Le Cambodge ou l'histoire
d'une renaissance

Quarante ans ont passé depuis le renversement du régime génocidaire de Pol Pot, la victoire du 7 janvier 1979 reste à jamais gravée dans la mémoire des Cambodgiens comme l’un des moments les plus forts de l'histoire de la nation.

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Après quatre décennies, le Cambodge s'est redressé pour la réconciliation nationale et le développement socio-économique, avec des efforts de stabilisation politique, de maintien de la paix, d’intégration régionale et internationale.

Régime génocidaire barbare de Pol Pot

Le 17 avril 1975, la résistance du peuple cambodgien contre les troupes américaines a réussi. Toutefois, les célébrations ont été courtes car le régime génocidaire, dont les chefs principaux étaient Pol Pot, Ieng Sary et Khieu Samphan, a ravagé le pays.

Pol Pot (1925-1988), leader du régime génocidaire au Cambodge.
Photo: Internet

En seulement 3 ans, 8 mois et 20 jours (de 1975 à 1979) d'existence, ce régime barbare, avec ses politiques de génocide, de travail forcé, de torture et d’extermination, a fait du Cambodge un enfer terrestre. Les camps d’extermination et les fosses communes étaient partout. Écoles et pagodes furent transformées en prisons pour des millions de civils innocents…

Plus de 3 millions de Cambodgiens ont été exécutés pendant cette période douloureuse. Des centaines de milliers d'autres ont fui au Vietnam.

Heng Samrin (cartable, 1er rang, à gauche), président du Front uni national pour le salut du Kampuchéa, rencontre les soldats révolutionnaires.
Photo: Nguyên Dinh/VNA/CVN

Le régime de Pol Pot ne s'est pas arrêté au génocide et à la trahison de la révolution du peuple. Il a sapé la solidarité et l’amitié traditionnelles entre Vietnamiens et Cambodgiens en envahissant la frontière Sud-Ouest du Vietnam.

Dans les dernières années de la résistance contre les troupes américaines (1970-1975), le régime de Pol Pot a effectué des attaques et enlèvements, tué des cadres et soldats vietnamiens en mission au Cambodge, divisé les communistes cambodgiens.

En 1975, dès la réunification nationale du Vietnam, Pol Pot a ordonné à ses soldats d’envahir des îles et la frontière Sud-Ouest du Vietnam, arrêté ou tué des centaines de civils sur les îles de Phu Quôc et Thô Chu (province de Kiên Giang). Fin 1975 et début 1976, le régime de Pol Pot a effectué des pénétrations profondes sur le territoire du Vietnam et commis des crimes.

Le mémorial de Ba Chuc dans la province d’An Giang (Sud), contenant des centaines de crânes des victimes vietnamiens du régime de Pol Pot.
Photo : Internet

En janvier 1976, le IVe Congrès du Parti communiste du Kampuchéa, dont le secrétaire était Pol Pot, a qualifié le Vietnam de première menace. Pendant cette période, avec l’aide de l’extérieur, le régime de Pol Pot a multiplié les actes militaires destructifs et provocants, envahi la frontière Sud-Ouest du Vietnam. En 1976, il a réalisé 280 actes de provocation et d'envahissement sur 20 emplacements de la frontière dans la VIIe Région militaire du Vietnam. Parallèlement, il a renforcé les campagnes de propagande pour noircir l’image du Vietnam, susciter des sentiments hostiles envers le Vietnam et le qualifier d’ennemi traditionnel, de premier ennemi.

En dépit des efforts diplomatiques pacifiques de Hanoï, le régime de Pol Pot a dénaturé l’histoire et provoqué des conflits, des envahissements de la frontière Sud-Ouest. Il a mobilisé la grande majorité de sa force militaire avec des dizaines de divisions, outre de nombreux régimes locaux, afin de déclencher une guerre sur la frontière Sud-Ouest du Vietnam. Le régime de Pol Pot a ravagé des villages et tué de façon barbare des civils, dont des personnes âgées, des femmes et des enfants.

Pendant près de deux ans, plus de 30.000 habitants dans des communes frontalières du Vietnam ont été tués et arrêtés. Environ 400.000 personnes ont perdu leurs maisons, plus de 3.000 maisons ont été abandonnées. De nombreuses écoles, pagodes et églises ont été détruites…

Soldats cambodgiens, le 2 décembre 1978, au district de Snoul, province de Kratie.
Photo: Nguyên Dinh/VNA/CVN

La nuit du 30 avril 1977, profitant des célébrations du Vietnam marquant le 2e anniversaire de la Libération du Sud et de la Réunification nationale, le régime de Pol Pot a effectué une attaque sur la frontière de la province vietnamienne d’An Giang, entamant officiellement sa guerre d’envahissement de la frontière Sud-Ouest du Vietnam.

Face à l’invasion de Pol Pot et à ses crimes barbares, le Parti, l’État, l’armée et le peuple vietnamiens se sont levés pour protéger l’intégrité territoriale de la Patrie ainsi que la vie et les biens des habitants.

Soldats cambodgiens et vietnamiens lors du bataille du 7 janvier 1979 pour libérer la capitale Phnom Penh.
Photo: VNA/CVN

Mi-juin 1978, le Politburo et la Commission militaire centrale du Parti communiste du Vietnam (PCV) ont décidé de lancer une guerre populaire et d'attaquer de manière dynamique et continuelle, par toutes les forces disponibles, les ennemis dans et hors des frontières.

En décembre 1978, le Politburo et la Commission militaire centrale du PCV ont adopté la détermination d’effectuer une offensive stratégique pour anéantir les ennemis et achever la défense de la frontière du Sud-Ouest, prêts à soutenir les forces armées cambodgiennes dans leur attaque contre le régime de Pol Pot.

Victoire historique

Célébration de la victoire, le 25 janvier 1979, au Stade olympique de Phnom Penh.
Photo: VNA/CVN

Entre mai et novembre 1978, le Vietnam a aidé les forces armées révolutionnaires du Cambodge à développer 15 bataillons, 5 cadres bataillons… Avec l'assistance du Vietnam, le 2 décembre 1978, le Front uni national pour le salut du Kampuchéa a vu le jour et rendu public son Programme politique qui a souligné la détermination de regrouper des forces patriotiques pour lutter contre le régime de Pol Pot, faire tomber ce régime cruel et établir un régime démocrate populaire, affirmer le renforcement de la solidarité avec le peuple vietnamien et ceux épris de paix dans le monde, et aussi appeler les gouvernements des pays, les organisations internationales à soutenir la juste lutte des Cambodgiens.

Le 23 décembre 1978, les soldats volontaires vietnamiens et les forces armées révolutionnaires du Cambodge ont ouvert une offensive le long des frontières. Trois jours après, tout le système de défense de Pol Pot a été détruit. Le 31 décembre 1978, l'armée vietnamienne a achevé sa tâche de lutte contre le régime de Pol Pot, libérant toutes les terres du pays illégalement occupées.

Répondant à l’appel du Front uni national pour le salut du Kampuchéa, le 6 janvier 1979, les soldats volontaires, en coopération avec les forces armées de ce front, ont commencé des attaques contre le régime de Pol Pot à Phnom Penh. Le 7 janvier 1979, la capitale cambodgienne a été libérée, marquant la fin de ce régime sanglant. Ce fut la fin nécessaire des fausses visées et politiques barbares inhumaines prises par ce régime pour agresser le Vietnam et mener un génocide au Cambodge.

Le vice-président du Front uni national pour le sauvetage du Kampuchéa, Chea Sim, rend visite et offre des cadeaux aux habitants.
Photo: Nguyên Dinh/VNA/CVN

Le 7 janvier 1979 est entré dans l’histoire du Cambodge comme un jalon éblouissant. C’était la frontière entre la vie et la mort, non seulement de nombreux individus mais aussi d’une nation entière.

Avec l’esprit de solidarité, les efforts inlassables et aussi le sacrifice de leur vie, les soldats volontaires vietnamiens, de concert avec le peuple et les forces armées du Cambodge, ont renversé le régime de Pol Pot pour regagner la souveraineté et l’intégrité territoriale du Vietnam, et aider les Cambodgiens à sortir du génocide et à retrouver la paix.

Le défilé organisé le 7 janvier 1980 à Phnom Penh en l'honneur de la victoire sur le régime génocidaire de Pol Pot.
Photo: VNA/CVN

Cette victoire revêt une grande signification, affirmant l’esprit d’indépendance, d’autonomie et de solidarité nationale et internationale des Vietnamiens qui sont toujours prêts à écraser tous les complots et les actions subversives des forces hostiles pour la défense nationale et l’intégrité territoriale. Elle témoigne aussi de l'amitié traditionnelle fidèle entre les deux pays et des sentiments du Parti, de l’État et du peuple vietnamiens envers le Cambodge.

"Il faut avoir vu les crimes barbares du régime de Pol Pot, avoir frôlé la mort pour comprendre la valeur et la signification de cette journée historique", a confié un journaliste cambodgien, victime du génocide de Pol Pot.

Récemment, le journal Procheachol, organe central du Parti du peuple cambodgien au pouvoir, a publié un éditorial affirmant qu’"il s’agit de la victoire ineffaçable dans l’histoire de la nation et de la base des performances du pays au cours de ces dernières années".

Célébration du 1er anniversaire de la victoire, le 7 janvier 1980 à Phnom Penh.
Photo: VNA/CVN

Dans son interview récemment accordée à l’Agence Vietnamienne d’Information à Phnom Penh, le directeur du Centre de documentation du Cambodge, Youk Chhang, a indiqué que la présence des soldats volontaires vietnamiens avait changé l’histoire du Cambodge et permis la renaissance du peuple cambodgien.

Selon Youk Chhang, "l’aide de l’Armée populaire du Vietnam était nécessaire dans un moment spécial de l’histoire cambodgienne, car les soldats de Pol Pot massacraient la population". Toujours selon lui, la présence de l’Armée populaire du Vietnam a "dégagé un nœud important" afin de mettre fin à ce régime par des mesures militaires.

Selon le journaliste Keo Chandara, directeur adjoint de l’Agence Kampuchea Presse (AKP), la population cambodgienne et le monde reconnaissent que sans la victoire du 7 janvier 1979, il n’y aurait pas eu de renaissance du Cambodge. "S’il n’y avait pas eu l’aide du Vietnam, le Cambodge n'aurait pu obtenir la dernière victoire pour obtenir les succès comme aujourd’hui. Il s’agit d’une vérité indiscutable".

Conférence de presse du 1er mai 1983 par le ministère cambogien des Affaires étrangères, annoncant le retrait des soldats volontaires vietnamiens.
Photo: VNA/CVN

Concernant le rôle des soldats volontaires du Vietnam dans la victoire du 7 janvier 1979, le journaliste Teav Sarak Mony, éditeur général du quotidien Rasmei Kampuchea, a cité les propos du Premier ministre cambodgien Samdech Techo Hun Sen lors de sa récente visite officielle au Vietnam, affirmant que le rôle décisif du Vietnam dans la victoire du peuple cambodgien était une vérité indiscutable.

Toujours selon M. Sarak, victime du régime génocidaire du Pol Pot, s’il n’y avait pas eu la victoire du 7 janvier 1979, ni l'assistance des soldats volontaires du Vietnam ni l'aide et le soutien du Parti, de l’État, du gouvernement et du peuple vietnamiens durant dix ans (1979-1989), le Cambodge et son peuple n'auraient pu renaître et se développer comme aujourd’hui.

Les soldats volontaires vietnamiens quittent la capitale Phnom Penh.
Photo: VNA/CVN

Pour sa part, le journaliste australien Peter Starr, expert de communication du Bureau parlementaire du Cambodge, a indiqué que le 7 janvier 1979 était considéré comme la journée la plus importante pour tous les Cambodgiens, marquant la chute du régime génocidaire de Pol Pot. Selon lui, sans l'aide des soldats volontaires du Vietnam, il y aurait eu des dizaines voire des centaines de milliers de Cambodgiens tués par les soldats de Pol Pot.

Renaissance et plein essor

Après la victoire historique du 7 janvier 1979, sous la direction du Parti du peuple cambodgien, le peuple cambodgien a fait tout son possible afin de surmonter maints défis et difficultés pour restaurer et édifier le pays à partir des cendres laissées par la guerre et le régime génocidaire de Pol Pot.

En 40 ans, le Cambodge a enregistré des performances importantes dans l’œuvre d’édification et de défense nationales pour devenir un pays de paix, de développement stable et ayant des relations d’amitié avec les pays de la région et du monde.

Le peuple cambodgien salue les soldats volontaires vietnamiens, le 2 mai 1983.
Photo: VNA/CVN

Ces dernières années, l’économie du Cambodge a maintenu une croissance de 7% par an et a été toujours classée par la Banque mondiale dans la liste des pays à croissance du PIB élevée. Par ailleurs, le pays a toujours assuré sa stabilité économique et maîtrisé son inflation. Le PIB était de 24,37 milliards de dollars en 2018, contre 10,35 milliards en 2008. La vie de la population s’est améliorée, le revenu moyen par habitant a atteint 1.563 dollars en 2018, contre 1.042 en 2013.

Le Cambodge est en train de transmuer son économie agricole en une économie basée sur l'industrie et les services. La croissance du secteur de la construction est l'un des moteurs de sa croissance, créant des emplois aux habitants.

En 2017, le Cambodge promeut des projets de construction de centres commerciaux, restaurants, hôtels, zones urbaines… à Phnom Penh et Siem Riep. Le pays a délivré la licence de construction à plus de 3.050 projets. De plus, 275 nouvelles compagnies de BTP ont été créées.

Les temples d'Angkor sont l'une des destinations touristiques les plus appréciées au Cambodge.
Photo: Internet

Le tourisme est un point lumineux du tableau économique du Cambodge. Selon le ministère cambodgien du Tourisme, au cours des quatre premiers mois de 2018, le Cambodge a accueilli plus de 2,2 millions de touristes internationaux, +13,5% en glissement annuel.

Cet essor économique du Cambodge s’explique par le déploiement du Programme politique et la Stratégie de quadrilatère de la 3e période du gouvernement cambodgien sous la direction du Premier ministre Tech Hun Sen. Grâce au maintien de la paix, de la stabilité politique et de la sécurité, le Cambodge continue d’obtenir de nouveaux acquis socio-économiques.

Dans l’avenir, le Cambodge se concentrera sur la mise en œuvre de la Stratégie de quadrilatère de la 3e période, notamment le développement des industries, de l'agriculture, du commerce, du tourisme…, contribuant à diversifier l’économie et assurer la stabilité macroéconomique, continuera d’augmenter le salaire des fonctionnaires, des forces armées, des ouvriers, des travailleurs, et consolidera d’une façon efficace et durable le système de patronage social.

En 2018, le point notable dans la vie politique du Cambodge fut l'organisation avec succès des élections législatives de la VIe législature avec la victoire écrasante du Parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir, qui a reflété la confiance du peuple cambodgien envers le PPC.

Statue d'amitié Vietnam - Cambodge, inaugurée le 1er janvier 2019 dans la ville de Sen Monorom, province Mondolkiri, au Cambodge.
Photo: Minh Hung/VNA/CVN

Depuis 1979, le PPC est toujours déterminé à poursuivre l’objectif de servir le peuple, d'édifier un pays prospère. Les acquis socio-économiques de ces derniers temps sont des preuves claires des contributions à la paix et au développement du PPC. Sa victoire lors des récentes élections encouragera les dirigeants du Cambodge en général et du PPC en particulier à poursuivre leurs efforts.

Le Cambodge maintient sa politique d’intensification de l’intégration régionale et internationale et est un membre actif des mécanismes de coopération régionale comme la Commission internationale du Mékong (MRC), le Triangle de développement Cambodge-Laos-Vietnam (CLV), la Coopération Cambodge-Laos-Myanmar-Vietnam (CLMV), la sub-région du Mékong élargie (GMS)…

À ce jour, le Cambodge a établi des relations commerciales avec environ 150 pays et territoires de par le monde. Il continue de promouvoir l’élargissement de ses relations de coopération avec de grands pays, des partenaires développés, et de renforcer sa coopération avec ses voisins.

La physionomie du Cambodge est de plus en plus moderne. Sous la direction efficace du gouvernement, nul doute que le peuple cambodgien enregistrera d'autres acquis importants dans l’œuvre d’édification et de développement national.

VNA/CVN

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