L'Autriche élit un nouveau président, les grands partis menacés

L'Autriche élit dimanche 24 avril un nouveau président lors d'un scrutin test qui pourrait voir les partis social-démocrate et conservateur, réunis au sein d'une grande coalition depuis 2008, essuyer un échec historique au profit d'un écologiste et d'un candidat d'extrême droite.

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Affiche de campagne de l'ancien président conservateur (ÖVP) du parlement Andreas Khol, le 18 avril 2016 à Vienne.
Affiche de campagne de l'ancien président conservateur (ÖVP) du parlement Andreas Khol, le 18 avril 2016 à Vienne. Photo : AFP/VNA/CVN

Quelque 6,4 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour désigner un successeur au social-démocrate Heinz Fischer, qui achève son deuxième mandat et ne pouvait pas se représenter. Aucun des six candidats en lice n'apparaît en mesure de l'emporter à l'issue de ce premier tour, pour lequel les derniers bureaux de vote fermeront à 17h00 (15h00 GMT).

Selon les sondages, le scrutin pourrait conduire à l'élimination des candidats des deux grands partis traditionnels, l'ex-ministre social-démocrate (SPÖ) Rudolf Hundstorfer, crédité de 15% des intentions de vote, et l'ancien président conservateur (ÖVP) du parlement Andreas Khol, donné à 11%. Les favoris pour accéder au second tour, prévu le 22 mai, sont l'ancien patron des Verts, Alexander Van der Bellen (26% des intentions de vote), et le candidat du parti d'extrême droite FPÖ, Norbert Hofer (24%).

Même si la fonction du président autrichien est essentiellement honorifique, un tel résultat représenterait un coup de semonce majeur pour le chancelier Werner Faymann (SPÖ) et pour le vice-chancelier Reinhold Mitterlehner (ÖVP), dont les mandats courent jusqu'en 2018. Ces deux partis ont toujours contrôlé la présidence depuis la Seconde guerre mondiale, soit par un élu issu de leurs rangs, soit par un indépendant qu'ils soutenaient.

Usure du pouvoir

Mais selon les politologues, MM. Van der Bellen et Hofer pourraient tirer profit d'une usure du pouvoir de ces deux formations, qui gouvernement ensemble depuis huit ans et ont été chahutées par la crise des migrants et par une hausse du chômage. Agé de 72 ans, M. Van der Bellen, un ancien professeur d'université de sensibilité centriste, théoriquement indépendant mais soutenu par les Verts, est considéré comme pouvant séduire un large éventail politique.

Affiches du candidat du parti d'extrême droite FPÖ, Norbert Hofer, le 19 avril 2016 à Vienne.

Vice-président du parlement, Norbert Hofer (45 ans) incarne pour sa part l'aile "libérale" du FPÖ et pourrait bénéficier d'un certain recentrage de l'image de ce parti, qui a dépassé les 30% dans plusieurs élections locales l'an passé. Une candidate indépendante, l'ancienne présidente de la Cour suprême Irmgard Griss, pourrait selon certains instituts créer la surprise, avec plus de 20% d'intentions de vote. Un homme d'affaires indépendant, Richard Lugner, vient compléter l'offre électorale, mais n'est crédité que de 3%.

Le président autrichien, élu pour un mandat de six ans renouvelable une fois, ne participe pas à la gestion au quotidien du pays et est réduit d'ordinaire à un rôle protocolaire et moral. Il dispose toutefois de pouvoirs formels étendus: il est chef des armées, nomme le chancelier et peut dans certaines circonstances dissoudre le parlement.

Au cours de sa campagne, M. Hofer a ouvertement menacé, s'il était élu, de recourir à cette possibilité si la majorité ne suivait pas ses recommandations concernant notamment le dossier des migrants. De son côté, M. Van der Bellen a annoncé qu'il refuserait de nommer chancelier le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, même si ce dernier obtenait la majorité au parlement lors des prochaines législatives.

Le nombre de six candidats à la présidentielle constitue un record pour l'Autriche. M. Fischer n'avait eu à affronter qu'une seule concurrente lors de son élection en 2004, et deux pour sa réélection en 2010, l'emportant à chaque fois au premier tour.


AFP/VNA/CVN

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