Le Brésil rend hommage à Joao Gilberto, son "plus grand artiste"

"Un tabouret, une guitare, une mélancolie": des grands noms de la musique brésilienne aux simples citoyens, en passant par la Seleçao, le Brésil rendait hommage dimanche 7 juillet au "plus grand artiste" du pays, Joao Gilberto, l'un des pères de la bossa nova décédé la veille.

>>Joao Gilberto, le père de la Fille d’Ipanema, est mort

Le chanteur et musicien brésilien Joao Gilberto.

Seul le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, un admirateur de la dictature qui avait contraint de nombreux artistes à l'exil, a semblé réticent à saluer sa mémoire.
La nouvelle de la disparition de cette légende de la musique à l'âge de 88 ans est tombée dans un pays où les drapeaux et les maillots jaune et vert étaient de sortie, avant la finale de la Copa America contre le Pérou.
Le mythique stade Maracana de Rio a observé une minute de silence à l’ouverture du match, dimanche après-midi.
"Je viens d'apprendre le décès de Joao Gilberto. C'est un évènement d'une immense importance pour moi. Joao Gilberto est, de mon point de vue, le plus grand artiste brésilien. De tous", a déclaré le célèbre chanteur Caetano Veloso sur une vidéo publiée par le site de Globo News.

À l'image des principaux journaux du pays, qui consacraient leur Une à ce décès, O Estado de S. Paulo titrait "Un tabouret, une guitare, une mélancolie".
D'autres figures de la musique brésilienne ont souligné l'importance de celui qui a immortalisé avec Stan Getz "la fille d'Ipanema".
"Qui était touché par la musique de Joao n'était plus jamais le même, comme Caetano Veloso, Gilberto Gil, Roberto Carlos, Chico Buarque, Rita Lee, Jorge Benjor et même Tim Maia, qui ont trouvé en lui bien plus qu'une idole: un phare, un ange de légèreté, de délicatesse et de swing", a résumé le compositeur et producteur Nelson Motta dans un article.
La chanteuse Gal Costa, icône du tropicalisme, mouvement artistique qui prône l'ouverture culturelle et l'universalité de la musique, a publié sur Instagram une vieille photo d'elle au côté d'un de ses maîtres.
"Joao Gilberto, le plus grand génie de la musique brésilienne, est parti. Il a été une influence déterminante pour mes chansons. Il va beaucoup nous manquer, mais son héritage est essentiel pour le Brésil et le monde entier", a-t-elle écrit.
"Merci pour tout"
"Il a rendu cette nouvelle vague brésilienne internationale, car auparavant les gens ne connaissaient que la samba (...). Cette musique a fait le tour du monde très rapidement", a déclaré à l'AFP Bernard Lavilliers, chanteur français amoureux du Brésil. Il "était la sophistication et la sobriété même".
Sur la place Sao Salvador de Rio, où des musiciens ont l'habitude d'improviser devant des passants qui reprennent les couplets et esquissent quelques pas de danse, les fans lui rendaient aussi hommage. "Quiconque apprécie la musique aime Joao Gilberto. Pas tous les jeunes peut-être, mais il y a un héritage, il y a une communauté qui apprécie et qui continuera de transmettre cet héritage", a déclaré à l'AFP Ana Amélia Lima, une biologiste de 51 ans.
Une veillée funèbre ouverte au public doit avoir lieu lundi matin 8 juillet au Théâtre municipal de Rio, selon les médias brésiliens. L'avocat de Joao Marcelo, le fils qu'il a eu avec sa première épouse, la chanteuse Astrud Gilberto, a indiqué à Globo que la légende de la bossa nova, qui vivait retirée du monde, était morte à son domicile "de cause naturelles.
"Mon dieu, on s'est tellement amusé ! Merci pour tout...", a écrit de son côté sur Instagram sa fille Bebel Gilberto, née de son union en deuxièmes noces avec la chanteuse Miucha, soeur du célèbre musicien, chanteur et écrivain Chico Buarque. Une photo d'elle et son père portant le même pantalon de pyjama à carreaux accompagne le message.
"C'était une personne connue. Nos pensées à la famille. C'est ok, comme ça ?", a lâché à des journalistes qui l'interrogeait à la sortie de sa résidence Jair Bolsonaro. Pour l'heure, pas de communiqué officiel sur la disparition de ce monument national, ni de publication sur les réseaux sociaux, dont le président est pourtant friand.
Durant la dictature brésilienne (1964-1985), une période dont l'ex-capitaine Bolsonaro fait l'éloge, le régime s'est un temps durci avec l'interdiction des manifestations, la censure et le jugement des prisonniers politiques par des tribunaux militaires. Des opposants et des artistes ont été arrêtés et beaucoup se sont exilés, comme Gilberto Gil et Caetano Veloso.

AFP/VNA/CVN

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