradins à ciel ouvert et de loges pour VIP.

Depuis le 24 février, à travers le pays, de Recife (Nord-Est) à l’État du Minas Gerais dans le sud-est en passant par São Paulo, des millions de Brésiliens ont mis entre parenthèses la grave crise économique qui les frappe de plein fouet et les scandales de corruption au sein de la classe politique.

Un participant au défilé sur la plage d'Ipanema à Rio, le 25 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le 25 février, dans un quartier de Rio de Janeiro, le ciel couvert n'a pas empêché les fêtards de profiter de la musique du Bloco da Favorita. Dès 10h00, certains Cariocas dansaient sur les décibels funk.

Écoles de samba

Les festivités du carnaval de Rio avaient débuté vendredi avec les premiers défilés des écoles de samba. Mais une polémique était venue assombrir l'atmosphère festive : l'absence de Marcello Crivella, pasteur évangélique fraîchement élu maire de la ville.

Le coup d'envoi officiel était prévu en fin d'après-midi, avec la remise symbolique des clés de la ville au Roi Momo, monarque obèse et jovial qui symbolise la folie d'une des plus grandes fêtes populaires de la planète. La cérémonie a finalement eu lieu avec plus de deux heures et demie de retard, et Marcello Crivella, qui goûte fort peu l'exubérance charnelle du carnaval, n'a pas honoré les fêtards de sa présence.

L'édile a été remplacé par son adjointe à la culture, Nilcemar Nogueira, qui a justifié cette absence dérangeante en expliquant aux journalistes qu'il était resté au chevet de sa femme souffrante. "Où est Crivella ?", ont crié certains des 70.000 spectateurs massés au Sambodrome.

Après la polémique, place aux défilés. Avant l'arrivée de la première école de samba, Academicos do Sossego, le rituel avait cette fois été respecté à la lettre : le Sambodrome avait été symboliquement balayé par des éboueurs-danseurs en uniforme orange, entourés de mascottes déguisées en préservatifs géants.

"Bien plus qu'une fête"

Le ministère de la Santé avait déjà annoncé la distribution gratuite de 77 millions de préservatifs, les "camisinhas" (littéralement "petites chemises" en portugais) dans tout le pays, qui s'apprêtait à entamer quatre jours de fête non-stop pour oublier la crise économique, la corruption et les problèmes de violence.

Une danseuse de l'école de samba Aguia de Ouro défile dans le Sambodrome de São Paulo le 25 février
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le carnaval est bien plus qu'une fête. Il nous aide à sublimer pendant quelques jours les problèmes de la vie. C'est d'autant plus important en temps de crise, ça permet de réunir dans la rue un pays déchiré par des inégalités de toutes sortes", a expliqué l'humoriste Gregorio Duvivier.

Cette volonté de laisser de côté les soucis du quotidien n'empêche pas une certaine dose d'engagement politique. L'école de samba Imperatriz Leopoldinense a ainsi choisi pour thème de son défilé la défense des tribus indiennes du Xingu, menacées par l'appétit vorace des pontes de l'agro-business.

Une autre école, São Clemente, a choisi pour thème la vie de Nicolas Fouquet, ancien surintendant des finances de Louis XIV accusé de détournement du trésor public. Une référence subtile au méga-scandale de corruption Petrobras qui secoue le Brésil depuis bientôt trois ans, avec des dizaines de dirigeants d'entreprises et d'hommes politiques de tous bords sous les verrous.

Si l'évocation du Roi Soleil devrait donner l'occasion de briller de mille feux, avec des chars pleins de dorures représentant le château de Versailles et les jardins de Le Nôtre, la crise économique a obligé certaines écoles à se serrer la ceinture.

"Le maître mot, c'est l'austérité", a martelé Luiz Carlos Magalhaes, président de Portela, la formation la plus titrée de l'histoire. Beaucoup ont ainsi misé sur la débrouille, en recyclant des matériaux utilisés les années précédentes.

AFP/VNA/CVN

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