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La marque Apple refuse de répondre favorablement à une requête judiciaire, portant sur l'attaque de San Bernardino en Californie. |
Une juge américaine a exigé le 16 février qu'Apple aide la police fédérale (FBI) à accéder au contenu crypté de l'iPhone d'un des auteurs radicalisés de la fusillade de San Bernardino, qui avait fait 14 morts début décembre en Californie.
Apple a depuis dénoncé une requête "sans précédent". Elle "menace la sécurité" de ses clients et "a des implications dépassant largement le cadre légal de cette affaire", selon son patron Tim Cook.
Il a reçu le soutien du patron de Google, Sundar Pichai, qui a estimé sur Twitter que "forcer les groupes à autoriser le piratage pourrait compromettre la sphère privée des utilisateurs".
"Nous concevons des produits sûrs pour protéger vos informations et donnons aux forces de l'ordre accès aux données sur la base de mandats légaux valides", a-t-il poursuivi.
"Mais ceci est complètement différent que de demander aux groupes de permettre le piratage des appareils et données des clients. Cela pourrait constituer un précédent troublant", a asséné le patron de Google, qualifiant d'"importants" les arguments de Tim Cook.
Le patron de Google, Sundar Pichai, à New Delhi, le 16 décembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les grands groupes technologiques comme Apple ou Google proposent de plus en plus de produits et applications inviolables, dont seul l'utilisateur détient la clef.
Ils affirment que cette sécurité améliorée est nécessaire pour garder la confiance des consommateurs. À l'inverse, les autorités regrettent que ces téléphones inviolables puissent aider criminels et jihadistes.
Au Congrès américain, le débat sur le cryptage des données est au point mort.
"C'est une manœuvre intelligente de la part du FBI de se déplacer du terrain législatif, où ils ne gagnent pas, vers les tribunaux", note donc Joseph Hall, du Centre pour la démocratie et la technologie, un groupe qui défend les droits des internautes.
La décision de la juge a provoqué une levée de boucliers des défenseurs des libertés individuelles, qui y voient une brèche permettant une surveillance sans limites aux États-Unis et ailleurs.
"Si le FBI peut forcer Apple à pirater les appareils de ses propres consommateurs, alors tous les régimes répressifs du monde pourraient également le faire", pointe Alex Abdo, de l'Association de défense des libertés civiles (ACLU). "C'est tout à l'honneur d'Apple de rester ferme sur sa volonté d'offrir des appareils inviolables à ses clients".
"Protéger un terroriste mort"
Les funérailles d'Yvette Velasco, tuée dans la fusillade de San Bernardino le 2 décembre 2015, à Covina, le 10 décembre 2015, aux États-Unis |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Tout le monde n'est pas de cet avis. "Le ministère de la Justice ne demande pas à Apple de modifier son produit ou de créer un moyen détourné d'accéder à l'un de leurs produits", a martelé Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche. "Il demande simplement quelque chose qui aurait un impact sur cet appareil spécifique".
Barack Obama "croit au principe de la protection de la vie privée et des libertés des Américains", a-t-il souligné, assurant le FBI et le ministère de la Justice du "plein soutien de la Maison Blanche" dans ce dossier.
Le chef de la police de New York, Bill Bratton, est allé dans le même sens : "On ne peut pas donner à ceux qui cherchent à nous nuire les outils qui leur permettent de garder leurs activités secrètes."
"Apple a choisi de protéger un terroriste de l'État islamique mort plutôt que le peuple américain", a tonné Tom Cotton, sénateur républicain de l'Arkansas, estimant que face au refus d'Apple, "une loi sur le sujet est vraisemblablement la seule manière de résoudre ce problème".
La vraie question restant de savoir si Apple peut techniquement aider le FBI, selon Joseph Hall. "Apple n'a pas les clés, elles ne figurent que sur la puce de votre appareil", assure-t-il. "Mais ils ont des logiciels probablement capables" de contourner le cryptage.
Personne ne sait si Apple est vraiment en mesure de contourner les clés de cryptage, relève aussi Darren Hayes, professeur de criminologie informatique à la Pace University. Mais "le fait qu'ils contestent le jugement de cette manière me fait penser qu'ils en sont capables".