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Une fresque destinée à sensibiliser au risque du COVID-19 peinte par le groupe artistique Wachata, sur un mur de Dar es Salaam (Tanzanie), le 26 mai 2020. |
Depuis le début de la pandémie, le président Magufuli n'a eu de cesse de minimiser la dangerosité du coronavirus. Le pays a publié pour la dernière fois des chiffres officiels sur les infections au coronavirus en avril 2020 (509 cas officiellement).
En juin, le chef de l'État avait même affirmé que les prières avaient sauvé son pays et l'avait déclaré "libéré du COVID". Mais ces dernières semaines, la Tanzanie est frappée par une vague de décès officiellement attribués à des pneumonies.
Mercredi 18 février, ce sont deux personnalités qui ont été emportées : le premier vice-président de l'archipel semi-autonome de Zanzibar Seif Sharif Hamad, dont le parti a confirmé qu'il avait contracté le COVID-19, et le chef de la fonction publique John Kijazi.
"De nombreux Tanzaniens voyageant dans les pays voisins et au-delà ont été testés positifs au COVID-19. Cela montre la nécessité pour la Tanzanie de prendre des mesures robustes pour protéger à la fois sa propre population et les populations de ces pays et d'ailleurs", a appelé le chef éthiopien de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué.
M. Tedros souligne que, déjà en janvier, il avait invité les autorités tanzaniennes à prendre des mesures de santé publique contre le COVID-19, à se préparer à la vaccination et à partager les données sur la pandémie.
"Depuis lors, j'ai parlé à plusieurs responsables en Tanzanie mais l'OMS attend encore de recevoir des informations concernant les mesures prises par la Tanzanie pour répondre à la pandémie", a-t-il déploré.
"La situation reste très préoccupante. Je renouvelle mon appel à la Tanzanie à commencer à rapporter les cas de Covid-19 et à partager les chiffres. J'appelle aussi la Tanzanie à mettre en œuvre des mesures de santé publique qui permettent de briser les chaînes de transmission et à se préparer à la vaccination", a ajouté M. Tedros.
"Dieu en premier"
L'appel de l'OMS vient renforcer celui formulé depuis la Tanzanie par certaines personnalités et groupes de pression, au risque parfois d'être harcelés par les autorités.
Seif Sharif Hamad à Stone Town le 27 octobre 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Samedi 20 février, l'ordre des avocats de Tanzanie (Tanzania Law Society – TLS) est devenu le premier corps professionnel à demander au gouvernement de reconnaître ouvertement la présence du virus et de prendre les mesures appropriées.
"La pandémie du COVID-19 est une réalité dans le pays et le nombre des morts a augmenté ces derniers mois. Familles et institutions diverses perdent beaucoup d'employés, de membres, de parents, d'amis et de voisins", indique l'ordre, soulignant que certains de ses membres ont déjà succombé au COVID-19.
Ces derniers jours, le président Magufuli a graduellement infléchi son discours sur le COVID-19. Jeudi 19 février, lors des obsèques du chef de la fonction publique, M. Magufuli, réélu en octobre pour un second mandat de cinq ans, a évoqué le virus sans jamais le nommer.
"Quand cette maladie respiratoire est apparue l'an dernier, nous avons gagné parce que nous avons placé Dieu en premier et pris d'autres mesures. Je suis sûr que nous vaincrons à nouveau si nous refaisons de même", a-t-il déclaré.
"Nous ne ferons aucun confinement", a-t-il toutefois averti. "Continuons à placer Dieu en premier et à prendre des précautions."
Dimanche, le président a révélé que certains de ses proches avaient été infectés et a encouragé à demi-mots le port du masque.
"Certains parmi mes proches collaborateurs et des membres de ma famille sont tombés malades mais ils ont guéri", a-t-il déclaré lors d'un office religieux dans une église catholique de Dar es Salaam.
"Le gouvernement n'a pas prohibé le port du masque. Seulement, choisissez bien les masques que vous portez. Les masques importés peuvent nous apporter le Covid. Utilisez les masques fabriqués par le ministère de la Santé ou que vous fabriquez vous-mêmes", a-t-il lancé.
En janvier, le président Magufuli avait déjà qualifié de "dangereux" les vaccins contre le COVID. Dimanche 21 février, le ministère de la Santé a publié un communiqué appelant la population "à continuer de croire en Dieu". Et à respecter les gestes barrières, port du masque inclus.
AFP/VNA/CVN