Le cinéma vietnamien recherche studios désespérément

C'est un moment de vérité avant que les cinéastes et acteurs ne plongeaient dans la fiction : les studios jouent un rôle majeur pour la production cinématographique.

Mais depuis plusieurs années, les cinéastes vietnamiens doivent se démener pour trouver un lieu de tournage convenable et réaliser leurs plans. Ainsi, dans le film Hanoi, hiver 1946, l'équipe du réalisateur Dang Nhât Minh a consacré un temps fou à la recherche des décors de la scène "Hô Chi Minh au palais du Tonkin" pour finalement choisir un bureau de l'hôpital K. De même, l'appartement de la famille de l'héroïne Dang Thùy Trâm dans Ne brûle pas ! a été construit dans un bâtiment du quartier Kim Liên, à Hanoi, lequel récemment libéré en vue d'une nouvelle construction. Quant à l'équipe du film Clins d'œil au destin, elle fut obligée de se rendre jusqu'à Nam Dinh, à 87 km au sud de Hanoi, pour capter des plans des rues et corporations de Hanoi il y a 40 ans...

Au manque des studios s'ajoutent le foisonnement des téléfilms. Le besoin rend industrieux. Les équipes de production ont souvent tendance à demander aux impresarii rompus à l'exercice ou aux comédiens populaires de faire jouer leurs relations. Ces derniers se débrouillent à leur tour pour dénicher un lieu de tournage. Mais nul n'est sûr de pouvoir mener à terme son projet. Comme ce propriétaire qui dès le deuxième jour de tournage se plait du dérangement. Alors seul le strict minimum fut concédé sur les lieux, le reste de l'équipe attendant au coin de la rue, comme une troupe de saltimbanques désœuvrés. Et dans le pire des cas, sans décors appropriés, certains se trouvent dans l'obligation d'arrêter le tournage, de couper quelques scènes ou de modifier le contenu du scénario...

Conscients de ce besoin, plusieurs agences cinématographiques, nationales et privées, ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Soit en indépendant, soit en partenariat avec d'autres agences ou sociétés, y compris étrangères, les projets de studios modernes sont désormais à l'étude, certains ayant même déjà été menés à terme.

Des projets qui fleurissent

Au Sud, Chanh Phuong Film de l'artiste Chanh Tin a investi un million de dollars pour construire un studio sur un terrain de 2.000 m² localisé dans la zone industrielle de Tân Thoi Nhât (12e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville). CJ Media, associé à 3 partenaires, vient d'inaugurer un studio pour les réalisations extérieures d'une superficie de 15.000 m² et un autre de 4.000 m² pour les réalisations intérieures, installés respectivement dans les 9e et 2e arrondissements. La société Famille Viet prépare quant à elle un studio pour les tournages en intérieur ainsi qu'en extérieur sur une superficie de 20.000 m². Et surtout, la société par actions Tri Viêt a démarré la construction d'un site de studios sur un terrain de 10 hectares avec un capital d'investissement initial de 20 millions de dollars.

Le Nord du pays n'est pas en reste. Mesa exploite depuis peu un studio à My Hào (Hung Yên) dont l'image est liée aux Célibataires heureux de VFC relevant de la Télévision du Vietnam. Le Studio central de films documentaires et scientifiques du Vietnam a inauguré son studio de 300 m², aux standards internationaux. La corporation de films d'animation du Vietnam vient de mettre en chantier un studio pour les réalisations intérieures d'environ 200 m² et spécialisé dans la technologie des films 3D...

VTV (Vietnam Télévision) est toute aussi active avec ses préparatifs pour mettre en chantier un grand studio à 20 km de Hanoi. Sur 7 hectares, cet ouvrage comprendra 3 ou 4 studios de 1.000 m² chacun et des installations extérieures : décors de ville, de campagne ou de rues anciennes. Néanmoins, deux à trois ans seront nécessaires avant d'en profiter.

Ailleurs, notons le quartier touristique culturel Dai Nam, dans la province de Binh Duong, avec plus de 300 hectares. Mais la plupart des installations sont conçues pour des activités touristiques, ce qui limiterait leur utilisation comme décors cinématographiques.

Utilisés avant même d'être finis

Récemment, dix milliards de dôngs étaient consacrés à la première phase de l'amélioration et de la restauration du site cinématographique de Cô Loa, construit il y a 40 ans et déserté depuis. Pour le moment, deux bâtiments de 200 m² sont en réparation afin d'héberger des équipes de production de films et on devrait bientôt commencer la réparation et l'amélioration du studio Duc (ouvrage à l'époque soutenu par l'Allemagne). De plus, des travaux de désencombrement et de nivellement sur 5 hectares sont en cours, ce qui a pour but de créer des décors extérieurs que devraient récupérer le film historique Trân Thu Dô (prévu pour célébrer les 1000 ans Thang Long - Hanoï).

Le site ressemble néanmoins toujours à un vaste terrain vague et son côté "en ruine" prime. Mais la mise en service ne peut plus attendre. Le studio pour les réalisations intérieures est encore en piteux état mais cela n'empêche pas les équipes de s'y rendre. Citons En suspens, L'été froid, Trân Thu Dô qui furent tournés sur ses terres.

En évoquant L'été froid, il faut savoir que le réalisateur Ngô Quang Hai a sorti de sa poche plus de cent millions de dôngs pour les décors d'hôtel. Mais faute de suffisamment de capital et de studio, il a reporté son œuvre, détruisant tout pour donner la priorité au film Trân Thu Dô. Alors, l'équipe de Trân Thu Dô a racheté du matériel démonté afin de l'utiliser pour les nouveaux décors. Selon le calendrier, son tournage commencera début juin avec deux séances en intérieur tandis que les décors extérieurs - la citadine de Thang Long sur 5 hectares qui viennent d'être nivelés - seront en cours d'exécution.

Pendant les préparations et le tournage du film Trân Thu Dô, l'amélioration et la restauration du studio se poursuivent. Récemment, Nguyên Van Nhiêm, directeur du studio Cô Loa a soumis au ministère de la Culture, des Informations et du Tourisme le plan de la 2è phase du projet, selon laquelle seront construits deux studios de 2.000 m², un autre de 1.000 m² (la plate-forme pour les tournages en intérieur sera doté de systèmes sonores et d'éclairages modernes) et un bâtiment administratif.

Parallèlement aux plans d'amélioration, de restauration et de construction de nouvelles installations cinématographiques, la formation des ressources humaines est aussi planifiée dans cette deuxième phase. Le 7e art au Vietnam s'oriente enfin vers la professionnalisation.

Minh Phuong/CVN

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