Le déclin des orfèvres aux mains d’argent à Hà Giang

Métier ancestral des Mông dans la province de Hà Giang, la ciselure d’argent de bijoux est réputée pour son extrême délicatesse. Faute de transmission intergénérationnelle, cet art unique est mise à mal ces derniers temps et se trouve menacé de disparition.

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Un set de bijoux traditionnels des Mông au village de Lao Xa, commune de Sung La, district de Dông Van, province de Hà Giang.
Photo : Hông Quang/VNA/CVN

Situé dans la commune de Sung La, district de Dông Van, province montagneuse de Hà Giang (Nord), le village de Lao Xa est réputé pour son précieux patrimoine artisanal, la ciselure d’argent. Les bracelets et autres colliers sont caractérisés par leur grande finesse et minutie, et sont étroitement attachés à la vie quotidienne des locaux. Ces bijoux en argent sont considérés comme des cadeaux précieux pendant les fêtes, et peuvent être inclus dans la dot.

Avec plus de 50 ans d’expérience, Mua Se Sinh est l’un des neuf ciseleurs les plus connus du village, perpétuant une tradition familiale qui en est à sa cinquième génération. Il continue d’ailleurs de transmettre son savoir-faire et ses techniques à ses descendants.

Ciseler l’argent est un travail d’une grande précision, avec des étapes complexes depuis le modelage jusqu’à la décoration, nécessitant une concentration à toute épreuve. Pour faciliter le processus de fabrication, Mua Se Sinh a décidé de confier à chaque membre de sa famille une étape spécifique. C’est ainsi que la transmission intergénérationnelle au sein de la famille peut se faire, de manière efficace, et apporte une plus-value intéressante pour de potentiel repreneurs.

Tout faire pour éviter une voie sans issue

Considérée comme un métier traditionnel chargé d’histoire, la ciselure d’argent doit faire cependant face à la menace de disparition. Il ne reste en effet plus que six familles qui exercent cet art sur les cents que compte le village. La production s’est réduite comme peau de chagrin, et ne dépend plus que de commandes réalisées dans la région. Les débouchés difficiles, la difficulté d’accéder aux financements et le manque de repreneurs qualifiés aggravent la situation, et menacent le sauvetage de ce patrimoine précieux.

Le ciseleur Mua Se Sính prépare le modelage du fil en argent avec la machine pour décorer les colliers.

La production dépend essentiellement des propres économies de chaque famille, sans aucun accès aux crédits de l’État. Un financement insuffisant à l’achat d’équipements ou de machines pour mécaniser certaines étapes de fabrication limite de fait la taille de production. Par ailleurs, une approche peu efficace au marché constitue un autre frein à son développement. Faute d’informations liées aux demandes des clients et à la diversification des modèles, les artistes n’arrivent effectivement pas encore à construire leur propre marque commerciale, ni à accéder aux marchés potentiels domestiques et étrangers. La tendance vers une production industrielle à moindres coûts décourage la jeune génération d’exercer ce métier artisanal, et empêche la transmission des techniques ancestrales aux futurs repreneurs. Les formations professionnelles encore irrégulières et effectuées sur place risquent ainsi d’une pénurie considérable de personnel qualifié.

Face aux menaces de disparition, un projet de mobilisation de capitaux publics sera élaboré, visant à créer de nouvelles opportunités susceptibles de garantir les débouchés stables et un développement plus durable de la ciselure d’argent à Lao Xa. Dinh Chi Thanh, vice-président du Comité populaire du district de Dông Van, affirme que la région privilégiera l’établissement des groupes de familles de ciselure d’argent du village, ce qui constituera une base fiable pour la naissance d’un village d’artisanat ou de coopératives de production. En outre, ce projet mettra l’accent sur les appuis à la formation professionnelle et à la restructuration de la production et de la commercialisation afin d’améliorer la productivité.

Hông Anh/CVN

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