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l’Insee présentera les détails du déficit public de 2023, dont les chiffres préliminaires, publiés la semaine passée. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le déficit public français "sera au-dessus des 5%" du Produit intérieur brut (PIB) en 2023, a réaffirmé lundi le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, sur RMC. Il avait précédemment prévenu que ce chiffre serait "significativement" plus élevé que les 4,9% initialement prévus.
Selon des révélations de presse, il atteindrait 5,6% du PIB, chiffre corroboré lors d'une visite jeudi à Bercy du rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Jean-François Husson, qui a fustigé la "gestion budgétaire calamiteuse" du gouvernement, "incapable de suivre la trajectoire budgétaire qu'il a lui-même fait adopter".
Le chiffre de l'Insee est particulièrement attendu car chaque décimale compte pour les finances publiques. "Pour faire simple, chaque 0,1 point" de PIB de déficit supplémentaire en 2023 "représente environ trois milliards" d'euros manquant dans les caisses de l'État, a expliqué à l'AFP l'économiste Mathieu Plane.
Fermeté budgétaire, mais "sans brutalité"
Un déficit à 5,6% du PIB au lieu de 4,9% serait donc alourdi de quelque 20 milliards d'euros, remettant en cause sa trajectoire de réduction.
Au troisième rang des pays les plus endettés de la zone euro, la France a promis à ses partenaires européens de revenir sous les 3% de PIB de déficit en 2027. Cela équivaut à 50 milliards d'économies minimum, selon la Cour des comptes.
Mais le retard accumulé en 2023 risque de peser en 2024 et les années suivantes. Dans les notes techniques de Bercy consultées par le Sénat, le gouvernement envisageait que, sans mesure corrective, le déficit public grimperait à 5,7% en 2024 (contre une baisse à 4,4% actuellement prévue) et à 5,9% en 2025 (contre 3,7%).
"Gardons notre sang-froid!", a martelé lundi 25 mars Bruno Le Maire, pour qui un déficit plus haut qu'attendu n'est "pas un drame", même si "c'est sérieux". "On a dépensé pour protéger", s'est-il défendu, en référence au "quoi qu'il en coûte" lors du COVID-19 et aux boucliers contre l'inflation : "on a dépensé ce qu'il fallait".
Actuellement, l'objectif du gouvernement reste un déficit sous les 3% de PIB en 2027, pour "rétablir les comptes publics sur le long terme", a indiqué M. Le Maire, qui ambitionne de le faire "avec de la fermeté, mais sans brutalité".
Taxer les superprofits ?
Le président Emmanuel Macron (gauche) écoute son ministre des Finances Bruno Le Maire à l'Élysée. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour cela, le gouvernement devra effectuer un nouveau tour de vis budgétaire, a prévenu vendredi le président Emmanuel Macron, alors qu'est aussi attendue mardi 26 mars la publication par l'Insee de la dette publique pour l'année 2023 (initialement prévue à 109,7% du PIB).
Dix milliards d'euros de coupes ont été actées mi-février sur le budget de l'État 2024. Mais il faudra compléter l'ajustement "dans toutes les actions utiles de la dépense publique", a-t-il indiqué, visant notamment les dépenses sociales ou des collectivités locales.
Mi-mars, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave avait estimé qu'il faudrait trouver "au moins 20 milliards" d'euros d'économies dans le budget 2025, et annoncé de nouveaux thèmes de revues des dépenses publiques, concernant notamment celles liées aux affections de longue durée, les aides au cinéma ou encore l'absentéisme dans la fonction publique.
Depuis la fin de la semaine dernière fleurit une autre idée pour renflouer les caisses, qui divise la majorité : une hausse ciblée des impôts, alors que le gouvernement s'y est presque toujours refusé depuis 2017.
La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance) veut pousser la majorité à "entamer une réflexion" sur les entreprises réalisant des "superprofits" ou versant des "superdividendes". Elle a reçu l'appui lundi de François Bayrou, président du MoDem.
Bruno Le Maire, d'abord fermé à cette idée, et qui assurait vendredi que le gouvernement n'envisageait pas de taxer d'autres superprofits que ceux des énergéticiens, s'est cependant dit "ouvert aux discussions", même si pour lui "la vraie solution" réside plutôt dans la baisse des dépenses publiques.
AFP/VNA/CVN