>>Cinéma : la Berlinale à l’heure vietnamienne
+Je vois les fleurs jaunes sur l’herbe verte+ du réalisateur Victor Vu, a reçu |
La roue a donc enfin fini par tourner. On comptait seulement vingt films vietnamiens projetés en 2013 et 2014. Mais en 2015, tout a changé. En effet, le chiffre a dépassé un total de quarante !
Il s’agit donc d’un signe encourageant pour un secteur culturel qui, pendant des années, s’est retrouvé dans l’ombre des films étrangers. À l’occasion des vacances d’été, et pendant le Têt traditionnel (Nouvel An lunaire), de nombreuses projections ont bénéficié d’un éclairage supplémentaire.
Le cinéma vietnamien est de retour, et il compte bien le rester. Pour information, un film comme 49 ngày (49 jours) peut par exemple se féliciter de totaliser un chiffre d’affaires de soixante milliards de dôngs.
On note aussi un nouvel élan pour le marché du divertissement. Par exemple, une récente série de films sur les thèmes de la jeunesse, l’amour et l’amitié a frappé le box-office, comme Yêu (Amour) et Em là bà nôi cua anh (Miss mamie). Ces derniers ont notamment été appréciés par les jeunes spectateurs, qui représentent une part importante chez les amateurs de cinéma.
Des récompenses prestigieuses
À présent, coup de projecteur sur le 19e Festival du film du Vietnam (VFF). À l’occasion de cet événement, il a décoré en décembre dernier le film Tôi thây hoa vàng trên co xanh (Je vois les fleurs jaunes sur l’herbe verte) du réalisateur Victor Vu. Cette manifestation culturelle a connu un franc succès puisque certains spectateurs ont même eu la chance d’échanger quelques mots avec des producteurs de films et des acteurs.
Le garçon Thiên Nhân du documentaire +La flamme |
Photo : PP/CVN |
Rappelons aussi qu’en règle générale, les films vietnamiens s’inspirent des thèmes liés aux grands événements du pays (sur l’histoire nationale, ou les guerres révolutionnaires). Un des films les plus connus dans cette catégorie est sans nul doute Nguoi tro vê (Le retour des soldats), du réalisateur Dang Thai Huyên. Et lors de sa première journée de projection, il a créé la surprise grâce à ses séquences précieuses concernant la période de l’après-guerre au Vietnam. Par ailleurs, l’autre grand succès concerne Thâu Chin o Xiêm (Thâu Chin en Thaïlande), un film qui retrace la période où l’Oncle Hô a travaillé en Thaïlande comme révolutionnaire.
Mais fort heureusement, ces longs-métrages ne sont pas les seules bonnes nouvelles pour le cinéma national. Citons aussi Dâp canh giua không trung (Battre les ailes dans l’air), un film du réalisateur Nguyên Hoàng Diêp. La projection a eu un grand succès et il a même été sélectionné pour être projeté au Festival international du film de Toronto (Canada) ainsi qu’au Festival international du film de Busan (République de Corée).
De son côté, Cha và con và... (Grand-père, petit-fils autres histoires), un drame réalisé par Phan Dang Di, a lui aussi été reconnu. Il a en effet reçu la nomination pour le meilleur film au 65e Festival international du film de Berlin, et a été nommé pour le prix de la production des jeunes réalisateurs au Festival du film de Hong Kong (Chine).
Par ailleurs, il est également important de rappeler l’émergence du genre documentaire qui refait petit à petit son apparition dans les festivals internationaux, après des années de silence. Chuyên di cuoi cung cua chi Phung (Le dernier voyage de Mme Phung) de la réalisatrice Nguyên Thi Tham, en est le parfait exemple. Il raconte l’histoire d’une chef de troupe artistique, Phung, et de sa trentaine de chanteurs et de magiciens qui sillonnent le Vietnam. Dans cette œuvre, ils suscitent la fascination, mais aussi l’hostilité auprès des locaux. De son côté, Lua Thiên Nhân (La flamme de Thiên Nhân), a lui aussi connu un franc succès. Ce dernier raconte le parcours d’un jeune garçon abandonné vers la reconquête des fonctions normales du corps pour commencer une nouvelle vie grâce à sa mère adoptive.
Une scène du film +Le retour des soldats+ |
Photo : TT/CVN |
Le rôle primordial de l’État
Pour atteindre de tels succès dans le commerce et l’art, les cinéastes vietnamiens ont dû travailler de pied ferme pour répondre à la demande d’une cible qui est de plus en plus vaste. La double victoire de Je vois les fleurs jaunes sur l’herbe verte au 19e VFF (dans deux catégories du prix Lotus d’or) a alimenté l’espoir pour le cinéma national. Il semble également important de souligner le fait qu’un film se trouve sous la tutelle du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Ainsi, cette coordination peut être une clé pour la production de plusieurs films à succès, et c’est notamment le cas concernant le commerce et l’art. Dans ce partenariat, l’État joue donc un rôle primordial dans l’orientation thématique, le contenu du film, mais aussi dans son budget.
De plus, les films indépendants sont également un domaine prometteur pour le parrainage et la participation aux festivals internationaux. Passionnée et déterminée la génération de cinéastes d’aujourd’hui joue un rôle actif dans la recherche autour de la production des films. N’oublions pas en effet qu’ils ont pour objectif premier d’attirer les spectateurs dans les salles.
Enfin, les retours de nombreux réalisateurs vietnamiens d’outre-mer tels que Victor Vu, Cuong Ngô, Linh Bùi, Lê Van Kiêt et la montée de jeunes réalisateurs talentueux (qui ont été bien formés comme Phan Gia Nhât Linh, Dô Quôc Trung, Ta Nguyên Hiêp et Trân Dung Thanh Huy) devraient être la force du cinéma vietnamien de demain qui tente de refaire surface petit à petit sur le devant de la scène.
Thuy Hà/CVN