Le boom du trafic aérien en Inde aiguise l'appétit de Boeing et Airbus

Des aéroports qui poussent comme des champignons, des pilotes et des techniciens à former à la pelle, des commandes en pagaille : le trafic aérien explose en Inde et aiguise l'appétit de Boeing et Airbus, à la veille du salon AeroIndia à Bangalore (10-14 février).

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Un avion de la compagnie indienne Indigo à l'aéroport Kempegowda de Bengalore.
Photo : AFP/VNA/CVN

Signe que la cinquième économie mondiale joue maintenant dans la cour des grands, l'Association internationale du transport aérien (IATA) tiendra son assemblée générale annuelle début juin à New Delhi.

La croissance soutenue de son économie et de sa classe moyenne a fait de l'Inde et de son 1,4 milliard d'habitants le troisième marché aérien au monde, après ceux des États-Unis et de la Chine.

Et ce n'est sûrement qu'un début.

"C'est le pays qui a la croissance la plus rapide au monde et il en sera de même au cours des 20 prochaines années", affirme Rémi Maillard, PDG d'Airbus Inde et Asie du Sud, qui le qualifie "d'étoile montante de l'aéronautique mondiale".

Un enthousiasme partagé par Salil Gupte, le président de Boeing Inde et Asie du Sud. "C'est le marché le plus dynamique de la planète et sûrement le plus excitant", s'enthousiasme-t-il.

Cette croissance devrait entraîner une hausse du trafic en Asie du Sud, essentiellement en Inde, de plus de 7% par an jusqu'en 2043, selon les prévisions de Boeing.

"Le nombre de trajets en avion par habitant reste faible, il est de seulement 0,12 en Inde, contre 0,46 en Chine", explique M. Maillard.

Dans un pays où le transport ferroviaire reste très populaire mais souvent chaotique, il suffirait que 2% des 18 millions d'usagers quotidiens du train - contre 430.000 passagers aériens - préfèrent l'avion pour que le marché aérien double, estime Boeing.

Voyager en pantoufles 

Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi a fait du développement de l'aéronautique une priorité.

Son rêve, il l'a répété, est de voir "le commun des mortels, qui voyage en pantoufles, dans un avion".

En 2016, son gouvernement a lancé un plan pour doper les liaisons aériennes entre les petites villes et les mégapoles du pays. Il a aussi investi des dizaines de millions d'euros pour construire des aéroports et améliorer les infrastructures existantes.

Le nombre d'aéroports a doublé en dix ans. Il est passé de 74 en 2014 à 157 en 2024, selon le ministère de l'Aviation, et l'objectif est d'en compter de 350 à 400 en 2047, pour le centenaire de l'Indépendance de l'Inde.

Parallèlement, l'exécutif a mis en place des programmes pour former pendant les 20 prochaines années quelque 30.000 pilotes et au moins autant de mécaniciens.

Airbus et Boeing participent activement à cette campagne aux côtés du gouvernement, en mettant l'accent sur la promotion des femmes.

"La croissance intérieure se poursuivra notamment grâce à ce programme", assure M. Maillard. Ainsi que sur le développement "essentiel" de la capacité aéroportuaire, complète M. Gupte.

Plus de gros porteurs 

Pour Boeing comme pour Airbus, le prochain bond du secteur aérien en Inde sera international.

"Le type de révolution que nous avons vu sur le marché intérieur indien ces dernières années se produit actuellement sur les long-courriers", affirme M. Maillard, qui imagine l'Inde en "hub".

"Nous tablons sur une augmentation des commandes de gros porteurs", qui devraient représenter d'ici 20 ans 15% de la flotte des compagnies indiennes, ajoute M. Gupte.

Selon les prévisions de Boeing, le marché indien aura besoin à cette échéance d'au moins 2.835 nouveaux avions (75% destinés à la croissance du marché, 25% au remplacement de la flotte existante).

Airbus a pour sa part livré 766 avions à 86 clients dans le monde en 2024, dont 72 à des transporteurs indiens.

Secoué par des scandales liés à la qualité de production de ses avions, ralenti par une grève de plus de cinquante jours, Boeing n'a pas communiqué sur ses livraisons en 2024.

En face, les compagnies indiennes alignent les commandes d'ampleur.

Après un contrat géant pour l'achat de 470 appareils (250 Airbus, 220 Boeing) en 2023, Air India a commandé 100 Airbus de plus l'an dernier.

Le numéro 1 indien IndiGo n'est pas rassasié après avoir passé la plus grosse commande en volume de l'histoire de l'aviation civile (500 Airbus) en 2023. L'an dernier, il a pris 30 autres appareils européens.

Aucun des deux avionneurs n'a souhaité détailler ses ambitions pour le salon AeroIndia.

AFP/VNA/CVN

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