France
Crise agricole : le gouvernement accentue la pression sur la grande distribution

Les ministres de l'Agriculture et de l'Économie ont accentué la pression sur la grande distribution, vendredi 12 février, lors d'une réunion, à laquelle participaient aussi industriels et agriculteurs, alors que la colère des agriculteurs ne faiblit pas sur le terrain.

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"Il n'est pas acceptable que les négociations commerciales conduisent en 2016 à des baisses de prix pour les filières en difficulté", a déclaré le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, devant la presse, à la fin de la rencontre, en annonçant un point d'étape d'ici à la mi-mars.

Il a souligné que les contrôles menés par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les négociations commerciales (entre fournisseurs et distributeurs) avaient été renforcés de 70% par rapport à l'an dernier, et continueront de l'être jusqu'à la fin février.

Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, devant la presse, le 12 février à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les deux ministres ont tapé du poing sur la table pour essayer de casser l'engrenage qui s'est mis en place depuis plusieurs années : la grande distribution faisant pression pour que les industriels baissent leur prix et ceux-ci estimant qu'ils ne peuvent descendre leurs coûts qu'en payant moins cher leur matière première aux agriculteurs.

La DGCCRF a ainsi indiqué dans un communiqué avoir effectué le 9 février "une perquisition dans les locaux d’une enseigne de la grande distribution", à qui plusieurs fournisseurs reprochaient "de leur imposer comme préalable à la négociation au titre de 2016 le versement d’une remise d'un montant significatif non négociable", une pratique qui pourrait "faire l’objet d’une action en justice par le ministre de l’Économie".

"Cette année, et après deux années de déflation continue des prix des produits alimentaires en grandes surfaces, les négociations commerciales (...) se déroulent dans une atmosphère délétère, sur fond de demandes de déflation exorbitantes et irresponsables de la part des quatre centrales d’achat", a déploré l'association nationale des industries agroalimentaire (Ania) dans un communiqué.

Stéphane Le Foll et Emmanuel Macron ont donc demandé aux différents acteurs de "faire des propositions concrètes" pour faire évoluer le cadre des négociations commerciales. Cela pourrait notamment passer par la contractualisation "pour mettre plus de transparence et éviter que les marges soient captés par untel ou untel", a expliqué M. Macron.

Contrat tripartite

Le distributeur Auchan a d'ailleurs annoncé vendredi 12 février la mise en place d'un contrat tripartite, associant plusieurs producteurs de porc du Nord/Pas-de-Calais, aux discussions avec les industriels pour fixer les prix des produits.

Mais, la contractualisation ne fait pas l'unanimité. "C'est quelque part devenir des sous-traitants de la grande distribution et nous ne le voulons pas", a déclaré le président de l'Ania Jean-Philippe Girard.

Un rendez-vous a été fixé à la première quinzaine de mars pour faire un point sur ces propositions.

"Pour nous, le point d'étape va aussi se situer dans les exploitations ", a prévenu le secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau, qui explique que "les agriculteurs attendent des résultats".

"Si nous n'arrivons pas à co-contruire ces propositions, nous ne nous interdisons pas de modifier la Loi de modernisation de l'économie (LME). Ce n'est pas notre souhait premier, mais c'est une menace réelle", a averti M. Macron.

M. le Foll a également lancé un travail avec FranceAgriMer "pour réviser les critères de fixation des prix" au niveau notamment du lait et du porc.

Les représentants de la grande distribution avaient déjà été reçus par le Premier ministre,Manuel Valls, pour évoquer ces négociations annuelles qui pèsent par ricochet sur les prix agricoles. Et jeudi 11 février c'est le président de la République François Hollande qui est intervenu pour promettre "une nouvelle baisse des cotisations sociales, tout de suite, pour l'ensemble des agriculteurs".

La réunion de vendredi 12 février se voulait un signe d'apaisement envers des agriculteurs à bout, qui ont multiplié les actions vendredi, malgré le remaniement et les annonces présidentielles. La grande distribution a particulièrement été visée, ainsi que plusieurs élus socialistes.


AFP/VNA/CVN

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