Des échantillons d’aliments sont testés dans le laboratoire TUV SUD à Singapour. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Lors d’une récente visite de l’AFP dans les locaux de TUV SUD (l’organisation internationale indépendante de service techniques spécialisée sur les secteurs d’activité de l’industrie, la mobilité et la certification), des chimistes en blouse blanche effectuaient une série de tests sur de la poudre de lait des Philippines, des fruits de mer d’Indonésie, du Vietnam et de Malaisie, des aliments transformés à Singapour et dans d’autres pays d’Asie.
Ces spécialistes recherchent constamment des substances impropres à la consommation, susceptibles de nuire aux consommateurs en Asie, où plusieurs scandales de produits contaminés ont éclaté ces derniers mois.
La chaîne de restauration rapide américaine McDonald’s a ainsi vu ses ventes chuter en Asie en juillet, à la suite du scandale de la viande avariée touchant ses restaurants en Chine et au Japon. Une usine en Chine fournissant entre autres McDonald’s a été accusée d’avoir mélangé de la viande avariée avec de la viande fraîche et ré-étiqueté des produits périmés.
«Cela fait 25 ans que je travaille dans cette industrie, et tous les deux ou trois ans il se passe quelque chose d’important», déclare Chong Kok Yong, responsable de la sécurité alimentaire à TUV SUD à Singapour.
Scandale de lait de vache frelaté
«C’est un défi permanent car il y a des gens qui veulent faire plus avec moins, donc ils essayent toujours de réfléchir comment faire pour bien présenter une nourriture de mauvaise qualité», ajoute-t-il.
Des tests effectués au laboratoire de TUV SUD avaient montré que certains échantillons d’ingrédients de base contenaient 10.000 fois plus de mélamine que la norme autorisée. |
Cela a été le cas par exemple dans le retentissant scandale de lait de vache frelaté qui avait éclaté en 2008 en Chine. De la mélamine avait été utilisée à la place de protéines dans le lait, provoquant la mort d’au moins six enfants en bas âge et des maladies chroniques chez 300.000 autres.
Des tests effectués alors au laboratoire de TUV SUD avaient montré que certains échantillons d’ingrédients de base contenaient 10.000 fois plus de mélamine - un agent chimique utilisé dans les plastiques, les adhésifs et la vaisselle - que la norme autorisée.
La mondialisation de la chaîne alimentaire et le transfert à l’homme de maladies animales ont compliqué la donne. Autre facteur de préoccupation pour la sécurité alimentaire: l’intensification de la production de nourriture qui a entraîné une utilisation excessive et non appropriée des pesticides dans les céréales et des antibiotiques pour les animaux.
Travail en cours
«Les produits alimentaires dangereux pour la santé provoquent un grand nombre de maladies graves et chroniques allant de la diarrhée à diverses formes de cancers, dont plus de 200 sont dus à la dissémination d’aliments contaminés», explique Hiroyuki Konuma, un responsable de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies (FAO) en Asie-Pacifique.
«Cela peut également avoir des effets négatifs sur la productivité, le tourisme et le commerce, et entraîner d’importantes pertes économiques», souligne M. Konuma.
«Une fois qu’un risque pour la santé apparaît dans la chaîne alimentaire, il n’est pas toujours possible de l’écarter», dit-il en soulignant que des mesures de sécurité sont nécessaires tout au long du processus pour s’assurer que le produit soit propre à la consommation. L’infrastructure, et notamment la chaîne du froid, est insuffisante.
«Des contrôles rigoureux aux frontières ne sont pas suffisants», renchérit Ishan Palit, chef du bureau régional de TUV SUD en Asie-Pacifique.
«Dans le domaine alimentaire, il n’est pas possible de faire la même chose que dans l’électronique où chaque partie d’un appareil peut être estampillée d’un numéro permettant la traçabilité jusqu’à l’usine d’où il provient», explique Mme Palit.
En Asie, les gouvernements doivent actualiser les mesures de sécurité alimentaire, alors qu’ils se préoccupent surtout d’augmenter leurs exportations, selon les experts.
«Les normes sur ce continent doivent atteindre les normes internationales, afin de correspondre à l’importante quantité de nourriture exportée par ce continent, que ce soit des aliments transformés ou non», estime M. Konuma.
Il s’agit donc d’un défi pour l’Asie, où la sécurité alimentaire est «encore un travail en cours» dans de nombreux pays, observe le chercheur Siwapuram V.R.K. Prabhakar.
AFP/VNA/CVN