>>L'"avalanche de preuves" suffit à condamner El Chapo, affirme l'accusation
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Joaquin Guzman, alias "El Chapo", le 22 février 2014 à Mexico. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les 12 jurés du tribunal fédéral de Brooklyn ont jugé El Chapo, figure de légende des cartels mexicains, coupable des dix chefs d'accusation à son encontre. À commencer par le principal, à savoir qu'il avait co-dirigé le puissant cartel de Sinaloa, responsable de l'exportation de centaines de tonnes de cocaïne et d'autres drogues aux États-Unis entre 1989 et 2014.
Ce verdict devrait valoir, aux termes de la loi américaine, une peine de perpétuité non négociable à "El Chapo", 61 ans, qui avait été extradé aux États-Unis en janvier 2017 après deux évasions spectaculaires au Mexique. Le prononcé de sa sentence est prévu pour le 25 juin.
À l'annonce du verdict, El Chapo, en costume gris et chemise beige, a regardé sa jeune épouse, Emma Coronel, qui a assisté à la quasi-totalité du procès, et mis la main sur le cœur. Cette ex-reine de beauté américano-mexicaine de 29 ans, avec qui il a eu deux filles jumelles, lui a soufflé un baiser.
Les avocats d'El Chapo ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel. "Pour le meilleur ou pour le pire, (El Chapo) est quelqu'un qui ne renonce jamais", a déclaré un des avocats, Bill Purpura.
"Ténacité et détermination"
De nombreux responsables du gouvernement américain, qui n'avait jamais obtenu l'extradition du Colombien Pablo Escobar, mort dans une opération policière à Medellin en 1993, ont eux salué ce verdict, obtenu après des années d'une vaste et coûteuse enquête internationale.
L'affaire a montré "le rayonnement extraordinaire du gouvernement américain, notre ténacité et détermination à poursuivre des chefs de cartels", a affirmé le ministre de la Justice par intérim, Matthew Whitaker.
"Ce procès a levé le rideau sur le trafic international de drogue comme aucun procès ne l'avait jamais fait", s'est aussi félicité le procureur fédéral de Brooklyn, Richard Donoghue. "Il a aussi révélé qu'ils ont pu opérer grâce à une corruption endémique - c'est inacceptable et cela va s'arrêter", a-t-il ajouté.
La justice américaine tenait à exposer le fonctionnement des cartels latino-américains qui inondent les États-Unis de drogue depuis les années 80. Le cartel de Sinaloa, du nom d'un État au Nord-Ouest du Mexique dont El Chapo est originaire, est cependant loin d'être anéanti: son co-dirigeant, Ismael "El Mayo" Zambada, est toujours en fuite, ce qui a fait dire à la défense d'El Chapo que tout le procès était une "mascarade".
"La guerre contre la drogue est un échec total", a tweeté après le verdict un des avocats d'El Chapo, Eduardo Balarezo. "La condamnation d'El Chapo ne changera rien".
Pendant les trois mois d'audience, les enquêteurs américains ont fait défiler à la barre quelque 56 témoins, dont de nombreux ex-associés ou employés d'El Chapo, qui l'ont tous accusé d'avoir co-dirigé le cartel de Sinaloa.
Plusieurs, désormais emprisonnés aux États-Unis ou sous la protection des autorités américaines, ont décrit avec force détails, souvent sanglants, le quotidien du cartel et le rôle central joué par El Chapo: la logistique de l'exportation de centaines de tonnes de cocaïne venue de Colombie vers les États-Unis, comme violences commises pour neutraliser les cartels rivaux ou encore la corruption systématique de la police, des militaires et de responsables politiques pour qu'ils ferment les yeux.
AFP/VNA/CVN