Le cacao dépasse 10.000 USD la tonne, un nouveau record avant Pâques

À quelques jours de Pâques, le prix du cacao a atteint de nouveaux records historiques, dépassant mardi 26 mars à New York 10.000 USD la tonne avant de légèrement redescendre, propulsé par les pénuries d'approvisionnement en raison de mauvaises récoltes.

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Des ouvriers collectent des fèves de cacao sèches devant une coopérative dans le village d'Hermankono en Côte d'Ivoire.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le contrat de cacao le plus échangé à New York pour livraison en mai cotait 9.666 USD vers 17h10 GMT (18h10 à Paris), après avoir déjà franchi la barre des 10.000 USD la tonne en début de séance européenne.

"Une tonne de cacao coûte désormais plus cher qu'une tonne de cuivre", souligne Kathleen Brooks, analyste chez XBT.

La demande toujours forte cumulée à l'importante réduction de l'offre venant d'Afrique de l'Ouest, principale région productrice de cacao dans le monde, ont propulsé les prix à leurs plus hauts historiques dès 2023. Depuis, les cours ne cessent de battre records sur records.

Le contrat le plus échangé à New York a ainsi déjà vu son prix plus que doubler, s'envolant de 130% cette année.

À Londres également, le cacao a pris 135% depuis janvier, poussant jusqu'à un nouveau record historique mardi 26 mars de 8.682 livres sterling la tonne.

Mauvaises récoltes

Cette envolée inlassable des prix s'explique par une combinaison de facteurs, notamment par le manque de cacao venant d'Afrique de l'Ouest.

La Côte d'Ivoire et le Ghana sont de loin les principaux producteurs mondiaux de fèves de cacao. À eux deux, ils ont fourni près de 60% de la production totale pour la récolte de 2022/23, selon les estimations de l'Organisation internationale du cacao (ICCO).

"L'année dernière, ces pays ont connu des conditions météorologiques difficiles, notamment une chaleur intense, qui a eu un impact négatif sur la production", explique Ole Hansen, analyste pour Saxobank.

À cela s'est ajouté le phénomène climatique El Niño, qui "a provoqué de fortes pluies en décembre, ce qui a endommagé les cultures et favorisé la propagation de la maladie des cabosses noires", affirme John Plassard, analyste chez Mirabaud.

Enfin, "l'escalade des coûts des pesticides et des engrais a imposé des contraintes financières aux agriculteurs, qui ont eu du mal à se procurer ces éléments essentiels à l'entretien des cultures", ajoute Ole Hansen.

Maladies et conditions météorologiques difficiles ont ainsi grandement réduit les rendements, mettant la chaîne d'approvisionnement à rude épreuve.

Et le chocolat?

S'il faut en général "entre 6 et 12 mois pour que de telles hausses de prix se reflètent dans les prix de détail des produits", Ole Hansen estime que "les consommateurs devraient s'attendre à une augmentation" du prix du chocolat.

"Le chocolat est le nouveau produit de luxe, (...) et nous nous attendons à ce que les prix des friandises sucrées augmentent en réponse à cette hausse massive des prix", abonde Kathleen Brooks.

Début mars déjà, le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli avait averti que ses prix allaient de nouveau augmenter en 2024 et 2025, après avoir été relevés d'environ 10% en moyenne en 2023.

"Il est probable que les consommateurs seront confrontés à une nouvelle vague (...) d'inflation sur certains produits", souligne Susannah Streeter, de Hargreaves Lansdown, interrogée par l'AFP.

"Les produits chocolatés purs connaîtront probablement les plus fortes hausses de prix, tandis que les entreprises pourraient promouvoir d'autres friandises sucrées mélangées à d'autres ingrédients" en proie à de moins fortes hausses que celle du cacao, poursuit l'analyste.

Selon elle, "les consommateurs ont déjà montré quelques signes d'une tendance à se tourner vers des alternatives moins chères", c'est-à-dire des produits chocolatés plus bas de gamme, ou simplement d'acheter moins en quantité.

AFP/VNA/CVN

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