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L’áo giao lĩnh reproduit par le groupe Dai Viêt Cô Phong. |
Photo : ĐVCP |
La veste à col croisé, avec une longue ceinture à la taille, est la plus populaire et la plus chic dans la culture asiatique. Au Vietnam, plusieurs documents, sculptures et peintures présentent l’áo giao lĩnh sous toutes ses coutures.
Aujourd’hui disparu, le groupe Dai Viêt Cô Phong a décidé de lui redonner vie, et ce de la manière la plus authentique qui soit. À ce détail près qu’il s’adresse aujourd’hui exclusivement aux enfants. Depuis plus d’un an, les membres de Dai Viêt Cô Phong cherchent partout les idées, les matériaux de confection adaptés, les coupes, et mettent tout cela bout à bout à des fins d’expérimentation, l’objectif étant de reproduire l’habit le plus fidèlement possible. Fin juin 2016, le groupe a finalement publié un portfolio sur ces réalisations. Le résultat est convaincant.
«Au Vietnam, la plus ancienne représentation de l’+áo giao lĩnh+ connue a été retrouvée à la pagode Phât Tich grâce aux sculptures d’A Di Ðà, qui remontent à la dynastie des Ly (1010-1225, ndlr). Puis, les peintures et sculptures datant des XVIIe et XVIIIe siècles ont montré que ce costume était porté partout par les Vietnamiens», informe Trúc Thanh, membre du groupe Dai Viêt Cô Phong. Et d'ajouter : «Notre groupe s’est basé sur tous ces éléments pour confectionner ces anciennes vestes, en utilisant la soie tissée par la famille de feu l'artisan Triêu Van Mao».
En quête d’authenticité
L’áo giao lĩnh vers la fin de la dynastie des Lê postérieurs (au XVIIIe siècle). |
Photo : T.L |
Le design de cet áo giao lĩnh est plutôt simple. En plus des documents et photos aisément trouvables dans les monuments historiques au Vietnam, le groupe a également contacté l’historien Trân Quang Ðuc, auteur du livre Ngàn năm áo mũ, publié en 2013, lequel présente les vêtements traditionnels du Vietnam.
Au début, le groupe voulait que le noir soit la couleur dominante. Mais depuis, d’autres couleurs ont fait leur apparition.
«Il n’est jamais simple de recréer un habit traditionnel que plus personne ne porte», explique Ðang Hang, membre du groupe. «Cela nous a pris énormément de temps de rechercher les matières premières de confection originales. Et nous nous sommes vite rendus compte que l’on pouvait s’autoriser à quelques impairs dans ce domaine». Le groupe a donc décidé d’utiliser des fibres textiles permettant de reproduire cet habit de manière crédible, c’est-à-dire en respectant le modèle et l’esprit de l’époque, tout en étant agréable à porter pour les enfants.
Dans la lignée de ce projet, Dai Viêt Cô Phong voudrait également remettre au goût du jour les autres valeurs traditionnelles de la culture vietnamienne, pas simplement sur le plan vestimentaire, mais aussi en matière d’architecture, d’objets quotidiens, de coutumes, etc. «Nos métiers sont différents… et nous sommes majoritairement des élèves et étudiants. Nous devons financer nos idées nous-mêmes», partage Luc Binh, un autre membre du groupe.
Leur travail est apprécié des professionnels, comme par exemple le peintre Nguyên Manh Ðuc, qui insiste sur le fait que ce projet est un premier pas en vue de la réalisation de films historiques vietnamiens. «Notre prochain projet est de restaurer les costumes traditionnels des fonctionnaires et nobles des dynasties des Nguyên et des Lê», annonce Dang Hang, dont les idées, visiblement, fourmillent dans son cortex.
Trinh Nguyên - Đăng Dương/CVN