>>Une exposition pour retracer l’histoire des beaux-arts depuis le Dôi moi
L’exposition "Thay hinh dôi mat" plonge les spectateurs dans une époque qui devrait raviver de nombreux souvenirs à tous ceux qui y ont vécu. |
Nguyên Thê Son et Trân Hâu Yên Thê, les deux artistes de l’exposition "Thay hinh dôi mat", nous montrent la ville comme «un musée vivant qui incarne les archives complètes du passé et qui assimile les rythmes changeants de l’ère contemporaine».
Une époque pas si lointaine
Grâce aux tableaux en 3D, les spectateurs ont l’impression de se retrouver plongé dans un passé lointain avec tous ces logements sociaux (Nhà tâp thê) qui jonchent les rues Nui Truc, Thành Công, Thanh Nhàn ou encore Pham Ngoc Thach. Ces habitations reflètent une page importante de l’histoire du logement au Vietnam. «À l’époque, après 1975, les logements sociaux représentaient environ 50% des logements de la capitale avec une quarantaine de zones d’habitations», a souligné l’artiste Nguyên Thê Son.
Et d’ajouter que ces logements étaient le rêve de plusieurs citadins. Les souvenirs de Hanoï sont liés, pour les uns, au «ding ding» de la sonnerie du tram et, pour les autres, à l’odeur de l’alstonia ou à l’image des marchands ambulants. Mais pour tous ceux qui y ont vécu à l’époque des subventions budgétaires, «ces souvenirs sont attachés à l’image des anciens logements sociaux avec leurs escaliers étroits», a affirmé Nguyên Thê Son.
Les métamorphoses des logements sociaux sous l’action incessante de leurs occupants pour les adapter à leurs besoins témoignent du formidable esprit de «débrouillardise» des Vietnamiens. Avons-nous pris assez le temps de nous arrêter et de regarder ces immeubles vivants qui se trouvaient tout autour de nous et qui risquent aujourd’hui de disparaître sans laisser de traces? Nguyên Thê Son et Trân Hâu Yên Thê veulent justement, à travers leur exposition, témoigner de la poésie des logements sociaux et documenter cette forme d’habitation et de mode de vie qui disparaît peu à peu du paysage urbain.
Un devoir de mémoire
Les tableaux en 3D dépeignent la capitale comme un musée vivant. |
En jouant le rôle des «annalistes» pour immortaliser les mémoires sur la ville de Hanoï, Nguyên Thê Son et Trân Hâu Yên Thê ont mis en place des projets de recherche sur les changements de la vie urbaine, notamment les changements architecturaux. Poursuivant ces projets, ils ont décidé d’organiser l’exposition «Devant derrière» en mettant en avance l’image des logements sociaux. Cette exposition est «non seulement un projet artistique mais encore sociologique et anthropologique», a insisté Nguyên Thê Son. Comme les travaux des journalistes, les deux artistes ont mobilisé beaucoup de compétences : rencontrer des témoins, interviewer les familles, consulter les documents. Et ils ont dû passer des nuits blanches pour terminer à temps cette exposition.
Nguyên Thê Son est né en 1978 à Hanoï. Diplômé en 2002 de l’École des beaux-arts du Vietnam, il a poursuivi un master en photographie à Pékin, Chine. Depuis 2000, Nguyên Thê Son a organisé plusieurs expositions comme "Nhà mat phô" (Maisons sur rue), Nhà Tây biên hinh (Transformation des maisons à l’architecture occidentale)… Via les photos, dessins et l’art d’installation, Nguyên Thê Son raconte aux spectateurs le destin de chaque maison et de chaque recoin de la capitale.
Né en 1970, Trân Hâu Yên The est quant à lui peintre, chercheur artistique et enseignant à l'École des beaux-arts du Vietnam. En 2013, Nguyên Thê Son et lui ont inauguré l’exposition "Nhà Tây biên hinh". Depuis 1988, il sillonne toutes les rues de Hanoï pour photographier, noter et interviewer les familles. En décembre 2013, il a publié le livre Song xua phô cu (Fenêtres d’antan des vieilles rues) sous les auspices de l’UNESCO.
Clôture de l’exposition : le 5 novembre.