"D'ores et déjà, nous pouvons attribuer l'augmentation du nombre de jours de chaleur au cours des dernières années à un accroissement des gaz à effet de serre", a indiqué le 18 novembre Thomas Stocker, co-président du GIEC, organe scientifique de référence sur le climat, en rendant public le rapport à l'issue lors d'une réunion à Kampala.
Publié dix jours avant le début des négociations de l'ONU sur le climat à Durban (Afrique du Sud), le rapport spécial du GIEC constitue le travail le plus complet mené à ce jour sur les épisodes météorologiques extrêmes.
"Il est quasiment certain qu'il y aura au XXIe siècle des augmentations de la fréquence et du niveau des chaleurs extrêmes, et moins de froids extrêmes", a-t-il ajouté devant la presse. "De très fortes précipitations seront plus fréquentes dans de nombreuses régions du monde".
Le rapport a étudié les possibilités de chaleur et de pluies extrêmes selon trois scénarios, allant d'une forte réduction des émissions de CO2 à une hausse des émissions basées sur nos modes de vie actuels.
Jusqu'en 2050, les pluies et les chaleurs augmentent de façon similaire dans les trois scénarios. Mais vers la fin du siècle, les trois courbes divergent considérablement, avec des vagues de chaleur et des pics de pluie beaucoup plus importants et plus fréquents dans un monde saturé de gaz à effet de serre.
Ainsi, dans le scénario d'émissions hautes, les pics de températures rencontrés actuellement tous les 20 ans se produiront tous les cinq ans d'ici 2050, et tous les ans ou tous les deux ans vers la fin du siècle.
Les extrêmes de précipitations suivront la même tendance.
Selon Qin Dahe, également co-président du GIEC, le panel est "convaincu" que le changement climatique stimulera la fonte des glaciers, un souci majeur pour les pays d'Asie et d'Amérique du Sud qui en dépendent pour leur approvisionnement en eau.
Pour d'autres événements extrêmes comme les ouragans ou les cyclones, les scientifiques sont encore incapables d'établir précisément l'impact du changement climatique, du fait du manque de données et "de la variabilité du système climatique", a indiqué M. Stocker.
Certaines études suggèrent qu'une atmosphère et une surface de la mer plus chaudes, combinées avec davantage d'humidité dans l'air, devraient aggraver les orages tropicaux.
Le document en 20 pages publié le 18 novembre résume les conclusions d'un rapport de 800 pages, qui épluche des milliers d'articles scientifiques publiés récemment dans des revues de référence. Quelque 200 chercheurs y ont travaillé pendant trois ans et il a été approuvé cette semaine lors de la réunion des 194 pays du GIEC, qui rassemble des experts et des représentants des gouvernements. "Ce rapport lance une nouvelle alarme", a souligné Connie Hedegaard, commissaire européenne pour le climat, dans un communiqué publié à Bruxelles. "Avec tout ce que l'on sait et les arguments rationnels en faveur d'une action urgente, il est frustrant de voir que quelques gouvernements ne manifestent pas de volonté d'agir".
"Ce rapport ne devrait laisser aucun doute aux gouvernements sur le fait que le changement climatique, par son effet sur les événements météorologiques extrêmes, cause déjà des dommages à la vie et aux moyens d'existence de millions de gens", a souligné Bob Ward, de l'Institut sur le climat de la London School of Economics.
AFP/VNA/CVN