Le Brésil passe le cap des 10.000 morts du coronavirus

Le Brésil a franchi le seuil des 10.000 morts du coronavirus, devenant le sixième pays où la pandémie a jusqu'ici tué le plus, selon les données communiquées samedi 9 mai par le ministère de la Santé.

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Un cercueil placé dans un casier au cimetière Caju de Rio de Janeiro (Brésil), le 9 mai.

Les autorités ont enregistré 10.627 décès et 155.939 cas confirmés de contamination au COVID-19, des chiffres qui toutefois, selon la communauté scientifique, pourraient être 15, voire 20 fois plus élevés en réalité. Car le Brésil pratique très peu de tests. Au rythme élevé où progresse le COVID-19, le pays de 210 millions d'habitants, le plus touché d'Amérique latine, pourrait être en juin le nouvel épicentre de la pandémie qui a fait au moins 276.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine.

Samedi soir 9 mai, 730 décès supplémentaires avaient été enregistrés en 24 heures au Brésil, un chiffre proche du record quotidien établi la veille (751). Par ailleurs, 10.611 nouveaux cas ont été confirmés en une journée. Le seuil des 10.000 morts franchi, le Congrès "solidaire de la douleur" et "par respect de la mort de 10.000 Brésiliens" a décrété samedi 9 mai trois jours de deuil officiel. Les présidents du Sénat et de la Chambre des députés ont appelé les Brésiliens "à suivre les recommandations des autorités de la Santé" avant "un retour certain et définitif à la normalité".

En soirée c'est le président de la Cour suprême Dias Toffoli qui décrétait aussi un "deuil officiel" de trois jours, et exprimait sa "plus profonde tristesse" et "solidarité envers les familles" des 10.000 morts. Pendant ce temps, le président Jair Bolsonaro faisait du jet-ski sur un lac de Brasilia, selon le site internet d'information Metropoles. Il ne devait pas s'exprimer, a indiqué la présidence.

Hôpitaux saturés

La crise du coronavirus a donné lieu depuis mars à des affrontements incessants entre le chef de l'État, hostile au confinement au nom de la l'activité économique, et les gouverneurs et maires qui ont instauré ces mesures, confortés par le soutien de la Cour suprême. L'État brésilien de loin le plus touché est celui de Sao Paulo (Sud-Est), dont le gouverneur Joao Doria a annoncé vendredi 8 mai à ses 46 millions d'administrés la prolongation de leur confinement jusqu'à la fin du mois. "Nous sommes au pire moment de cette pandémie", a-t-il déclaré, "la situation est affligeante". "Nous devons prolonger le confinement jusqu'au 31 mai".

Cet État, locomotive économique du Brésil, enregistre à lui seul plus d'un tiers des décès dus au COVID-19 dans le pays, avec 3.608 morts, et plus de 44.411 cas de contamination. Deuxième grand foyer du pays, l'État de Rio de Janeiro a vu sa courbe s'affoler ces derniers jours (1.653 morts et 16.929 cas confirmés samedi 9 mai), à un point tel que des mesures de confinement total sont envisagées, notamment dans sa capitale Rio.

Soins sanitaires d'un partient du coronavirus dans l'hôpital Porto Alegre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Comme dans celui de Sao Paulo, le confinement en place va être prolongé dans l'État de Rio de Janeiro jusqu'au 31 mai par un décret lundi du gouverneur Wilson Witzel, ont confirmé ses services. Rio détenait jeudi 7 mai le triste record de létalité (10,2%) du COVID-19 dans le pays. Mais proportionnellement à leur population, les États d'Amazonas (Nord) et du Ceara (Nord-Est) vivent des situations encore plus catastrophiques.

Limites du confinement

Ainsi l'Amazonas, qui abrite de nombreuses tribus indigènes très vulnérables au virus, a enregistré 232 morts par million d'habitants, soit près de trois fois plus que les 79 morts de l'État de Sao Paulo. Alors que le pic n'est pas attendu au Brésil avant plusieurs semaines, sept États du Sud-Est, du Nord et du Nord-Est voient déjà leurs unités de soins intensifs à environ 90% de la saturation : Sao Paulo, Rio de Janeiro, Amazonas, Pernambouc, Maranhao, Para et Ceara.

Appliqué dans de nombreux États, le confinement a atteint les limites de son efficacité. Les Brésiliens, las de voir leurs mouvements restreints depuis la fin mars, se remettent à sortir en raison de l'absence de mesures coercitives. Le président Bolsonaro n'a cessé de critiquer les gouverneurs, arguant que le remède était pire que le mal, cette "petite grippe", et que l'économie brésilienne et le retour à l'emploi devaient être prioritaires. "L'armée des chômeurs ne cesse de grossir", a-t-il tweeté samedi en commentant une fermeture d'usine dans le Nord-est. "Le chaos arrive ?" Le Brésil risque une contraction de 5,3% de son PIB cette année, selon le FMI.

AFP/VNA/CVN

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