France
Après le départ de Fabius, Royal reprend tout le dossier climat

La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, va prendre la présidence de la COP21, un rôle clé pour assurer l'avenir de l'accord de Paris sur le climat, et une nomination au goût de revanche après le départ de son rival de longue date, Laurent Fabius.

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"C'est vrai que le président m'a proposé hier (le 16 février) de prendre cette responsabilité, que j'ai acceptée", a-t-elle dit le 17 février sur iTÉLÉ.

L'Élysée a confirmé cette désignation, sans pouvoir toutefois donner de date pour son officialisation.

Ségolène Royal lors de la COP21 à Paris, le 9 décembre 2015.
Photo : AFP/VNA/CVN

Elle devait ensuite être notifiée par lettre à Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, cadre de la négociation internationale pour lutter contre le dérèglement climatique.

Ce mandat doit durer jusqu'à la COP22 de Marrakech, en novembre.

Le départ de Laurent Fabius, qui a renoncé à contre-cœur le 15 février à conserver cette fonction, laissait la ministre en première ligne sur ce dossier.

L'ex-chef de la diplomatie, loué pour son rôle dans la préparation et l'obtention d'un accord historique en décembre, a jeté l'éponge devant la polémique créée par sa volonté de cumuler ce rôle avec la présidence du Conseil constitutionnel.

Mme Royal avait estimé quelques jours avant qu'il fallait "clarifier les règles du jeu" concernant le double rôle auquel il aspirait.

La nouvelle attribution de la ministre, officiellement "chargée des relations internationales sur le climat" par le remaniement la semaine dernière, faisait de toute façon pressentir des grincements sur le partage des tâches, entre deux personnalités aux relations notoirement peu amicales depuis la primaire socialiste pour la présidentielle de 2007.

"Travail lourd"

En janvier 2015, au retour d'une COP20 de Lima parfois tendue, le rôle de chacun avait été défini en conseil des ministres : à lui la négociation multilatérale, à elle la représentation de la France et la négociation au sein de l'UE.

Pendant la COP même, Mme Royal s'est impliquée dans "l'agenda des solutions", les projets de la société civile contre le réchauffement. En 13 jours, elle a participé à une centaine d'événements, parcourant quotidiennement 15 km de travées, selon son podomètre.

Vue de pingouins dans l'Antarctique.

On l'a vue accueillir au Bourget les chefs d'État au côté de François Hollande, dînant à l'Ambroisie avec Barack Obama.

Présidente de la COP21, elle devra contribuer à lancer la difficile mise en œuvre de l'accord de Paris.

Définir la stratégie et l'enjeu même de la COP à venir, avec son successeur marocain et l'ONU, est au cœur de la mission du président sortant, explique une source familière de ces négociations.

L'accord, dans lequel 195 pays aux intérêts souvent divergents s'engagent à limiter le réchauffement à 2 voire 1,5°C, doit entrer en vigueur en 2020, mais il faudra bien en amont préciser et renforcer ses dispositions.

Les chantiers ne manquent pas, comme celui des financements promis aux pays du Sud, ou la vérification des engagements nationaux pour limiter les gaz à effet de serre.

"Il ne faut pas laisser retomber l'élan", a dit Mme Royal. "C'est un travail lourd, que j'ai commencé à faire".

Étape importante, le lancement du processus de signature, le 22 avril à l'ONU.

Mme Royal souhaiterait que les pays de l'UE se coordonnent sur les dates de signature et ratification, "pour que ça ait de l'allure" et un effet d'entraînement. François Hollande, présent le 22 avril, devrait pousser à ce que ses homologues viennent aussi à New York.

Parmi les priorités de Mme Royal, la "coalition pour un prix du carbone", et aussi soutenir l'Afrique, dont elle recevra les ambassadeurs la semaine prochaine.

"L'Afrique peut être un laboratoire pour faire l'économie des énergies fossiles, avec le solaire, la géothermie, l'hydroélectrique... Il faut une méthodologie, et que ça bouge d'ici fin 2016," dit-elle.

Autour du lac Tchad, il faut "agir village par village" : "Je ne suis pas que dans les discours ou les conférences internationales. Il faut bouger avec du pragmatisme, de l'appui aux femmes..."

On se souvient de ses déclarations choc au Monde en juin 2015, jugeant "les négociations de l'ONU (...) totalement inadaptées à l'urgence climatique" et appelant à "changer de méthode".

Façon d'"aider", avait-elle expliqué, à dynamiser des tractations climatiques alors engluées dans des questions de formulation et de ponctuation.

AFP/VNA/CVN

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